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Défaite annoncée des Républicains : Bush contraint au partage du pouvoir

Publié le jeudi 16 novembre 2006 à 07h20min

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La bataille pour les élections de mi-mandat aux Etats-Unis d’Amérique a tourné à la faveur des Démocrates. Ils ont désormais le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants, les deux Chambres du Congrès, de même qu’ils occupent l’essentiel des gouvernorats du pays.

Une victoire qui a jeté le doute dans le camp des Républicains, contraints au partage du pouvoir. Une épreuve pour Georges Walker Bush qui ne disposera plus d’un blanc seing du Congrès pour faire sa guerre en Irak. Leçon de modestie et de réalisme politique pour les Républicains qui découvrent depuis la nuit du 7 novembre, que la république est fâchée contre eux, lasse de voir les siens souffrir à mort dans le désert irakien, obsédée de voir le pays tanguer économiquement, révoltée par l’affairisme qui caractérise ses responsables politiques.

Les Américains ont dit non aux Républicains le 7 novembre dernier. Appelés aux élections pour renouveler leur Chambre des représentants et le quart de leur Sénat, ils ont voté pour les Démocrates, qui s’installent confortablement au Capitol Hill pour partager la gestion du pays avec les Républicains pour au moins deux ans.

Coup dur pour les Républicains qui ne croyaient pas à une aussi cuisante défaite tant ils ont été optimistes tout le long de la campagne, soutenus par un Georges Bush grand tribun, qui a parcouru le pays du nord au sud et d’est en ouest pour soutenir les candidats de son parti.

Mardi 7 novembre. Il est 11 heures à College Park dans l’Etat du Maryland lorsque nous sommes arrivé dans un bureau de vote que l’école primaire la University park elementary school abrite, pour voir comment les élections sont organisées.

Nous sommes accosté par deux Noirs américains avec des dépliants, nous demandant de voter pour leur candidat, le Républicain Michael Steel. Juste avant d’entrer dans le bureau de vote, Jill Greenberg, une Démocrate, attire notre attention sur le fait que les documents que nous avons reçus des jeunes étaient du faux.

En fait les dépliants en question portent des photos de Démocrates qui appellent à voter républicain. Une alliance contre nature. "Dans l’histoire des élections aux Etats-Unis d’Amérique, nous n’avons jamais vu cela", s’exclame une militante Démocrate qui nous confie que ce sont des jeunes sans domicile de Philadelphie que les Républicains ont payés pour venir embrouiller les électeurs de l’Etat du Maryland.

C’est un climat de suspicion qui a alimenté la campagne pour ce scrutin de mi-mandat. Principaux accusés, les Républicains, à qui les Démocrates prêtent des manœuvres frauduleuses.

Le débat a surtout porté sur le vote électronique, mais finalement les plaignants semblent avoir eu beaucoup peur pour rien puisqu’ils sont sortis vainqueurs de la compétition, à moins qu’ils ne veuillent nous faire croire que la défaite des Républicains devrait être plus importante que cela.

Une défaite pour le moins dure pour le parti présidentiel, le G.O.P. (Grand Old Party) qui n’avait pas imaginé perdre et la Chambre des représentants et le Sénat. Finalement le coup de patte de l’âne (symbole des Démocrates) a été fatal à l’éléphant des Républicains. La défaite s’est étendue jusqu’aux gouvernorats.

Le réveil a été très difficile pour le président américain le lendemain des élections, lui qui, après l’annonce de la défaite de son parti, a reçu la démission de son très contesté secrétaire d’Etat à la défense, Donald Rumsfeld, (a-t-il d’ailleurs dormi la nuit des élections ?).

Aux urnes comme à la guerre, Georges Bush a perdu un de ses fidèles lieutenants, le cerveau de la guerre en Irak. Pourtant avant les élections, il mettait sa main au feu qu’il ne démettrait pas le patron du Pentagone, pour ensuite dire que le scénario avait été prévu sauf qu’il ne lui semblait pas stratégiquement indiqué de l’annoncer avant le scrutin.

Où est la vérité ? Un fait est que Donald Rumsfeld, dont les stratégies de guerre en Irak ont été longtemps critiquées par des officiers supérieurs de l’armée américaine, est parti, par la petite porte. Impopulaire, il l’était auprès de l’opinion publique américaine aussi.

Mais ce départ suffira-t-il pour redorer le blason du président Bush et de son parti qui ont désormais les yeux tournés vers 2008, année de la prochaine élection présidentielle ? La mission n’est pas impossible, mais difficile.

Pour la réussir, il faudra prioritairement réussir le test irakien, finir la guerre dans une "happy end" en minimisant les pertes dans les troupes Américaines, sans laisser le pays de Saddam Hussein dans le knock out (K.O.) total. L’équation ne semble pas aussi simple à résoudre.

Assurément Washington va changer son fusil d’épaule dans la guerre en Irak, s’il n’est pas imminent que les Américains rengainent.

La domination Démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants par les Démocrates, opposés à ce conflit, va changer immanquablement la donne dans le golfe. Georges Bush doit désormais partager le pouvoir avec eux.

