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Présidentielle en RD Congo : La cocotte-minute va-t-elle sauter ?

Publié le vendredi 17 novembre 2006 à 07h54min

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On s’y attendait plus ou moins et les choses n’ont pas tardé à se préciser après le second tour de l’élection présidentielle du 29 octobre 2006 en République Démocratique du Congo. Des élections historiques puisqu’il s’agit du premier scrutin libre depuis l’indépendance du pays en 1960.

Après cette campagne historique, c’est le président sortant, Joseph Kabila, qui a été élu avec 58, 05% contre 41, 95% pour son grand rival, Jean-Pierre Bemba du Mouvement de libération du Congo (MLC).

La Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé ces résultats avec quelques jours d’avance sur le calendrier attendu. La CEI avait en effet jusqu’au 19 novembre pour faire connaître le verdict des urnes.

Le taux de participation a atteint 65, 36% des 25, 4 millions d’inscrits. L’écart entre les deux candidats est de 2.616.957 voix.

Au moment où les Congolais attendent que ces résultats provisoires soient confirmés par la Cour suprême, après bien sûr examen des contentieux, le camp de Jean-Pierre Bemba commence déjà à se faire entendre. Selon les partisans de ce dernier, il y a eu un « hold-up électoral » et l’impartialité de la CEI qui saute aux yeux.

C’est connu, en Afrique, c’est toujours la même rengaine quand on perd des élections présidentielles, législatives ou même municipales. Comment le perdant va-t-il accueillir la chose, lui qui devait se prononcer hier jeudi au moment où nous mettions sous presse ?

Ses hommes ayant donné le ton, il ne fait l’ombre d’un doute que Jean-Pierre Bemba va lui aussi contester ces résultats partiels. A l’allure où vont les choses, les vieux démons seront encore de retour alors que les Congolais aspirent à la stabilité du pays et de la région des Grands Lacs.

Selon les observateurs, le scrutin s’est bien déroulé dans l’ensemble même si des incidents n’ont pas manqué sur le terrain. La communauté internationale, qui a financé la quasi-totalité des 500 millions de dollars de coût du processus électoral, a multiplié les appels au calme et à la responsabilité des dirigeants congolais, condamnant tout recours à la violence.

L’élection présidentielle qui vient de s’achever n’étant pas la dernière, le vaincu doit accepter sa défaite au lieu de vouloir jeter l’huile sur le feu pour rendre le pays ingouvernable. Le politicien ambitieux, c’est celui qui sait tirer les leçons de son échec pour repartir sur de nouvelles bases.

Depuis son indépendance, obtenue en 1960 de la Belgique, ce pays a connu une succession de coups de force, de rébellions et de crises politiques.

L’ONU, qui entretient en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix dans le monde avec 17 000 Casques bleus, est épaulée pour la sécurisation du processus par une force européenne (EUFOR), qui a déployé 14000 hommes à Kinshasa et environ un millier au Gabon, prêts à intervenir dans les 24 heures.

La réconciliation et la paix devront désormais être le maîtres-mots de la classe politique congolaise. Propulsé sur l’avant-scène dès 2001, au lendemain de l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila, « le petit Kabila » (le plus jeune chef d’Etat d’Afrique, 35 ans) a lancé un appel au calme à ses compatriotes après le rejet par Bemba des résultats partiels lui accordant une nette avance.

Le chef de l’Etat sortant a déclaré que la police et l’armée lui restaient fidèles, laissant entendre que les forces de l’ordre ne toléreraient pas de nouveaux troubles après les heurts survenus il y a quelques semaines entre ses partisans et ceux de Bemba, l’ancien chef rebelle. Mais il a également tendu la main à son rival.

Il croit que le vice-président et les membres de son parti ont un rôle à jouer, peut-être pas nécessairement au gouvernement, mais au sein d’autres institutions parce que l’effort doit consister maintenant à bâtir la nation, à la reconstruire.

En écoutant l’homme, on sent qu’il est fatigué de la guerre puisque des chantiers colossaux l’attendent. On parle de la santé et surtout du système éducatif en ruine : 4,7 millions d’enfants non scolarisés et moins de trois écoliers sur 10 parviennent au terme du primaire.

Quant à l’économie, une mission du Fonds monétaire fait état d’une détérioration préoccupante : regain d’inflation, érosion du franc congolais et creusement du déficit budgétaire. Au regard de tout ça, l’heure est vraiment venue de conjurer le spectre d’une nouvelle éruption de violence.

Notamment à Kinshasa, capitale, dit-on frondeuse, et dans la province de l’Equateur, bastions de Jean-Pierre Bemba, ce fils d’un richissime baron du mobutisme, tour à tour affairiste puis maquisard choyé par l’Ouganda, avant d’accéder, à l’instar de trois autres rebelles, à la dignité de vice-président.

Après la proclamation officielle des résultats, Bemba et ses hommes vont-ils regagner la forêt congolaise pour préparer des coups fourrés ? Il est temps que l’ONU ouvre les yeux pour mettre définitivement fin à leurs agissements.

On ne peut pas accepter de participer à une élection, la perdre et par la suite reprendre les armes pour reconquérir le fauteuil présidentiel. Cette comédie n’a plus de sens et vivement que la paix revienne !

Justin Daboné

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2006 à 01:05, par Kipelo En réponse à : > Présidentielle en RD Congo : La cocotte-minute va-t-elle sauter ?

    Je suis tellement touché de la gestion de ces éléctions tant attendues.
    Nous sommes arrivés au terme de la transition ; nous attendons la confirmation des résultats par la CSJ. Ceci n’engage que moi, la décision a été déjà prise.

    Le DVD - Reporter - "KANDA YA CONGOLAIS" vendu sur le marché après le 1er tour en dit long. J’ai bien lu la lettre du Cardinal de Kinshasa Frédéric ETSOU NZABI qui donne sa position par rapport au déroulement du deuxième tour de l’élection présidentielle et au processus de proclamation des résultats. En bref, il n’est pas tendre envers la CEI, au CIAT, à la Monuc et à la délégation de l’union Européenne, ;il en dit long. Nous devons d’abord nous poser la question de la mort d’Hommes lors des événements du 20 au 22 Août, pourquoi ces incidents ont eu lieu ? Le Congo est un état libre et souverain : il restera UN et INDIVISIBLE.

    Le respect strict des procès verbaux tels qu’établis par chaque bureau de vote, recueillis et annoncés par le témoins de deux camps, par la CEI, le CIAT et l’ensemble des observateurs est l’attitude à adopter afin de sortir un Président élu par le Peuple Congolais dans sa détresse sans oublier la misère ; c’est la seule voie qui mène à la vérité des urnes. Seule la personne qui parle la bouche pleine qui n’a rien compris.

    Le Peuple Congolais en a vraiment MARRE. Nous ne sommes pas seule sur cette terre. Que vive le CONGO KINSHASA. Je vou remercie

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