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Association « Etre comme les autres » : Les plus démunis en fête

Publié le vendredi 17 novembre 2006 à 07h33min

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Il y avait une animation et une mobilisation des grands jours à « ECLA », association « Etre comme les autres », le dimanche 29 octobre 2006. Cette association qui est basée à Ouahigouya et qui lutte pour la réinsertion socio-économique des handicapés organisait, avec le soutien du « Lutheran world relief » (Secours mondial luthérien), deux cérémonies au profit des élèves démunis et des personnes marginalisées de la région.

La première cérémonie, qui a eu lieu aux environs de 10 heures à Bougounam (à 25 km de Ouahigouya et à 15 km de Gourcy, sur l’axe Ouahigouya-Ouaga), portait sur la remise de kits scolaires aux élèves du Collège privé ECLA de cette localité.

C’était sous la présidence du gouverneur de la région du Nord, Henri Marie Dieudonné Yaméogo, et le parrainage du ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Lassané Savadogo.

Etaient naturellement présents le président d’ECLA, Moussa Bologo, et le représentant régional de LWR, Mahamoudou Ouhoumoudou, ainsi que de nombreuses autres personnalités politiques et administratives.

Face à toutes ces sommités, une population de Bougounam sortie nombreuse, reconnaissante et pleine de gratitude, abandonnant pour une journée ses occupations habituelles.

Leur représentant, l’Imam de Bougounam, après avoir souhaité la bienvenue à ses illustres hôtes, a exprimé sa gratitude et ses remerciements à l’association « ECLA » pour toutes les sollicitudes dont ils sont l’objet et pour avoir ouvert ce collège qui épargne aux élèves de son village le long déplacement de Gourcy ou de Ouahigouya.

Pour la directrice de l’école, le Collège privé ECLA est né de l’ambition de l’association d’offrir aux enfants de la localité la chance d’avoir accès aux études secondaires à faible coût et dans leur milieu d’origine.

Des kits scolaires pour 240 élèves

C’est ainsi que l’établissement a ouvert ses portes à la rentrée 2003-2004 avec seulement 33 inscrits en classe de 6e. De nos jours, il compte 240 élèves dont 81 filles, répartis dans les classes de 6e, 5e, 4e et 3e et venant de jusqu’à 10 km à la ronde, notamment de villages comme Masgoré, Lébé, Marmisma, Biliga, Koudoumbo, Rom, Baszaïdou, Bouloulou, etc.

Quand on pense que tout ce beau monde devait aller à Gourcy ou à Ouahigouya pour le cycle secondaire, on mesure à quel point l’ouverture de ce collège constitue un véritable soulagement pour les enfants de la localité et pour leurs parents, des paysans à faibles revenus.

C’est d’ailleurs pourquoi, les frais de scolarité sont fixés à 27 000 f par élève et par an et payables en trois tranches, pour permettre aux parents de s’en acquitter sans trop de contraintes.

Pour sa part, la représentante de l’association n’a pas manqué de dire sa gratitude à Lutheran world relief grâce au soutien de laquelle la cérémonie a été rendue possible. L’occasion s’y prêtant, elle a aussi dit au parrain de la cérémonie ses préoccupations, qui ont pour noms :

la construction d’un mur d’enceinte ;
la construction et l’équipement d’une bibliothèque ;
un forage à exhaure solaire ;
et pour les années à venir, la mise à la disposition du collège d’enseignants.

Au total, c’est 240 élèves qui ont reçu les kits scolaires, composés de sacs contenant des fournitures (cahiers, stylos, crayons, gommes, règles, etc.), une chose qui soulage les parents et contribue un tant soit peu à résoudre l’épineux problème de l’enseignement secondaire dans ces contrées, comme l’a du reste reconnu le haut-commissaire du Zondoma.

Une visite des salles de classes a mis fin à la cérémonie, et visiblement très impressionné par ce qu’il a vu, le parrain, Lassané Savadogo, a félicité ECLA pour cette action louable qui mérite le soutien des autorités de notre pays, car entrant en droite ligne dans la politique du gouvernement en matière d’éducation.

Il a donc promis qu’il ne ménagerait aucun effort pour soutenir ce collège qui fait le bonheur des populations de Bougounam. Il a ensuite encouragé l’association à persévérer dans cette voie, avant d’exhorter les populations de Bougounam à redoubler d’efforts pour envoyer le maximum de filles à l’école.

Contre la marginalisation et la misère

Puis le long cortège d’officiels amené par le gouverneur de la Région du Nord a mis le cap sur Ouahigouya (sans le ministre Lassané Savadogo, retenu à Gourcy par d’autres obligations).

