LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Congrès ordinaire du CDP : En ordre de bataille

Publié le samedi 18 novembre 2006 à 09h36min

PARTAGER :                          

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a tenu son troisième congrès ordinaire au pas de charge la semaine dernière. Le thème en lui-même : "Consolider l’unité et la cohésion du parti pour renforcer ses capacités à relever les défis à venir" est tout un programme.

En mal d’équilibre ces derniers temps, indiscipline de beaucoup de militants, guerre de leadership au sommet, le CDP avait besoin de ce conclave pour se recadrer.

A six mois des législatives, ce congrès est venu comme des retrouvailles salvatrices pour ressouder le parti au travers d’un thème de discussion qui met au placard les francs-tireurs. Ne laisser aucune place aux états d’âme était en effet un critère inattaquable et qui permet de réaffirmer le rôle primordial de la direction du parti.

A la faveur d’expression d’ambitions débridées, beaucoup de militants se sont autorisés à prendre des libertés lors notamment des élections municipales, pour s’en tenir à ce récent scrutin. Des attitudes de défiance qui, tolérées pouvaient engendrer une gangrène fatale.

Quid donc de la démocratie interne, le CDP aura compris à l’aune de la pratique que le gigantisme du parti constitue par ailleurs son tendon d’Achille. D’autant plus une vérité, qu’il a oublié en chemin de former ses militants, au degré de conviction épars et, dont les motivations ne rencontrent pas toujours l’idéal défendu.

A l’orée d’affronter d’échéances très cruciales comme les législatives, la réaffirmation de la primauté des organes dirigeants sonne la volonté et l’envie de conserver une majorité et cela passe par la nécessité de la jouer collectif.

Grands principes

Le congrès a eu cette faculté de redire les grands principes lors qu’absorbés par la gestion quotidienne du pouvoir, ils furent oubliés en chemin par les dirigeants. Pas facile en effet d’être dans l’appareil d’Etat et de cumuler avec les postes clés de la direction du parti. Si, furent la trame majeure de ce conclave, la chasse sans faiblesse à l’indiscipline, la mise au goût du jour de la formation politique, il n’en reste pas moins vrai qu’un flou demeure quant à ce qui génère les bagarres récurrentes. La désignation des candidats aux postes électifs, le principe qui doit désormais y présider n’a pas été décliné avec une limpidité, qui lève tous les quiproquos. Comment cela va-t-il se faire ? Ce serait se voiler la face que d’ignorer, vu en outre le nombre de candidats lors des législatives de 2002, les luttes sourdes aux conséquences néfastes sur la cohésion à l’occasion des divers scrutins.

La taille du parti est source de problèmes et aucun regroupement, quelle que soit sa durée d’existence, ne peut éviter des querelles d’intérêt. Mais si les ambitions exprimées sont normales, elles deviennent source de recul en étant considérées par nombre de militants comme une fin en soi. La direction plus clairvoyante, du moins faut-il le croire, est censée édicter des critères à même de préserver la démocratie interne et la discipline. Car en l’absence d’une assise populaire locale, d’une visibilité au niveau provincial, voire national et d’un niveau de conscience politique et culturelle, ce serait dévoyer le sérieux de la politique que de désigner un militant qui ne remplirait pas ces conditions, pour siéger à l’hémicycle. Sur ce plan, le CDP aurait des progrès à faire.

Aura-t-elle son impact ?

Pour aborder ces législatives, le CDP a opté pour la fermeté envers ceux qui ont ignoré les directives du parti. La question du nomadisme indexé, ces militants qui naviguent entre les partis, a été souvent un point de débats politiques très passionnés, sans qu’il ne puisse y être trouvé un remède approprié.

On vient dit-on dans la politique pour défendre un projet de société, il se trouve qu’au Burkina, c’est pour défendre un projet personnel. Assurer un succès propre aux législatives pour le parti majoritaire passait par cette clarification, surtout que ce mélange de genre fait actuellement dysfonctionner plusieurs conseils municipaux.

Le tout est de savoir si le CDP pourra conserver durablement cette ligne de fermeté parce que l’expulsion de près de deux cents militants fera forcément à l’avenir jurisprudence. Et si la déclaration du président du comité d’organisation du congrès, Salif Diallo est limpide à ce propos, elle demande traduction. Sans ambages, il a laissé entendre que le parti "préfère perdre dans une localité et garder son âme que d’avoir un élu qui dévoie le parti". Voilà qui induit une donne tout à fait nouvelle.

L’heure de la décantation a-t-elle sonnée ? Cette déclaration veut dire au propre que le CDP ne charriera plus tous ces militants venus à lui parce qu’il est au pouvoir. Mais le parti doit aussi savoir qu’il a souvent prêté le flanc avec les nombreux parachutages de première classe qui rendent aujourd’hui difficile la gestion des cadres. Après plus de dix ans d’existence, il est temps enfin qu’il impose à ceux qui viennent à lui, l’obligation de commencer à la base et de gravir les échelons. Son assise est telle qu’il peut imposer ce parcours, seule façon d’éprouver la conviction du nouvel arrivant.

Aux hommes de la direction de tenir le cap, le clanisme étant la cause principale du "bombardement" de novices à des postes qu’ils ne veulent plus lâcher pour rien au monde. Ayant goûté aux délices du pouvoir, tous les moyens deviennent bons, dont cette manie à naviguer entre deux partis. Peut-être que cette option fera tache d’huile et que tous les autres partis vont bannir cette façon de faire de la politique. Je passe du CDP à l’ADF/RDA ou de X à Y selon mes intérêts du moment. La balle est dans leur camp.

Souleymane KONE

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique