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Mme Joanna Ilboudo(Action chrétienne tous pour la solidarité) : « Nous voulons donner amour et espérance à la mère et à l’enfant »

Publié le mardi 21 novembre 2006 à 07h26min

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Action chrétienne tous pour la solidarité (ACTS) est une association chrétienne qui a vu le jour en 2002 à Saonré dans le département de Komsilga. Elle fait du bien-être de la veuve et de l’orphelin son cheval de bataille. Pour mieux connaître ACTS, Sidwaya a rencontré son premier responsable, Mme Joanna Ilboudo qui nous parle de ses activités.

Sidwaya (S.) : Quels sont les fondements de l’Action chrétienne pour la solidarité ?

Mme Joanna Ilboudo (J.I.) : Action chrétienne tous pour la solidarité (ACTS) est une association chrétienne à but non lucratif dont la mission est de contribuer au changement des conditions de vie de la mère et de l’enfant, en particulier la veuve et l’orphelin, par le témoignage de l’amour et l’espérance, à travers des projets de développement intégral qui restaurent la dignité.C’est une association inspirée de la lecture de la Bible, notamment ACTES 4 : 32-34 : « La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cour et qu’une âme. Nul ne disait que ces biens lui appartenaient en propre, amis tout était commun entre eux... Il n’y avait parmi eux aucun indigent. ».

ACTS est donc une ouvre de foi motivée par le constat de vie difficile des personnes que nous voulons toucher par nos activités. Nous l’avons démarrée avec nos moyens propres tout en priant pour que Dieu lui-même mette sur notre chemin des hommes et des femmes qui ont dans leur cour, le fardeau d’aider ces personnes vulnérables. C’est pourquoi notre verset clé est Michée 7 : 7 : « Pour moi, je regarderai vers l’Éternel, je mettrai mon espérance dans le Dieu de mon salut ; mon Dieu m’exaucera ».

S. : Dans cette optique, quelles activités menez-vous pour atteindre vos objectifs ?

J.I. : ACTS possède pour l’instant quatre programmes d’activités. Un programme de renforcement de capacité et d’insertion sociale des veuves et orphelins du Sida et autres enfants vulnérables. Cela se fait par la formation professionnelle pour les orphelins et par des activités génératrices de revenus pour les femmes. Il y a le programme d’alphabétisation et de production de littérature appropriée.

La bible, parole de Dieu dit que le peuple périt par manque de connaissance. L’alphabétisation et l’éducation de base sont des moyens pour sortir de l’ignorance qui est un frein au développement. Le programme de promotion des droits de la femme, de l’enfant et l’évangélisation. Le programme de santé communautaire qui va s’exécuter par la prise en charge des personnes vivant avec le VIH dans un centre que nous espérons compléter d’ici fin 2007, si Dieu nous donne les moyens de le faire.

S. : Livrez-nous votre lecture de la situation de la veuve et de l’orphelin au Burkina Faso ?

J.I. : Dans les familles, quand bien même l’homme et la femme ont chacun un revenu, ce n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts parce que la vie est chère. Et pourtant on voit que généralement c’est le mari seul qui a un emploi. Alors quand cette seule personne pouvant soutenir la famille par son salaire décède laissant derrière lui, une femme et des enfants, il est évident que l’avenir devient sombre et sans espoir pour eux.

A travers ma position dans l’église et le travail fait à la radio, j’ai été témoin de cette situation et cela m’a beaucoup touchée. Ce projet d’apporter ma contribution à la veuve et l’orphelin, je l’ai depuis longtemps. C’est en 2002, après avoir vu comment une veuve, sans emploi avec des enfants sans emploi peuvent se lancer dans la prostitution et être victimes du SIDA, que j’ai décidé de mettre ACTS en place en comptant sur Dieu pour que nous essayons de briser le cycle de la pauvreté surtout au niveau des veuves dont les conditions de vie ne sont pas toujours faciles.

Pour cela, il faut travailler à leur redonner de l’espoir, surtout en aidant ces personnes à se prendre en charge par l’apprentissage d’activités génératrices de revenus. La situation de la veuve au Burkina nécessite qu’on la prenne au sérieux. Il n’est pas normal qu’une veuve s’adonne à la prostitution parce qu’elle ne sait pas où aller. Nous en appelons donc la solidarité de tous en faveur de ces personnes qui sont nos semblables afin de leur témoigner un peu d’amour pour qu’elle aient de l’espérance pour l’avenir.

S. : Peut-on déjà parler d’impacts de vos activités sur la vie de la population cible ?

J.I. : ACTS possède son principal centre dans le village de Saonré, dans la commune rurale de Komsilga. Mais ACTS intervient de façon non régulière dans d’autres endroits et l’impact des activités déjà menées nous encourage à aller de l’avant, car nous voyons que ce que nous faisons répond aux attentes des personnes que nous ciblons. La cantine que nous avons mise en place par exemple pour les orphelins du village a été un soulagement pour beaucoup. Un d’entre eux disait : « maintenant nous aussi, nous pouvons avoir un repas chaud à midi pour manger comme les autres ; nous ne regardons plus les gens manger tout en nous interrogeant sur notre avenir ».

La présence de ACTS à permis de détecter que deux orphelins frère et sour souffrent de la drépanocytose et la forme SC. Même pour ceux qui ont les moyens, ce n’est pas une maladie facile ; que dire alors de ces enfants qui vivent avec une grand-mère presque sans force pour s’occuper d’eux ? Nous prions vraiment pour la finition de nos infrastructures afin de pouvoir mieux suivre les orphelins, surtout quand ils sont malades.

Nous sommes à nos débuts mais les bénéficiaires, que ce soit dans le domaine de l’alphabétisation ou autres, sont contents de l’intervention de ACTS et notre prière est que Dieu nous permette d’atteindre nos objectifs pour vraiment donner « amour et espérance à la mère et l’enfant ».

S. : Quels sont vos projets à moyen et long terme ?

J.I. : Les projets de ACTS sont liés aux programmes dont nous avons déjà parlé. Nous offrons à manger aux orphelins et voulons continuer de le faire car beaucoup, à cause de la sous-alimentation, accusent un retard de croissance. Nous donnons des cours d’alphabétisation aux femmes et nous sommes en train de démarrer les formations professionnelles et les formations en activités génératrices de revenus.

Nous espérons qu’avec le temps, nous verrons des femmes, des enfants témoigner de la manière dont ils arrivent à se prendre en charge. A long terme, nous souhaitons aussi, comme déjà mentionné, être capables de prendre en charge les personnes vivant avec le VIH pour un accompagnement non seulement psychologique, médical mais aussi spirituel, car le corps peut mourir mais l’âme peut entrer dans la vie éternelle et ça c’est le plus important pour nous, en tant que structure évangélique.

Interview réalisé par P. Pauline YAMEOGO

Sidwaya

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