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Sortie du Pr Ki-Zerbo contre le CDP : "Non, nous ne sommes pas dans le système des dépouilles"

Publié le mercredi 5 novembre 2003 à 14h17min

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Les militants de base de la section CDP du Houet, à travers l’écrit qui suit, répondaient au Pr Joseph Ki-Zerbo qui dans une déclaration publiée dans nos colonnes le 23 octobre estimait que notre administration publique était politisée avec pour conséquence "les médiocres aux commandes".

Pour ces militants, il est bon et juste de créer des sections CDP dans tous les services. Ils rappellent au Pr Ki-Zerbo que les cadres de notre administration sont "compétents".

Le journal "Le Pays" dans sa livraison du 17 octobre 2003 titrait, à propos d’un article du professeur Ki-Zerbo du PDP/PS : "Le PDP/PS dénonce la logique du parti-Etat" et résumait ainsi le même article en chapeau.
S’agissant du même article du même professeur, "l’Observateur Paalga" du 23 octobre 2003 titrait à la "une" : "Politisation de l’administration, les médiocres sont aux commandes".
Notre parti n’a pas l’habitude des débats stériles. Le CDP, en la matière, a toujours opposé son sens des responsabilités à la pratique monomaniaque des sermonneurs de service.

Les péroraisons de ces derniers leur servent de cache-sexe programmatique. Ils ne disent plus rien et ne nous éclairent pas. Nous sommes contraints, une fois n’est pas coutume, de dissiper les illusions que charrie la logomachie de nos contempteurs qui n’ont que ce seul procédé pour exister.
Dans son écrit, le PDP/PS rend, et ce n’est pas trop tôt, hommage à l’action du gouvernement à travers "l’audace du rapport du Comité national d’éthique (CNE), le caractère objectif des analyses et la pertinence des recommandations".

Instance rattachée à la présidence du Faso, le CNE, pour l’exécution de ses missions, a reçu de l’exécutif tous les moyens de son indépendance. A l’instar de tous les autres comités créés à l’occasion des engagements de la Journée nationale de pardon sous la haute impulsion du président du Faso, le CDP se félicite de leurs actions en faveur du renforcement de la démocratie burkinabè.

Mais, invoquer l’action du CNE et s’abriter frileusement derrière son rapport pour attaquer le CDP est une manœuvre honteuse et ridicule.

1 - De la mise en place des structures du CDP sur les lieux de travail

Au cours de son 2e Congrès ordinaire, le CDP a fait le bilan de l’action du parti depuis 1999, date du 1er Congrès ordinaire.

Si les congressistes se sont satisfaits de notre organisation territoriale, ils ont en revanche déploré nos insuffisances dans le monde du travail et de l’entreprise et dans certaines formes de mobilisation sociale.
La nécessité de renouveler notre système de référence par rapport à ces milieux a été reconnue. Notre retour sur ce terrain de mobilisation a été décidé. Nous avons, dans le respect des textes et lois en vigueur, fait le choix de briser la césure entre l’organisation de type territorial et celle de type professionnel.
A comparaison, comparaison et demie !

Membre de l’Internationale socialiste et très au fait de la vie politique de part le monde, le président du PDP/PS sait pertinemment que rien ne s’oppose à la création de démembrements partisans sur les lieux de travail.
Comparaison n’est pas raison, certes. Reconnaissons cependant que le PDP/PS a la comparaison très sélective et hémiplégique. Quand il nous oppose les pratiques vertueuses de certains systèmes, la décence voudrait qu’il nous permette de puiser à la même source.

Un bref aperçu de l’organisation des partis politiques français nous montre que ces derniers, dans leur quasi-totalité, sont organisés dans le monde dus travail.
• Le Parti socialiste : article 3.1 des statuts : "La structure de base du parti est la section. Elle est constituée par au moins cinq adhérents en accord avec la fédération intéressée, soit dans une aire administrative ou géographique déterminée, soit dans une entreprise ou une université" ;
• le Parti communiste : (éléments pour un projet communiste du XXIe siècle) "Dans les villes et les quartiers, les villages, les entreprises et tous les lieux de travail, tous les enjeux politiques intéressent la vie sociale, les communistes s’organisent pour agir avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent" ;
• Le Parti radical de gauche : (article 8 des statuts). "Le cercle est constitué dans chaque commune. Le cercle est aussi constitué dans chaque arrondissement ou groupe d’arrondissement de Paris, Lyon et Marseille. Il peut être constitué dans les entreprises".

Le CDP n’est pas le parti antidémocratique que certains veulent faire accroire. Nous organisons les activités de notre parti conformément à nos objectifs : être au plus près des lieux de vie et de travail du peuple burkinabè. Les cris d’orfraie du PDP/PS n’y peuvent rien !
Le CDP, organisé sur les lieux de travail de ses militants, sait que ces sites ne peuvent et ne doivent être sollicités pour une quelconque manifestation (notamment les réunions du parti). Les responsables et militants savent en outre plus que quiconque qu’ils ne doivent pas interférer dans la vie des services .

Ce qui est ennuyeux avec le PDP/PS, c’est que rien de sérieux aux plans juridique ou légal ne vient étayer son argumentaire.
Excellant depuis toujours dans le rôle de "gardien vigilant de la république et de la démocratie", le professeur Ki-Zerbo ne nous épargne rien : le CDP "politise" l’Administration. Qu’en est-il réellement ?