Direction le Centre de formation et de recherche participée (CFRP) d’ECLA au secteur 2 de la capitale du Yatenga, pour une cérémonie de remise de vêtements, de couvertures, de kits de santé et de trois motocycles.

Cette fois-ci, ce sont les handicapés, les sourds-muets, les veuves, les orphelins, les malvoyants, les lépreux blanchis et les personnes âgées sans soutien, les bénéficiaires de tous ces dons, qui sont en fête.

Face à cette foule de marginalisés parmi les marginalisés, presque le même présidium prestigieux qu’à Bougounam, sauf qu’ici, c’est le ministre de la Justice, Boureima Badini, qui parraine la cérémonie.

Le lot de matériels se compose ici de : 08 balles de vêtements pour hommes, 04 pour femmes, 04 pour enfants, 03 pour nourrissons, 16 balles de sweaters (pull-overs), 44 balles de couettes (draps et couvertures), 01 carton de kits de couture, 09 cartons de kits scolaires, 08 cartons de kits de santé, 22 cartons de layettes, et 09 cartons de savons.

Le Représentant régional de LWR pour l’Afrique de l’Ouest, Mahamadou Ouhoumoudou, a tenu à relever l’excellence des relations qui existent entre son ONG et ECLA. Il a ensuite fait une brève présentation de LWR, créée en 1945 après la seconde guerre mondiale pour venir en aide aux personnes affectées par la guerre, et qui allait par la suite évoluer pour devenir une ONG de développement (lire interview ci-contre).

A la suite du maire de Ouahigouya, Abdoulaye Sougouri, c’est le discours du parrain Boureima Badini qui a clos la série d’interventions. Selon Boureima Badini, cette cérémonie témoigne du ferme engagement d’ECLA dans la cause des personnes marginalisées, et celles laissées pour compte.

Et pour lui, « c’est sans doute dans le souci de restituer à chaque individu sa dignité et de favoriser sa participation au développement de notre pays que l’association ECLA, depuis sa création, s’est résolument engagée dans de multiples actions pour mettre fin aux facteurs qui marginalisent certaines catégories sociales telles que les handicapés moteurs, les malvoyants, les sourds-muets, les lépreux et autres personnes défavorisées ».

Il a donc vivement remercié cette association qui fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille. "Nous ne pouvons que souscrire et encourager plus que jamais de telles actions dans le contexte de communalisation intégrale de notre pays", a-t-il poursuivi avant d’exprimer sa gratitude à LWR qui appuie ECLA dans son combat contre la marginalisation et la misère.

On est ensuite passé à la distribution des vêtements et des kits au grand bonheur des bénéficiaires, qui trépignaient d’impatience de recevoir ces présents qui devraient leur permettre de passer au chaud la période du froid qui s’installe.

Les pensionnaires de la Maison d’arrêt et de correction de Ouahigouya (MACO), non plus, n’ont pas été oubliés à cette occasion, puisqu’ils ont aussi bénéficié des vêtements et divers kits, plus une somme de 10 000 fcfa offerte par le maire de Ouahigouya.

Les handicapés étaient vraiment en fête, puisque c’est une remise de trois motos tricycles de marque « Best » qui a mis fin à la cérémonie. Mais, l’effervescence n’était pas près de retomber à ECLA, puisque le lendemain (lundi 30 octobre 2006), l’ONG anglaise « Vision Eversea » devait lancer ses activités par des consultations et des dons de verres correcteurs aux plus démunis.

David Songo

ECLA/LWR


Un partenariat fécond

Le Lutheran world relief (LWR) est l’un des principaux partenaires de l’association « Etre comme les autres ». C’est grâce à cette ONG américaine qu’ECLA arrive chaque année à honorer son rendez-vous avec les handicapés et les plus démunis de Ouahigouya et des environs. A l’issue de la cérémonie, nous avons échangé avec son représentant régional pour l’Afrique de l’Ouest, monsieur Mahamadou Ouhoumoudou.

Economiste gestionnaire de formation, celui qui a été tour à tour et entre autres responsabilités, directeur général de la SONICHAR (Société nigérienne du charbon), ministre des Mines et de l’Industrie (de 91 à 93) du Niger, secrétaire exécutif adjoint de la CEDEAO, président d’ECOBANK-Niger, représentant dans ce pays de l’ONG américaine African development foundation (ADF)..., nous parle de son institution et de son partenariat avec ECLA.

Pouvez-vous nous présenter le Lutheran world relief (LWR) ?

• Le Lutheran world relief est une ONG américaine créée en 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale pour venir en aide aux populations qui ont été affectées par la guerre.

