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RD Congo : La paix des braves aura-t-elle lieu ?

Publié le vendredi 17 novembre 2006 à 07h50min

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Kabila fils a remporté l’élection présidentielle en RD Congo au second tour avec 58,05% des voix. Un résultat provisoire en entendant la confirmation des résultats. Cependant, la tension reste vive à Kinshasa et dans tout le pays.

Certes, le président sortant et son challenger, Jean-Pierre Bemba, ont promis de respecter le verdict des urnes mais le crépitement des armes lourdes le week-end dernier fait bien craindre la période post-électorale.

La RD Congo a réussi à attirer les « sunlight » sur elle, cette fois, pas uniquement à cause de la guerre mais aussi de l’élection présidentielle, une première dans l’histoire du pays. Après les affres de la période Zaïre, puis le court règne de Kabila père, Kabila fils a donc été réélu avec 58,05% des voix face au challenger Jean-Pierre Bemba. Ce dernier a obtenu 41,15%. 80% des votants dans l’Est du Congo, bastion de Kabila, ont voté pour lui tandis que 60% seulement des votants dans l’Ouest du pays, zone de prédilection de Bemba ont accompli leur devoir d’électeur en faveur du challenger. 68% des Kinois ont aussi voté pour Bemba. Au terme de l’élection, Kabila fils le vainqueur devrait enfin mettre fin au système 4+1, c’est-à-dire diriger avec quatre vice-présidents.

La période de conflits devrait être considérée comme une page tournée de l’histoire. Ainsi Kabila doit maintenant former son propre gouvernement pourquoi pas d’union nationale. Cependant l’élection, « fait historique » a-t-on martelé, risque fort bien d’être un simple fait, rien d’autre. Pour cause, les partisans de Bemba ne sont pas satisfaits du déroulement de l’élection. Le camp du vice-président a affirmé la semaine dernière que Jean-Pierre Bemba était en tête du second tour avec 52,2% des voix.

Ensuite il a mis en doute « l’impartialité » de la Commission électorale indépendante (CEI) dont les résultats donnaient 60% à Kabila après le décompte de 90% des bulletins de vote. Le camp Bemba contestant ces résultats, a exigé que la lumière soit faite sur les votants par dérogation et des omisssions sur les listes électorales. Mais pour la CEI, il ne s’agissait pas d’irrégularités mais de procédures effectuées en conformité avec la loi. Cette situation de suspicion a plongé Kinshasa (4 millions d’habitants) dans un climat de tension.

On se rappelle que les deux camps se sont affrontés à l’arme lourde dans la rue par l’intermédiaire des armées privées de Kabila et de Bemba au lendemain du premier tour de la présidentielle du 30 juillet dernier faisant 23 morts. Kabila peut compter sur la fidélité de la garde présidentielle constituée d’environ six mille (6 000) personnes. Bemba aurait plus au moins un millier d’hommes sous son commandement direct.

Toutefois, les deux candidats jouent la carte politique plutôt que militaire par moment. Suite aux fusillades et explosions liées à l’attente des résultats du second tour de l’élection présidentielle, Kabila et Bemba ont appelé les Congolais au calme et à respecter les institutions et les lois de la Nation. Ils ont eux-mêmes promis d’accepter les résultats
du scrutin et de dénoncer toute tentative visant à contester par la force.

C’est dans la même dynamique de recherche d’une paix en RD-Congo que quatre anciens chefs d’Etat africains s’y sont rendus. Il s’agit de Jerry Rawlings du Ghana, du Burundais Pierre Buyoya, de Abdu Salami Aboubakar du Nigéria et du Namibien Sam Nujoma. Ces chefs d’Etat membres de l’organisation « Africa forum » ont rencontré Kabila et Bemba. Ils les ont appelés à respecter leurs engagements de paix et à se soumettre aux verdicts des urnes.

Les quatres chefs d’Etat ont par la même occasion tenu Kabila et Bemba au courant des conclusions d’une réunion de « Africa forum » à Johannesburg consacrée au processus de paix en RD Congo. Le président Rawlings a prévenu : « La RD Congo n’aura pas d’autre chance si les élections échouent ». Il a par ailleurs ajouté que les élections marquent un premier pas vers le développement de ce pays, « l’un des plus riches du continent africain ». Selon lui, le premier pas a été certes franchi mais le plus dur reste à venir.

En tout les cas, l’Union européenne ne veut pas rester après la période post-électorale. Elle prévoit retirer ces 1 400 hommes dès la fin novembre en appui des 17 600 casques bleus dans le pays.

La RD Congo sera-t-elle pacifiée ?

Selon le ministre allemand de la Défense Franz Joseph Jung, cette force avait pour rôle de garantir le scrutin et la mission est accomplie. Le chef de la diplomatie européenne Javier Solana partage l’avis de retrait des forces de l’UE. Mais les risques d’une recrudescence de la violence sont élevés. C’est pourquoi l’organisation Oxfam demande à l’UE de maintenir ses forces jusqu’en février 2007. En attendant l’Eufor, la force européenne forte de ses 1 400 hommes et d’un millier en réserve au Gabon se tient prête à appuyer la mission de l’ONU (MONUC) en cas de nouveaux dérapages.

Outre, les élections, il y a une autre angoisse. Le président rwandais Paul Kagamé a menacé la semaine dernière d’envoyer de nouveau des troupes en RD Congo si les autorités congolaises ne parviennent pas à limiter les mouvements des groupes rebelles rwandais à la frontière entre les deux pays. « Si nous sommes attaqués par des milices ou par quiconque, nous aurons le droit et la capacité de régler le problème », a-t-il dit.

Toutefois, Kagamé a précisé qu’il attendait les résultats de l’élection présidentielle congolaise et « qu’il y avait d’autres moyens de régler le problème ». Tout ceci se déroule alors que la question des enfants soldats en RD Congo, au fort du conflit, est au centre des débats à la Cour pénale internationale (CPI).

Thomas Mbanga Dyilo est accusé d’avoir enrôlé 30 000 enfants soldats (dont certains âgés d’à peine 10 ans) au sein de l’Union des patriotes congolais (UPC) dont il était le président. Il est aussi accusé de violation des droits de l’homme dans la province de l’Iturie où les combats dans cette zone aurifère en 1999 ont fait plus de 60 000 morts. Quand on sait que les enfants soldats formaient 40% de certains groupes armés selon des ONG, d’autres politiciens, anciens chefs de guerre, ne sont pas en reste et risquent d’être inculpés.

Mais en attendant le plus important est l’après- élection en RD Congo où les acteurs nationaux et internationaux ont chacun un sacrifice à consentir pour ce pays dont la dette extérieure est estimé à cent (100) milliards d’euros .

Hamadou TOURE

Sidwaya

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