2 - De la "politisation" de l’Administration

Faisons là encore une comparaison de systèmes. Rappelons-le, l’organisation gouvernementale est plus large que celle du pouvoir exécutif qui est juste l’organisation constitutionnelle. Notre organisation gouvernementale que le professeur Ki-Zerbo récuse (c’est son droit) est le prolongement administratif du pouvoir exécutif que le peuple souverain du Burkina Faso a confié au CDP à la suite des élections législatives.

Si nous étions dans le système politique des Etats-Unis, nous serions tout aise pour tout accaparer grâce au système des dépouilles (Winner takes all), c’est-à-dire le gagnant s’empare de tout.

Notre vie politique est organisée tout autrement. Le système burkinabè, à l’instar de tous ceux hérités de la colonisation française, est celui de la subordination de l’Administration au pouvoir politique. Les mots ont un sens !
Ce système est conforme aux postulats démocratiques et représentatifs. L’organisation gouvernementale tend à créer les liens étroits entre l’Administration (généralement constituée de régimes de fonctions publiques fondés sur la carrière).

On peut être fonctionnaire ou agent de l’Administration tout en faisant de la politique. Et le pouvoir politique, même si la réalité est plus complexe.
C’est le cas français dont se sont inspirés les Etats africains francophones.

Le modèle inverse, étranger à notre culture politique et administrative, est le cas anglais depuis le milieu du 19e siècle. Dans ce système, il faut démissionner de son emploi public avant de se présenter par exemple aux élections législatives. Ici, un fonctionnaire du ministre (l’exécutif), est le secrétaire permanent de chaque administration.

Au Burkina Faso, la constitution est très claire :
* "Le Président du Faso nomme aux emplois de la haute administration civile et militaire, ainsi que dans les sociétés et entreprises à caractère stratégique déterminées par la loi. (Article 55).

*"La loi détermine les autres emplois auxquels il est pourvu en Conseil des ministres, ainsi que ces conditions dans lesquelles les pouvoirs de nomination du président sont exercés. (Article 56).

* "Le gouvernement est un organe de l’exécutif". Il conduit la politique de la Nation. Il dispose de l’Administration et des forces de défense et de sécurité "article 61 alinéas 1 et 2".
* "Le Premier ministre est le chef de gouvernement ; à ce titre, il dirige et coordonne l’action gouvernementale".
Il exerce le pouvoir réglementaire conformément à la loi, assure l’exécution des lois, nomme aux emplois civils et militaires autres que ceux relevant de la compétence du président du Faso. (Article 63 alinéas 1 et 3).

Comme on le constate, rien, absolument rien dans notre loi fondamentale n’interdit au gouvernement de choisir des personnes de confiance pour l’aider à mettre en œuvre le ou les programmes politiques sur la base desquels le ou les partis dont sont membres les ministres ont été élus.
Le CDP défend et défendra toujours les principes fondamentaux de notre administration et les missions de service public qu’elle remplit :
- la neutralité ;
- le devoir de loyalisme (ce que le professeur appelle abusivement et sciemment larbinisme) ;
- le principe d’égalité.

M. Ki-Zerbo, voulez-vous ainsi dire à vos cadres et militants qui vous suivent dans votre aventure politique que s’il arrivait à votre parti d’accéder au pouvoir, vous pourrez indifféremment appeler à vos côtés pour conduire votre politique des militants issus des rangs du CDP, de l’ADF/RDA, de l’UNDD ou du PAI... ? Il est intéressant qu’ils le sachent dès aujourd’hui.
M. le professeur Ki-Zerbo, aveuglé par son élan de destruction tous azimuts, s’en prend aux cadres du Burkina Faso qu’ils jugent incompétents et il conclut : "Les médiocres sont aux commandes".

Le professeur voyage et même souvent en Afrique et en Europe. Mais les œillères nationales qui l’accompagnent dans ses pérégrinations lui obstruent la vue et participent à lui boucher les oreilles.
Car la réputation des cadres burkinabè est on ne peut claire dans tous les cénacles internationaux. Simplicité, compétence, rigueur, sérieux, disponibilité, tels sont les qualificatifs qui accompagnent les prestations des cadres du Burkina Faso.

Que l’on veuille combattre le CDP (ce qui est légitime et normal), en élargissant aussi son angle d’attaque à tous ces cadres confirme éloquemment que le professeur Ki-Zerbo est habité par une confusion maladive qui lève un coin du voile sur ces échecs politiques, historiques et ataviques.
Il nous semble que cette assertion du 08 mars 1968 de M. Nazi Boni est encore d’une réalité qui se vérifie encore s’agissant de Ki-Zerbo : "Quand l’incubation se prolonge, c’est que la couveuse est mauvaise".
Sur ce sujet, la leçon de choses du professeur Ki-Zerbo tourne encore court.

Que le professeur Ki-Zerbo arrête d’utiliser le CDP comme défouloir pour ses militants, et de justifier à peu de frais le vide organisationnel de son parti.
Le CDP, fidèle à sa ligne politique et à ses options stratégiques, entend démocratiser la République.
Il ne réduit pas la vie démocratique aux seules diatribes partisanes. Notre parti s’intéresse à la démocratie participative, qui permet aux "simples" citoyens de s’exprimer sur les problèmes qui les concernent, de débattre et d’éclairer la décision politique.
Que ceux qui le peuvent ou le veulent nous suivent !

Les militants de base

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