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La SOPROFA porte plainte contre Christian Koné

Publié le lundi 30 octobre 2006 à 06h41min

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Usant de son droit de réponse, la SOPROFA dément catégoriquement les propos de T. Christian Koné, selon qui la Société de promotion des filières agricoles aurait bénéficié de l’Etat burkinabè la bagatelle de 18 milliards FCFA pour la constitution de son capital.

La SOPROFA, comme on le verra ci-après, ne se contente pas du démenti, mais porte plainte contre Christian Koné, l’auteur de l’article paru dans nos colonnes le 24 octobre dernier sur le naufrage de l’opposition burkinabè.

Dans un article publié dans les quotidiens « L’Observateur Paalga » n° 6751 et « Le Pays » n° 3734 du mardi 24 octobre 2006 sous le titre « Il faut sauver l’opposition du naufrage », Monsieur Koné T. Christian écrit à propos de la SOPROFA les lignes suivantes : « Pour lancer cette entreprise, l’Etat burkinabè a décaissé 18 milliards de nos francs pour sa participation au capital de la société en partenariat avec le groupe Aiglon S.A. Mais 5 ans après, force est de reconnaître que cette affaire (...) a été un échec, car non seulement les objectifs n’ont pas été atteints, mais mieux, SOPROFA est en quasi cessation de paiement ».

Face à ces affirmations gratuites, nous nous devons de faire une mise au point claire. La création, en 2001, de la Société de promotion des filières agricoles (SOPROFA) répondait au souci de contribuer à la résolution des grands maux qui entravent le développement de l’agriculture burkinabè. En effet, à travers ses objectifs de promotion des filières agricoles, la SOPROFA constitue un véritable outil d’accompagnement de la politique agricole du Burkina Faso, notamment :
en facilitant l’accès, à crédit, aux intrants de qualité comme les semences, les engrais, facteurs contribuant à l’intensification des productions agricoles ;
en assurant la commercialisation des produits agricoles autres que le coton.

La SOPROFA est une société d’économie mixte au capital de 500 000 000 FCFA entièrement libéré par le Groupe L’Aiglon Holding à hauteur de 75%. La participation de l’Etat burkinabè s’élève à 25%, soit 125 millions de F CFA, entièrement libérée et utilisée pour l’acquisition de la logistique. Les documents relatifs à cette participation, notamment le décret n°2001-404/PRES/PM/AGRI/MCPEA/MEF du 24 juillet 2001 ; la décision n° 2002-0134-MEF/SG/DGB/DBC/BI/du 04/02/2002 autorisant le virement des 125 millions F CFA sont disponibles et Monsieur Koné peut en prendre connaissance à tout moment.

Il pourra nous dire par la même occasion de quelle source il détient les informations saugrenues selon lesquelles l’Etat a participé à hauteur de 18 milliards F CFA au capital de la SOPROFA. Bien au contraire, l’Etat, qui devait contribuer en plus au fonds de roulement, n’a pas honoré son engagement.

Réalisations

Au terme de ses deux premières campagnes de mise en œuvre de ses programmes et activités, les réalisations de la SOPROFA peuvent se résumer ainsi qu’il suit :
couverture des 13 régions du pays par le préfinancement à crédit d’intrants auprès de producteurs céréaliers et maraîchers ;

apport d’un appui conseil avec la participation des structures décentralisées du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ; du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, à travers l’INERA pour la multiplication des semences de base certifiées de diverses spéculations ;

mise en place de plus de 10 000 tonnes d’engrais, de pesticides, et de semences sélectionnées pour une valeur globale de plus de 4 milliards de F CFA pour la production céréalière et horticole ;

achat direct auprès des producteurs de plus de 50 000 tonnes de produits agricoles, dont : 15 500 tonnes de paddy, 24 800 tonnes de céréales, 7 500 tonnes de sésame, 2000 tonnes de tomate, pour une valeur globale d’environ 20 milliards de F CFA, qui en termes d’impact a profité à 1068 villages, à 1335 groupements de producteurs contribuant ainsi à l’augmentation des revenus du monde rural ;
production de plus de 900 tonnes de semences certifiées.

C’est vrai ! Il y a eu des difficultés

La mise en œuvre des programmes et activités de la SOPROFA pour la promotion de filières aussi sensibles que les céréales traditionnelles, le riz, les fruits et légumes ne pouvait s’effectuer sans difficultés majeures au titre desquelles nous relevons l’instabilité et la faible rentabilité des filières céréalières.

Ainsi, la SOPROFA qui se devait surtout de concilier les considérations à la fois économiques et sociales, fit face à des contraintes majeures. A titre iIIustratif, la SOPROFA a procédé à l’achat des 24800 tonnes de céréales à raison de 9 000 F CFA le sac de 100 kg, toutes charges confondues, alors que le prix du sac de 100 Kg bord champ était de 8 000 F CFA à l’époque.

Le but visé était d’assurer un prix rémunérateur et encourageant pour les producteurs. En l’absence de possibilité d’écoulement bénéfique de ce stock au plan national, la structure a sollicité une autorisation d’exportation des produits qui lui a été refusée à l’époque par l’Etat actionnaire. Cela a eu pour conséquence une dépréciation des produits suite aux attaques multiples liées à leur longue conservation. Ainsi, ces céréales ont été revendues à 4 000 FCFA le sac de 100 kg entraînant une perte de 1 240 000 000 FCFA.

Par ailleurs, la société fut confrontée à une concurrence déloyale qui ne lui a pas permis d’écouler les 900 tonnes de semences certifiées produites. Elle a dû les revendre au prix du marché local pour la consommation des ménages avec un manque à gagner de 414 000 000 F CFA. Les engagements contractuels à la production n’ont pas toujours été respectés par les paysans. Ceux-ci ont souvent évoqué le prétexte des aléas climatiques pour justifier la nécessité d’un report du remboursement.

En l’absence de fiabilité des cautions solidaires au remboursement, de garantie de monopole à la collecte et à la commercialisation, la SOPROFA après s’être investie malgré tout dans la production de maïs, de riz, de sésame et de tomate, n’a pu enregistrer qu’un faible taux de remboursement variant entre 25 et 40% selon les spéculations. Cette situation a conduit à l’enregistrement d’une créance de plus de 500 millions de F CFA. En retour, la SOPROFA devait à l’ensemble des producteurs la somme de 135 millions environ.

C’est dans ce contexte difficile qu’est née la crise ivoirienne. Elle fut un obstacle majeur pour la SOPROFA qui pourtant nourrissait de grandes ambitions au départ. Car le Groupe l’Aiglon S. A., la société mère, a subi un préjudice de 72 milliards de F CFA environ dans ce pays voisin. En effet, ses usines de coton ont été pillées et saccagées à Bouaké et à Korogo, entre autres.

Perspectives prometteuses, malgré les difficultés

Les deux premières années de la mise en œuvre de la SOPROFA confirment malgré les difficultés rencontrées, que seule une telle structure serait à même de stimuler le développement réel des filières, par ses implications en amont et en aval de la production. La SOPROFA a surtout eu le mérite d’être la toute première structure du genre, à accompagner notre politique agricole dans la promotion des filières autres que le coton. Malgré l’extrême sensibilité ainsi que la très faible rentabilité des filières céréalières, la

SOPROFA a injecté plus d’une vingtaine de milliards de francs CFA, en achat direct auprès d’environ 400 000 producteurs agricoles des 13 régions agricoles, contribuant ainsi à une réduction significative de la pauvreté dans le milieu rural.

Aussi, il est illusoire de penser qu’une structure comme la SOPROFA, vu la complexité de sa mission, ne connaît pas de difficultés dans les premières années de sa mise en œuvre ; on s’attendait logiquement à des difficultés dont la résolution progressive devrait au fil des années d’expérience, améliorer ses prestations.

Au lieu de s’enfermer entre quatre murs et publier des articles mensongers, M. Koné aurait pu sillonner les 13 régions du Burkina pour s’enquérir de la réalité auprès des producteurs. Ceux-ci lui auraient sans doute confirmé le passage avant lui des équipes de la SOPROFA qui ont achevé le paiement intégral des sommes dues.

Actuellement, la société est en pleine réorganisation et poursuit ses activités, avec l’adhésion et la confiance retrouvée de ses partenaires du monde rural, malgré toutes les tentatives de dénigrement et de déstabilisation dont elle fait l’objet. Face à ces propos diffamatoires et mensongers, la SOPROFA porte plainte contre M. Koné T. Christian afin que la justice et l’opinion publique soient définitivement situées sur la véracité des faits.

Pour le Directeur général de la SOPROFA
Le Directeur administratif et financier John Damessi

Observateur Paalga

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