Tout ne sera plus décidé par les Républicains, qui devront toujours avoir l’aval des Démocrates pour agir. En recevant la Démocrate Pelosy, la future "Speaker of the House" (présidente de l’Assemblée nationale dans le système politique du Burkina Faso) le 9 novembre à déjeuner, le président américain a donné le ton de ce que sera dorénavant la cohabitation.

Si les positions défendues lors de la campagne devaient se concrétiser, il faudrait s’attendre à ce que l’étau se resserre autour du locataire de la Maison-Blanche qui ne disposera plus de beaucoup de fonds pour soutenir l’effort de guerre. Le Congrès, dans une logique de procédure budgétaire, devrait en effet réduire le budget.

Mais plus que le simple principe de couper le budget pour faire infléchir Georges Bush dans sa politique de va-t-en guerre, les Démocrates devront trouver avec les Républicains une sortie honorable du bourbier irakien.

C’est toute la complexité du dossier irakien, car aujourd’hui, il est évident que les Américains ne peuvent pas se sauver de l’Irak sans les garanties d’un minimum de stabilité.

Mécontents de voir leurs soldats mourir chaque jour en Irak, les Américains ne supporteront plus de les voir y rester pendant encore longtemps. La question n’est plus de savoir s’il faut poursuivre la guerre, mais bien de la terminer honorablement.

C’est la salade que Georges bush a préparée et à la "dégustation" de laquelle les Démocrates se sont invités. Une manœuvre délicate pour Nancy Pelosy et ses camarades de parti, qui risquent de se faire éclabousser rapidement avant 2008.

Les Américains racistes et misogynes ?

Le vent a changé de direction aux Etats-Unis d’Amérique où les Républicains avaient mis le grappin sur la Chambre des représentants et le Sénat depuis bientôt 12 ans. Forts de leur brillante victoire aux élections de mi-mandat, les Démocrates peuvent mettre le cap sur la Maison-Blanche. Il ne reste plus que deux ans pour ce rendez-vous.

En attendant de voir quelle stratégie adopter pour définitivement clouer les Républicains au pilori, la lutte sera d’abord interne. Qui portera le drapeau Démocrate à l’élection présidentielle ? La question a plusieurs angles d’analyse parce que les potentiels candidats de ce parti sont Hillary Rodham Clinton, sénateur de New York et épouse de Bill Clinton, et Barack Obama, sénateur de l’Illinois.

Une femme contre un Noir américain. Comme le Washington Post du 12 novembre se le demandait si bien, « Les Américains sont-ils trop racistes ou trop misogynes ? » La question vaut son pesant d’or, car dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, l’arrivée d’une femme au prestigieux poste de « Speaker of the House » est une première.

Pour simplement résumer les obstacles auxquels les femmes de ce pays, exemple de la démocratie, ont toujours été confrontées. Un adage mossi dit que ce qui existe chez les Mossi existe aussi chez les Peul, sauf que les Mossis peuvent se vanter d’avoir eu Julie au Conseil économique et social, et actuellement Amina Mousso au Médiateur du Faso et même qu’une certaine Deborah Bony avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 1998.

Hillary Clinton a un bon manageur politique : son mari, mais cela suffira-t-il pour qu’elle soulève des montagnes ? Son rival Démocrate s’appelle Barack Obama, un métisse américain de père Kenyan et de mère Américaine. Son père, un étudiant Kenyan, avait fui ses responsabilités quand sa mère était enceinte de lui, mais Obama Barack ne se réclame pas moins Africain. Il était, il y a un an, en tournée en Afrique où il finance des projets sur ce continent berceau de l’humanité.

Aujourd’hui, ce jeune juriste et politologue de 45 ans a un bel avenir politique. Sénateur de l’Etat d’Illinois, c’est une vraie "bête politique" qui compte parmi les candidats sérieux à l’élection présidentielle de 2008.

Mais le fait d’être Noir est un boulet à son pied, car les Américains ont beau bannir le racisme de leur quotidien dans les textes officiels, sur la plan politique, c’est comme si les rôles étaient bien partagés.

Obama Barack est actuellement le seul Noir américain au Sénat, le 5e dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. No comment.

Il faut être un dur comme Barack pour se lancer dans une course à la présidence, mais comme son dernier livre, « L’audace de l’espoir », le dit si bien, ce garçon est bien audacieux et croit dur comme fer à ce qu’il fait.

Mais plus que de la volonté et de l’audace, il doit s’assurer que les Américains ne sont pas « trop racistes » pour citer mon confrère le Washington Post et espérer achever le rêve de Martin Luther King.

Si en 2008 les Américains ne confiaient la Maison-Blanche ni à Obama Barack ni à Hillarry Rodham Clinton, cela signifierait-il qu’ils ne portent pas les Noirs et les femmes dans leur cœur, politiquement parlant ?

Correspondance de Ouézen Louis Oulon
aux Etats-Unis d’Amérique

L’Observateur Paalga

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