Depuis cette date, elle a évolué progressivement d’organisation de secours humanitaire pur en une organisation de développement qui intervient dans tous les pays du monde où il y a des problèmes liés aux catastrophes naturelles, aux guerres et à la pauvreté.

LWR est au Burkina Faso depuis 1975, où elle intervenait avec des partenaires locaux. Et depuis 2001, le siège régional de l’Afrique de l’Ouest est installé définitivement ici. Nous sommes sur l’avenue Kennedy à Ouagadougou. A partir du Burkina, nous couvrons outre ce pays, deux autres en Afrique de l’Ouest à savoir le Mali et le Niger.

LWR travaille en partenariat avec les ONG locales comme ECLA et DAKUPA (dans le Boulgou) par exemple, et des organisations communautaires à la base. Nous intervenons en matière de projets, surtout dans le monde rural, et de plus en plus, nous nous intéressons aux cultures qui sont en mesure de valoriser la production des paysans. C’est-à-dire d’augmenter la part de la valeur ajoutée qui revient aux paysans.

Il s’agit essentiellement des cultures commerciales. C’est ainsi que nous avons par exemple un projet d’extraction du beurre de karité que nous avons développé avec les femmes de Garango. Nous avons un projet de laiterie que nous avons développé également avec un groupement féminin à Fada N’Gourma, etc.

Au Mali et au Niger, nous sommes dans le riz, le sésame, dans la production du beurre de karité aussi et dans tout ce qui concerne l’approvisionnement des populations en eau et en intrants agricoles. Nous travaillons également en partenariat avec les mutuelles de crédits, parce que nous savons que le financement, c’est un problème pour le monde paysan.

Donc chaque fois que nous montons un projet qui a un volet financement, nous recherchons l’appui d’une mutuelle d’épargne et de crédit à laquelle nous confions la gestion du fonds et nous bénéficions ainsi de l’expérience de cette mutuelle en matière de gestion de prêts et de placements de crédits.

Que retenez-vous de la cérémonie d’aujourd’hui ?

• La cérémonie d’aujourd’hui nous a beaucoup impressionné ! Elle nous a permis de connaître un peu mieux notre partenaire, en ce sens que c’est un partenaire vraiment dynamique, qui a une bonne emprise sur son terrain d’opération, et qui a une longue expérience qu’il a développée avec d’autres partenaires comme LWR ; mais aussi ç’a été pour nous l’occasion de voir la destination précise des financements.

Nous avons vu que l’aide matérielle est effectivement partie vers les populations les plus démunies, notamment les handicapés, les aveugles, les lépreux, les personnes âgées, etc. C’est vraiment important pour nous de participer et de voir comment cette aide est partagée.

L’autre aspect qui nous a beaucoup impressionné à l’occasion de cette cérémonie, c’est l’implication des autorités locales. Et nous apprécions beaucoup de voir une ONG locale qui travaille et qui a le soutien des autorités locales au plus haut niveau, car pour nous, c’est un signe de transparence au niveau de l’ONG.

Nous sommes très soucieux de cette transparence, parce que nous voulons absolument que ce que l’ONG fait soit connu. Qu’elle ne travaille pas dans la clandestinité, mais au grand jour, de façon à ce qu’il y ait beaucoup de personnes capables de contrôler et de témoigner de ce qu’elle fait.

Nous avons vraiment été impressionnés par cette cérémonie et nous remercions notre partenaire pour tous les efforts qu’il a faits pour l’organiser et lui donner un cachet assez particulier.

Quelles sont les perspectives de votre partenariat avec ECLA ?

• Avec ECLA, nous continuerons notre participation dans le domaine de l’assistance humanitaire, qui est une assistance annuelle. Chaque année, il y a un lot de matériels que nous distribuons : des kits scolaires pour les enfants, des kits de nourrissons pour les bébés, des couvertures et des habits pour les personnes âgées et les nécessiteux, etc.

Donc, nous allons continuer ce volet de façon régulière avec notre partenaire. Nous avons aussi un autre volet qui est le volet des projets, qui dépend du dynamisme de chaque partenaire et du projet qu’il soumet à notre appréciation.

Si un projet entre en ligne dans notre politique générale d’intervention, il y a des chances qu’il soit financé. En tout cas, nous sommes ouverts sur ce volet. Comme vous le savez, nous avons eu avec ECLA un projet dans le domaine de la lutte contre le Sida.

Ce projet, qui avait une durée de trois ans, est en train de prendre fin, mais nous sommes réceptifs à toute autre possibilité de financer un autre projet, si ce projet respecte nos conditions de financement et notre mode d’intervention.

Propos recueillis par D. S.

Observateur Paalga

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