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Réélection de Lula au Brésil : Qui donne aux pauvres, prête aux électeurs

Publié le mardi 31 octobre 2006 à 08h35min

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Luiz Inacio Lula da Silva

Pas de surprise ; le verdict des urnes au Brésil lors de l’élection présidentielle du dimanche 29 octobre dernier a donné comme vainqueur, le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva. Celui-ci a triomphé avec plus de 60% des voix, contre 39,4% à son rival social-démocrate, Geraldo Alckmin.

Cette victoire sonne, comme lors de sa première élection en 2002, une victoire des pauvres sur le musellement de la richesse aux mains d’une petite entité.

Pour beaucoup de gens, quand on parle du Brésil, c’est le football avec son titre de quintuple champion du monde. Les stars du ballon naissent comme des champions après la tornade. Si ce n’est pas le foot, c’est la Samba, les paillettes et les dorures, les telenovela ou encore la forêt amazonienne. Tout cela fait voir l’immensité de ce pays d’Amérique du Sud de plus de 8 514 877 km. Mais le Brésil, c’est aussi les favelas, ces fameux bidonvilles qui pullulent à Brasilia et dans les autres villes. Voici un pays émergent dont une partie de la population croupit dans une misère écrasante.

C’est précisément pour cela que l’arrivée de Ignacio Luiz Lula da Silva avait donné beaucoup d’espoir. Comme quelques autres avant lui à l’image de Lech Walesa en Pologne, c’est un ancien ouvrier métallurgiste qui s’est fait à la force du poignet et compte gouverner pour les petites gens.

Très nombreux sont ceux qui étaient sceptiques de la gestion des affaires de Lula car entre les revendications maximalistes des syndicalistes et la marge de manœuvre du pouvoir, les gens ont vite fait de trouver des failles. Tout compte fait, il semble avoir réussi plus qu’il n’a échoué faisant notamment reculer la pauvreté de 19%. Au cours de son premier mandat, ce sont quelque 11 millions de familles qui ont été soustraites de la misère. On pourra dire que 11 millions sur les 172 millions d’habitants que compte cet Etat, c’est peu, voire insignifiant. Mais ce serait pêché contre l’esquif car ce sont quand même des gens qui ont accédé à une vie plus digne en attendant mieux.

Ce recul de la pauvreté, les Brésiliens le doivent à la sensibilité de leur président qui n’a pas oublié d’où il vient et de réaliser ce qui peut paraître ailleurs comme un exploit. Malgré ces propres limites, Lula a réalisé ce qu’aucun gouvernement précédent n’avait essayé : donner beaucoup d’importance au social.

Des plans comme « bourse de famille » et « lumière pour tous », l’appui à l’agriculture familiale ont été les grandes innovation de l’ère Lula. Il s’est vraiment illustré comme le défenseur des pauvres en luttant efficacement contre l’inflation et pour la hausse du salaire minimum.

C’est la preuve que la volonté politique, comme la foi, peut faire déplacer des montagnes. En d’autres termes, quiconque, politique soit-il, donne un peu de soi aux pauvres, ne fait que prêter aux électeurs.

On se demande si un chef d’Etat comme Blaise Compaoré ne gagnerait pas à y aller faire un stage pour faire reculer la pauvreté chez nous. Car malgré les milliards engloutis, les Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP) revus, corrigés et régulièrement mis à jour, la pauvreté, au lieu de reculer, semble avancer.

C’est la preuve que nos politiques manquent quelque part de réalisme. Il n’y a pas honte à prendre l’expertise chez les autres. C’est d’ailleurs l’objectif des relations bilatérales. Lula a donc donné au pauvres, et cela s’est transformé aujourd’hui sous forme de prêt aux électeurs.

Kader Traoré

L’Observateur

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