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Campagne présidentielle au Vénézuela : Des Africains se mobilisent pour la réélection de Chavez

Publié le vendredi 17 novembre 2006 à 07h48min

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Une nouvelle dynamique est-elle née en Afrique autour du président vénézuélien, Hugo Rafael Chavez Frias, depuis sa participation au sommet de l’Union africaine à Banjul en Gambie en juillet dernier ? En tout cas ce fut une participation active suivie d’une tournée dans plusieurs pays africains au cours de laquelle de nombreux accords de coopération ont été finalisés.

Cela a donné naissance à une initiative afro-africaine en soutien à l’action du président de la République bolivarienne du Venezuela, véritable poil à gratter de l’administration américaine. On se souvient encore de ce Chavez se signant à la tribune des Nations unies pour exorciser les lieux parce que, avait-il dit, "Le diable (Georges Bush Ndlr) était dans la maison il y a quelques jours".

Dans le cadre de la présidentielle du 03 décembre prochain, les amis du président Chavez, plus particulièrement ceux d’Afrique, ont décidé d’entreprendre une série d’actions aussi bien dans leurs pays d’origine et de résidence respectifs qu’au Venezuela. Le top de départ de cette initiative a été donné à Caracas dans la capitale vénézuélienne le 06 novembre dernier par une conférence-débat publique animée par le Haut Groupe de contacts stratégiques pour le Venezuela. Un des concepteurs de cette initiative, le Docteur Ousséni Banao, d’origine burkinabé, nous livre ici depuis Caracas (et par la magie de l’internet) les grands axes desdites actions qui s’inscrivent dans le cadre de cette solidarité internationale en faveur du bouillant chef d’Etat.

Docteur Ousséni Banao, pouvez-vous nous décrire l’ambiance qui prévaut en ce moment à Caracas et dans les grandes agglomérations à l’approche de la présidentielle de décembre prochain ? On parle de campagnes assez offensives de la part de Chavez.

• Il faut le vivre sur place ici pour s’en rendre compte. Une atmosphère électrique, dynamique voire énergétique. La campagne électorale étant ouverte depuis le 03 novembre, les portraits, affiches, affichettes et banderoles occupent tous les espaces et les supports médiatiques du sous-continent et plus singulièrement Cnn et Bbc-TV.

Le camarade Chavez a réservé ses primeurs aux provinces ce week-end (Etat de Falcon) tandis que son principal et sérieux concurrent, le conservateur de droite Manuel Morales, en a profité pour envahir les artères de la capitale Caracas dans une attitude très agressive marquée par des calomnies et des dénonciation calomnieuses contre la politique socialiste du Mouvement révolutionnaire du Venezuela du candidat Chavez.

Contrairement au Nicaragua où il y a eu le suspense avant que le camarade Daniel Ortega l’emporte au premier tour, ici, nous allons remporter une victoire très confortable dès le premier tour grâce au charisme et surtout aux effets grandement palpables des nombreuses réalisations socio-économiques du président sortant...

Vous semblez très engagé aux côtés de votre camarade comme vous le dites...

• Le groupe africain que je dirige est à Caracas pour cela. Nous sommes aidés dans notre élan par de nombreux relais demeurés sur le continent. L’initiative africaine est très appréciée ici par nos amis vénézuéliens.

Au fait, en quoi consiste cette initiative africaine ?

• Témoigner de la reconnaissance et de la gratitude des Africains envers ce pays et cet homme de vision qui a osé tout braver pour assumer un devoir de mémoire envers les peuples africains et latinos, voire du reste du monde (culture de l’universel oblige).

Le processus des mouvements de la Renaissance africaine, fortement soutenus par l’Afrique du Sud, exige de nous, les dignes fils du continent, un appui très militant à la nouvelle option politique de la République bolivarienne du Venezuela.

En somme, le continent africain et le Venezuela de la Révolution bolivarienne de Hugo Chavez doivent être solidairement présents sur tous les fronts de la lutte pour plus de justice sociale et surtout pour le droit des peuples à exercer pleinement et amplement toute leur souveraineté.

Pourquoi ce soutien des Africains dans une élection interne à un pays qui, plus est, se situe en pleine Amérique Latine, c’est-à-dire un peu loin de nous ?

• Une précision : ce ne sont pas des Africains qui décident de soutenir Hugo Chavez, mais bien ce dernier qui a choisi de soutenir l’Afrique pour l’aider à sortir un tant soit peu de la pauvreté institutionnalisée sur notre continent, toujours qualifié à tort de pauvre.

Non ! L’Afrique n’est pas pauvre, certains sont en train de l’appauvrir en exploitant et exportant toutes ces richesses tant humaines que naturelles.

Nous l’avons vu très entreprenant lors du sommet de Banjul aussi bien aux côtés des chefs d’Etats africains sans exclusive que des acteurs de la société civile présents en marge des travaux.

On l’a senti très préoccupé par les questions de développement et de lutte contre la pauvreté dans la majorité des pays membres de l’Union africaine. C’est pratiquement une première dans les rapports internationaux.

Les Africains ont donc le devoir de se montrer solidaires d’une telle action politique de grande portée historique. Le président Chavez représente un espoir certain pour le continent et les pays du Sud à travers l’approche de coopération qu’il propose.

Une approche qui diffère considérablement de ce qui a été conçu jusque-là et dont les résultats nous ont menés où nous sommes en ce moment : éternels mendiants étatisés à assister urgemment.

Le Venezuela n’aspire pas à dominer le monde. Il n’impose à aucun pays africain d’abriter une de ces bases militaires en échange d’une coopération. Des centres de santé, des salles de classes, des institutions de micro-finance sont en cours de financement par l’Etat vénézuélien au Mali, au Bénin, au Sénégal, au Nigeria et dans d’autres pays africains sans aucune contrepartie contraignante.

Justement, pourquoi cet intérêt subit ?

• Je crois qu’il vaut mieux interroger l’histoire de la marche de l’Afrique vers les indépendances. Vous évoquiez tantôt l’Amérique Latine qui serait loin de nous. Une rétrospective à travers l’évolution de l’Afrique contemporaine permet de comprendre les liens entre le contient noir et l’Amérique Latine.

Souvenez-vous de la présence d’Ernesto Che Guevara dans des maquis révolutionnaires en Afrique. Une présence destinée à propager le model sud-américain des grands regroupements régionaux à travers la doctrine bolivarienne.

Aujourd’hui nous parlons d’Union Africaine, de NEPAD et de blocs régionaux. Plusieurs intentions de coopération triangulaire sont activement à la phase de finalisation : Bénin/Venezuela/Cuba, Niger/Venezuela/Chine, Sénégal/Venezuela/Iran, etc.

Plus proche de nous, lors de la guerre de libération dans le sud du continent face aux visées du régime de l’Apartheid en Afrique du Sud, aucun pays africain n’a pu s’engager véritablement pour contrer l’invasion de la Namibie, du Lesotho, de l’Angola.

Il a fallu des troupes cubaines pour stopper cette avancée de l’armée du régime d’apartheid du défunt et sinistre Peter W. Botha.

Ce qui a abouti à l’indépendance de la Namibie et à la fin du régime de négation de l’homme noir en place à Pretoria. Sans oublier les soutiens aux mouvements de libération nationale un peu partout sur le continent.

L’engagement cubain s’est également manifesté par des bourses de formation à des milliers de cadres africains dans des domaines touchant directement aux actions de développement comme l’agriculture, la santé, le sport, la culture, la chimie et l’industrie.

Un autre grand Sud-Américain, le président brésilien Lula da Silva, encourage les entrepreneurs de son pays à investir en Afrique. Lui-même a visité plusieurs fois le continent. Il se trouve actuellement en tête d’un mouvement international favorable à la réforme des institutions de l’Onu en collaboration avec certains pays africains.

Lula s’est illustré dans de nombreuses initiatives en faveur de la lutte contre la malnutrition dans les pays les plus pauvres. Son pays abrite le désormais très célèbre forum social annuel de Porto-Alegre qui attire plusieurs dirigeants du monde.

