LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

St Dam, artiste musicien arrangeur : « L’arrangeur, c’est celui qui sait lire et quantifier la musique »

Publié le samedi 18 novembre 2006 à 09h28min

PARTAGER :                          

Thiombiano Damien alias St Dam, c’est trente ans d’expériences dans le domaine de la musique. Son travail quotidien, c’est de transformer les chansons des artistes auteurs compositeurs en musique. Cela ne l’empêche pas non plus de composer pour lui. Son second album, « Nasaartenga » est fin prêt.

Sidwaya plus (S. P.) : qui est St Dam ?

St Dam (S. D.) : A l’Etat civil, je m’appelle Thiombiano Damien. Je suis artiste musicien spécialisé dans l’arrangement des musiques pour les auteurs compositeurs. J’exerce dans le métier depuis une trentaine d’années. Je compose également, j’écris des musiques pour les films, des documentaires, et publicités (la série télévisuelle Sita, la publicité de Tenga de Mégamonde).

S. P. : Arranger une chanson, est-ce un travail aisé ?

S. D. : Ce n’est pas du tout aisé dans la mesure où il se pose le problème de choix. Sur une chanson, on peut faire des milliers de musiques. Le hic, c’est quelle mesure choisir par rapport au moment, au milieu pour que les mélomanes l’acceptent. C’est là la grande difficulté du travail ; il faut allier les notes de musique et la voix de l’auteur à la satisfaction des mélomanes.

S. P : Peut-on avoir quelques noms d’artistes que vous avez déjà arrangés ?

S. D. : Je citerai seulement Salaka Vinc, Adjara Cissé, Amety Meria, Bil Aka Kora, Baz Bil, Zacksoba.

S. P. : Comment vous est venu cet amour pour la musique ?

S. D. : Je recevais des cours de musique en classe de 5e et de 4e. Mon professeur de musique disait que j’avais le don de la musique. A ma 3e, j’ai demandé un piano comme cadeau de réussite à mon examen. Et depuis lors, je suis intéressé à la chose. J’ai commencé le métier d’arrangeur dans les années 1988.

S. P. : Quel genre musical arrangez-vous le plus souvent ?

S. D. : Je fais un peu du tout ? J’arrange les genres qui font la musique de tous les musiciens et j’écris des musiques de tous les genres. Par contre dans la perspective d’une carrière assez longue, j’ai personnellement décidé de travailler à 90% sur des albums des rythmes nationaux, c’est la seule issue pour pouvoir vendre. J’ai toujours tendance à conseiller les artistes qui veulent faire la musique du moment de se tourner vers les traditions. Malheureusement, c’est une option qui est vite écartée.

S. P. : Est-ce que vous arrivez à vous en sortir avec ce métier ?

S. D. : Dans toute chose, il ya des hauts et des bas. Un artiste qui est payé à 500 000 F CFA par mois, cela peut lui suffir, mais cela limite sa créativité. C’est quand il n’a plus rien que la créativité est poussée. Je n’opte jamais pour la facilité et je gère le peu que je gagne.

S. P. : Est-ce facile d’arranger un artiste musicien burkinabè ?

S. D. : Hormis le caractère difficile de certains auteurs compositeurs qui ne savent pas ce qu’ils veulent ou sont tatillons sur des détails inutiles, il, faut reconnaître qu’il est difficile d’arranger. Pour être un arrangeur, il faut avoir une notion de ce qu’est l’harmonie en musique. Il faut à la limite même si on ne sait pas lire la musique, pouvoir la quantifier et la déchiffrer. La musique est faite sur des normes qu’on appelle mesures, bits etc.

S. P. : A quand votre prochain album ?

S. D. : L’album sortira le 24 novembre 2006 et est baptisé « Nasaartenga ». Les clips sont déjà diffusés sur les écrans des T.V. C’est un album qui traite de l’immigration. Cet album rentre dans ma vision de la musique en terme de qualité et de son. Il n’ya pas un rythme dominant. Il ya des rythmes de toutes les régions : Wiré, Winninga, Warba, la musique dagara.

S. P. : Que pouvez-vous dire pour conclure ?

S. D. : Je vais surtout interpeller les animateurs radio et télé sur la question de la diffusion. Beaucoup plus à la télé, certains animateurs ont tendance à ne passer que les clips de leurs amis. Je dis que nous ne jouons pas la même musique. Si l’on doit être loyal dans l’exercice de ses fonctions, qu’on donne la chance à tous les artistes.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique