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Benoît Ouattara : « Le commerce équitable est une marque de justice et de respect à l’endroit des artisans »

Publié le mardi 31 octobre 2006 à 08h49min

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Benoît Ouattara, ministre en charge de l’Artisanat

A la veille de la 10ème édition du SIAO, Sidwaya a rencontré le ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’artisanat, Benoît Ouattara. Avec le ministre Ouattara, il a été question de commerce équitable, de la promotion de l’artisanat burkinabè et des prix des stands du SIAO que dénoncent de plus en plus les artisans aux moyens financiers limités

Sidwaya (S.) : Le thème du SIAO 2006 porte sur artisanat africain et commerce équitable. Que doit-on comprendre par commerce équitable ?

Benoît Ouattara (B. O.) : Le commerce équitable est né il y a environ 40 ans, et ce, en guise de réponse au disfonctionnement des relations internationales conventionnelles. Les premières manifestations d’équité dans le commerce sont apparues en Grande Bretagne. Le commerce équitable est donc une alternative aux problèmes d’accès aux marchés, de la rémunération que les travailleurs ou des producteurs peuvent tirer de leurs activités.

Aujourd’hui on peut dire que les travailleurs des petits métiers peuvent donc tirer profit de leurs activités dans les pays qui acceptent le commerce équitable. C’est donc une marque de justice et de respect à leur endroit. C’est une idée noble car elle prend en compte l’éthique du consommateur. Ce partenariat nouveau doit forcément, dans les principes et les règles du commerce, apporter un soulagement aux producteurs marginalisés du Sud.

Le commerce équitable qui représente aujourd’hui moins de 0,01% du commerce mondiale est un phénomène en pleine croissance. Il y a donc une prise de conscience grandissante dans les pays du Nord pour un équilibre dans le commerce mondial. En tant que pays du Sud, nous sommes parties prenantes de cette vision. Et pour bien situer le thème du prochain SIAO qui porte sur artisanat et commerce équitable, il faut faire référence à un discours du président du Faso, dans le cadre d’une démarche historique.

Le président avait interpellé l’Organisation mondiale du commerce (l’OMC) sur le cas du coton dont le traitement à l’échelle mondiale se traduisait par des pertes de revenus pour les producteurs burkinabè et africains. Ces derniers sont lésés à cause des subventions des producteurs du Nord. Aussi le commerce équitable au niveau du café, du cacao, du coton s’est étendu aujourd’hui à l’artisanat. Le thème du SIAO est donc une reconnaissance du travail des artisans.

Grâce à eux, notre artisanat est mieux connu. Cette approche mérite aussi un partenariat équilibré et respectueux. Le SIAO permet de les placer dans des circuits du commerce où ils étaient absents. Il faut maintenant travailler à ce que les artisans soient les bénéficiaires de ce commerce équitable.

Dans le cadre de l’artisanat, l’équité recherchée est de permettre à l’artisan, de toucher une meilleure rétribution de son travail. Par exemple le bronze, ou le bogolan burkinabè achèté à un certain prix peut se retrouver par exemple à Paris sur les champs Elysés sous un label non équitable et vendu à un prix vingt fois supérieur. C’est cela que nous combattons. Et je puis vous assurer qu’il y a des structures efficaces qui accompagnent les artisans dans cette lutte. Mais cela est moins visible chez nous.

S. : Comment faire alors pour que le fabriquant de chapeau de Saponé par exemple puisse avoir directement les retombées de son travail sans intermédiaire ?

B. O. : Il y a un système de garantis. Ce qui fait la particularité et la spécificité du commerce équitable, c’est que tout ceci est organisé autour d’un label qui est lui même garanti par un ensemble d’éléments permettant de savoir qu’au départ c’est l’artisan qui touche la meilleure rétribution. C’est possible grâce aux vérifications de façons récurrentes pour s’assurer que c’est le producteur de Saponé qui gagne mieux grâce à ses produits certifiés « commerce équitable ».

Il y a une transabilité pour les produits séchés tels que la mangue, le sésame qui sont déjà dans ce système de commerce équitable. Les producteurs et leurs boutiques équitables sont identifiés à l’avance. Il y a des contrôles successifs. Il faut impérativement des organismes de contrôles et de certifications pour démontrer aux gens que le Tee-shirt ou le café du consommateur est un produit équitable.

S. : Au moment où on parle de commerce équitable, des artisans se plaignent d’être lésés par les prix des stands du SIAO.

B. O. : C’est une appréciation légitime. Nous avons cependant ajusté le prix des stands, en tenant compte d’un certain nombre de charges. On ne peut pas imaginer que les stands aient le même prix qu’il y a dix ou quinze ans. Pendant la durée du SIAO, les pavillons climatisées consomment l’électricité en permanence afin de maintenir une certaine qualité d’accueil. Naturellement il y a un prix à payer.

Nous avons en outre pris les préoccupations des exposants en mettant à leur disposition des stands modernes, plus confortables, qui valorisent leurs productions. Dans le temps, les stands étaient en paille ou secco. C’étaient bien, mais au bout de deux ou trois éditions ça ne tenait plus. Il y a aussi la question de sécurité. Aujourd’hui le SIAO répond aux normes internationales et la hausse des tarifs tient donc compte des investissements réalisés.

S : Le SIAO produit-il des bénéfices ?

B. O. : L’Etat ne fait pas de bénéfice sur le SIAO. Nous ne l’avons jamais fait. L’Etat subventionne plutôt cette manifestation.

S. : Le SIAO au fil des années ne semble plus être l’affaire des seuls artisans mais aussi d’autres secteurs d’activité.

B. O. : Il faut relativiser. Le SIAO reste centré sur l’artisanat africain. Il y a eu une tentative d’ouvrir le SIAO à d’autres secteurs. Mais nous avons « banni » cette initiative. Nous avons aussi estimé que la pharmacopée traditionnelle doit chercher un cadre plus adapté. D’ailleurs, il y a un salon à cet effet. Ces derniers se revendiquent certes de l’artisanat, mais ils ne seront pas de la manifestation cette année.

Hamadou TOURE
Assétou BADOH

Sidwaya

P.-S.

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SIAO 2006

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