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La mascarade des partis politiques au Burkina

Publié le jeudi 9 novembre 2006 à 17h26min

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La répétition est la mère de la conscientisation. Mais même parmi les intellectuels, il y en a beaucoup qui sont aveugles. Il faut que les gens soient conscients de la situation pour pouvoir opérer un changement. Vu l’agitation, les déclarations et les démentis des membres des partis politiques, ils ne se rendent pas compte que les partis politiques dans notre pays ne font que l’affaire de leur organe dirigeant.

Par exemple, être député rapporte plus de 15 millions F CFA par an. Pour éviter des malentendus, il y a des politiciens et des députés qui se battent en toute honnêteté pour le bien du pays, mais ils sont minoritaires ou même peu nombreux.

D’abord, les partis politiques sont menés par leurs responsables. C’est très bien que le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, remercie les citoyens de Ouagadougou pour le renouvellement de leur confiance, mais c’est une fausse manoeuvre car ce ne sont pas les citoyens qui l’ont réélu, mais l’instance dirigeante du CDP. Je ne suis pas contre ce maire. Mais dommage qu’il soit réélu avec les autres grands du CDP, tous les autres maires. Nombre d’entre eux seraient partis si les citoyens avaient eu le pouvoir, et peut-être que lui-même aurait pu nettoyer un petit peu l’écurie des lotissements.

L’ADF/RDA change après avoir été à la tête de l’opposition : Gilbert Ouédraogo a changé de camp, s’est rallié au CDP. Il a obtenu deux ministères comme récompense et, sur ma question, il a dit lui-même qu’il n’avait pas honte devant le peuple. Ensuite, toute une liste de démissions, d’adhésions ailleurs, de démentis : Farma le 15 septembre. Il était encore à Farma avec ses camarades, mais le 16 septembre, plusieurs conseillers se retirent du parti de Gilbert pour le CDP. Dédougou : certains membres de l’ADF/RDA s’en vont, pour le CDP. Ouahigouya, le 3 septembre, deux conseillers, le 8 septembre, d’autres suivent pour laisser le parti de l’ADF/RDA. Ils quittent leur parti pour réagir contre son président et pour rejoindre le parti où leur président se trouve déjà tout en n’étant pas membre. Comprennent ceux qui peuvent.

M. Douremané quitte son PDS (Parti pour la démocratie et le socialisme), après avoir participé à deux campagnes de vote en moins d’une année : PAI-PDR et PDS.

L’UNDD a organisé une marche contre le non-lieu de l’affaire Norbert Zongo, mais le collectif s’est distancié de cette manifestation. L’UNIR/MS n’y était pas non plus. Qui lutte pour qui et qui est contre qui ?

Plusieurs partis ont fait des assemblées pour étudier ce qu’ils vont faire. Entre autres, l’UNDD a fait le point, on se demande quel point elle a fait.

D’ailleurs les ABC (Amis de Blaise Compaoré), qui ne sont pas un parti politique, ont aussi refait peau neuve.

Beaucoup de partis agissent encore comme s’ils avaient quelque chose à faire pour le bien du pays.

Blaise Compaoré est le maître à bord. Le CDP est le parti qui fait ce que Blaise veut. Aucun autre parti n’y peut changer quelque chose. Pour les communes, c’est fini pour les partis non CDP. Le CDP a 89 % des communes. Pour l’Assemblée nationale, on va bien voir ce que Blaise Compaoré veut : un seul parti ou plusieurs partis comme fenêtre démocratique dans notre démocrature. En tout cas, une assemblée sans pouvoir réel, mais avec pour ses membres un revenu intéressant, à la fin du mois. On veut être député sans pouvoir influencer la marche du pays, même si plusieurs députés sont sincèrement de bonne volonté. Pour la fin du mois, il vaut mieux être député qu’être professeur à l’université ; mais là, on peut encore faire quelque chose pour l’avenir, en enseignant ce qui se passe par exemple à propos du libre échange Amérique-Mexique. Les jeunes peuvent ainsi se rendre compte de la situation intenable de notre pays et être convaincus qu’il faut que cela change pour leur avenir et l’avenir de leurs enfants, même s’ils s’affichent comme membres des ABC.

Néanmoins, ne désespérons pas. Même dans certains partis politiques qu’on pense complètement pourris, il y a des gens qui savent que ça doit changer et qui veulent que ça change.

Ayons confiance dans la jeunesse.

Si les citoyens veulent vraiment quelque chose, cela se fait : voyez ce qui est arrivé avec le port des casques.

Seigneur, tu soutiens les abandonnés et tu bénis le coeur des justes.

Il faut que les partis politiques cherchent le bien du pays ; ils vont chercher en plus leur propre avantage, car ici, au Burkina, cela semble une nécessité, mais au moins qu’ils cherchent le bien des citoyens. Chercher seulement ses propres intérêts aboutit nécessairement au pouvoir du plus fort, ce qu’on pourrait appeler la démocrature.

En attendant, faisons ce que nous pouvons pour le progrès. Consommons les produits burkinabè.

Bonne nouvelle : SOPROFA a payé une dette de 20 millions de F CFA aux riziculteurs.

F. Balemans B.P. 332 Koudougou

Le Pays

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