Je peux multiplier les exemples de cette longue histoire entre l’Amérique Latine et l’Afrique qui ne sont pas aussi éloignées l’une de l’autre qu’on le dit.

A vous entendre, on dirait que vous êtes un nostalgique d’un certain passé révolutionnaire.

• Je préfère ne pas m’attarder sur la connotation péjorative qu’une certaine opinion, notamment en Occident, accorde au concept de révolutionnaire : le maquisard armé qui fait exploser des bombes dans des avions et des lieux publics ou qui massacre des populations civiles.

Hugo Chavez a été élu à l’issue d’élections démocratiques malgré les pressions et les préférences de certaines puissances planétaires.

N’oubliez pas qu’il a été réinstallé au pouvoir par son peuple après un coup d’Etat militaire manqué téléguidé de l’extérieur du Venezuela. Lula da Silva vient d’obtenir un nouveau mandat de 5 ans de la part de ses compatriotes.

La révolution dont il est question à présent n’a rien à voir avec la lutte armée ou la confrontation. Il s’agit d’une nouvelle manière de traiter avec plus de respect et d’égards les nations dites pauvres.

L’internationalisme doit se dérouler sur une base égalitaire débarrassée de l’arrogance et du diktat de quelques superpuissances. Hugo Chavez prône le respect dans les relations internationales.

Lorsqu’il vient en Afrique, il ne demande pas à s’immiscer dans les affaires internes de ses hôtes. Il ne conditionne pas ses interventions à l’élection de tel ou tel parti ou homme politique. Il circule dans les pays d’Afrique sans considérations idéologique, religieuse, politique ou raciale. C’est tout le sens de notre engagement à ses côtés.

Vous ne craignez pas que des pays africains se mettent à dos certaines puissances comme vous dites, notamment les Etats-Unis d’Amérique, du fait de l’anti-américanisme de Chavez ?

• Dites-moi un seul pays d’Afrique qui abrite des bases militaires vénézuéliennes. Je ne connais pas de pays sur le continent qui aient signé des accords avec le président Chavez qui pourraient menacer des intérêts stratégiques et égoïstes de quelque puissance que ce soit.

En quoi la construction d’une université, d’une maternité, d’une caisse de micro-finance ou d’un stade menace la paix et la sécurité dans le monde ? La globalisation n’est pas une invention vénézuélienne. Elle n’exclut aucun Etat.

Et puis, les Africains doivent cesser de se préoccuper des intérêts des autres avant de se frayer leur propre chemin. Le Venezuela de Hugo Chavez a inventé une nouvelle manière de partage et de solidarité.

Cela permet de réduire les disparités qui existent entre les différentes régions du monde. Notre responsabilité en tant qu’Africains est de soutenir ce mouvement. Quoi qu’il arrive.

• Il a démontré son attachement à la démocratie à plusieurs reprises. Son arrivée au pouvoir s’est faite à travers les urnes. Et il a toujours dit qu’il servirait son pays tant que son peuple lui témoignera sa confiance.

C’est grâce à ce soutien du peuple que le coup d’Etat tenté contre lui a échoué bien que sa destitution avait été déjà reconnue et saluée par certains Etats qui ont œuvré en coulisse à cela.

Mais je peux vous dire que ma conviction profonde est qu’il gagnera très largement. La présence des Africains à ses côtés lors des meetings politiques conforte les Vénézuéliens de toutes conditions de la place qu’occupe désormais leur pays sur l’échiquier international.

Nous sommes en compagnie d’autres supporteurs venus des autres pays de l’Amérique Latine, de l’Europe, de l’Asie et d’un peu partout. C’est vous dire la dimension que l’homme a acquise en quelques années à la tête de son pays. Il fait partie des nouveaux grands de ce monde.

Encore un mot pour conclure ce propos plutôt enflammé ?

• Nous sommes loin d’être à la fin. Vous aurez sûrement d’ici là les échos du déroulement de la campagne. Je compte sur vous pour partager ses moments avec nos frères restés sur le continent et qui suivent de près l’évolution de la situation ici au Venezuela. Je vous remercie.

Propos recueillis par Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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