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Guerre en Irak : Le déclic de la course au nucléaire

Publié le mercredi 15 novembre 2006 à 07h36min

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Les pays en quête de l’arme nucléaire n’ont plus peur de clamer haut et fort leur ambition d’acquérir « le joyau ». Une donne favorisée par la guerre en Irak.

Lorsque les USA entraient en guerre contre l’Irak, la communauté internationale dans sa grande majorité et les autres membres du Conseil de sécurité se sont opposés à cette option. Les raisons de ce refus de la guerre sont multiples. Il y a entre autres le refus d’une guerre de plus, le souci d’éviter un K.O. dans le pays et dans la région. Mais le Conseil de sécurité (sans les USA évidemment) voulait préserver,sauvegarder une arme fatale : la notion de la « menace de guerre ». Aujourd’hui cette « arme » de la pression politique qui aura fait ses effets a disparu.

Du coup, la guerre en Irak est apparue comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ou du moins, est le nouveau déclic à une course à la bombe nucléaire. Les pays qui ont renoncé à cette arme dès les années 60 ou à la fin de la guerre froide sont en train de se la procurer et ceux qui n’en disposaient pas, sont en quête. Cette attitude s’explique. Les USA n’ont pas utilisé l’arme nucléaire au Vietnam encore moins en Irak. Aussi, le droit international bien que boiteux a aujourd’hui droit de cité et l’opinion publique est plus qu’en alerte.

Tout le monde sait que les USA ne peuvent pas entrer en guerre contre tous. Ainsi, les « convoiteurs » de l’arme nucléaire ont deux solutions : forcer le destin comme l’Iran et la Corée du Nord qui jugent le moment propice parce que convaincus qu’après l’erreur de l’Irak, personne ne les attaquera. Il y a aussi les pays qui jouent la carte « de pays au régime démocratique ». La finalité dans les deux cas est la même.

La course aux armes

Selon le journal Le Monde, en 1960, l’Egypte, l’Italie le Japon, la Norvège, la Suède et l’Allemagne de l’Ouest avaient alors des programmes en cours ou envisagés. Depuis la fin des années 1970, seize autres (l’Argentine, l’Irak, l’Australie, la Libye, la Roumanie, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suisse, la Taïwan, l’Ukraine et le Yougoslavie) avaient déjà un programme de l’arme nucléaire. Si l’Iran devenait une puissance nucléaire, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Syrie, le Japon, l’Afrique du Sud entre autres seraient tentés de réviser leur position. Nombre de ces pays disposent déjà de missiles à moyenne ou à longue portée et pour certains des stocks d’armes biologiques ou chimiques.

Le Brésil et l’Argentine ont décidé quant à eux de relancer leurs programmes nucléaires qui furent pratiquement démantelées pendant la période néolibérale. En Argentine deux centrales nucléaires fonctionnent (Atucha I à Buenos Aires et Embalse à Cordola) fournissent 4% de l’énergie que consomme le pays. L’Argentine inaugura un réacteur nucléaire en Australie et pourrait mettre en route un autre réacteur au Venezuela.

Le Brésil de son côté, a inauguré au début du mois de mai son premier complexe nucléaire d’enrichissement de l’uranium. En Afrique, c’est l’Afrique du Sud qui démarrera en 2007 la construction du premier réacteur modulaire à lit de boulets (PBMR) (une source d’énergie nucléaire). La construction devrait être achevée d’ici à 2011. Selon les techniciens, elle offre la capacité de produire outre l’électricité à bas coût, de la chaleur à haute température pour la production de combustible à base d’hydrogène et d’autres procédés industriels.

C’est en 1994 que l’Afrique du Sud a renoncé volontairement à son programme nucléaire à but militaire. La RD-Congo, quant à elle, a organisé des journées portes ouvertes en juin 2006 sur les quarante- sept ans de ses activités nucléaires. Le centre de recherche nucléaire du Mont Amba dispose d’un réacteur nucléaire Triga MK 11. En plus des pays, il y a les terroristes qui opèrent dans ce secteur et jamais le marché noir du nucléaire n’a été aussi grand.

En octobre 2006, 12 pays dont les membres du G8 ont tenu une réunion à Rabat à huit clos sur le terrorisme nucléaire. Un autre paradoxe, c’est que l’Inde, le Pakistan et Israël se présentent comme des fervents défenseurs de la lutte contre la prolifération des armes nucléaire, sans pour autant être signataires du Traité de non-prolifération (TNP).

Réacteur nucléaire égal bombe atomique

Nombreux sont les pays qui parlent de programme civil. Pour cause, les politiques savent que leurs populations ne veulent pas d’armes nucléaires. C’est le cas du peuple japonais où à Hiroshima en août 1945 l’explosion de la bombe atomique à 300 m à la seconde a créé une boule dévastatrice de 6000°c. Dire qu’aujourd’hui, les armes nucléaires ont été « n » fois sophistiquées. Cependant un programme nucléaire civil ou militaire soit-il reste un danger permanent. Par exemple, le 26 avril 1986 le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose.

Un nuage radioactif s’est propagé sur toute l’Europe, touchant principalement la Biélorussie, l’Ukraine et la Russie. On dénombre des milliers de morts. Un rapport intitulé « Tchernobyl 17 ans après » récence les nombreux cas de cancer de la Thyroïde dus à la catastrophe et établit une carte de la contamination, des sols français par le césium 137 en 1986. Selon un rapport de Greenpeace 200 000 décès dus à la catastrophe ont déjà été constatés ces quinze dernières années en Russie, en Biélorussie et en Ukraine et d’ajouter qu’à l’avenir 270 000 cancers dont 93 000 mortels sont à prévoir. Les ruines du réacteur 4 resteront radioactives pendant des siècles.

Le plutonium 239 présent à l’intérieur du réacteur à une demi-vie égale à 24 000 (vingt quatre mille) ans. Que peut-on faire une fois l’unité nucléaire installée ? Pas grand chose. En 2002, les USA et la Russie se sont engagés à réduire de 6 000 à 2 000 le nombre de leurs têtes nucléaires opérationnelles d’ici à 2012. Les USA disposent de 5300 ogives nucléaires et 5000 autres en réserve. La Russie 4700, 3400 non stratégiques et 8800 en réserve. N’empêche, rien ne peut retenir les Etats qui ont virtuellement les capacités de rejoindre les huit pays possédant aujourd’hui des armes nucléaires.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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