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Résolutions des crises en Afrique : Changer les méthodes d’approche

Publié le vendredi 27 octobre 2006 à 08h21min

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Les résolutions des crises africaines n’ont pas évolué depuis la période de la guerre froide. On se contente de satisfaire des individus avec parfois des postes dont le bien-fondé reste à démontrer : une sorte de partage du « butin » qui ne prend pas toujours en compte la paix sociale.

Les résolutions des crises en 2006 ne doivent pas se faire comme il y a de cela un demi-siècle. Les relations internationales évoluent. Les alliances et les enjeux politiques sont en pleine mutation. Par conséquent, les vieilles méthodes n’ont plus droit de cité. Forte de ce constat, l’Organisation des Nations unies (ONU) a pris des mesures pour adapter sa stratégie tant au niveau économique que politique.Ainsi les agences des Nations unies iront dorénavant en rang groupé vers les gouvernements et le secteur privé et ce, avec un programme commun. Quant à la résolution des crises, les dynamiques sous-régionales seront parfois préférés au déploiement de forces d’intervention.

La disparition du conseil de tutelle et l’extension du Conseil de sécurité à d’autres membres permanents sont la preuve d’une organisation qui veut se mettre à jour. Cette donne doit inspirer les organisations africaines, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et tous les autres dont la gestion des crises n’a pas évolué, ou pire, est en déphasage avec son époque. La gestion des crises n’a pas bougé d’un iota dans sa démarche.

Elle s’opère toujours comme au temps de la période de la guerre froide où l’enjeu demeurait le pouvoir d’Etat. Chaque puissance s’organisait pour hisser son homme capable de défendre ses intérêts à la tête de l’Etat aligné ou non aligné.

C’est dans cette lancée que les organisations continuent de régler les crises comme si la guerre froide existait toujours. La seule valeur demeure le partage du pouvoir.

Ainsi, lors des signatures de cessez-le-feu, on s’arrange pour créer des postes de vice-présidents... souvent à la limite du ridicule. L’essentiel étant de contenter tous les protagonistes comme s’il ne s’agissait que d’un partage au butin.

Le cas récent de la Côte d’Ivoire illustre cette démarche déplorable. Alors que d’aucuns proposaient la création de vice-présidences avant le Sommet de la CEDEAO, on a plutôt maintenu « de fait le statu quo avec cependant un élargissement et un renforcement des pouvoirs du Premier ministre. En réalité, il n’est point besoin d’être un devin pour savoir qu’il s’agit d’un projet mort-né.

Tout ce qui a été écrit restera lettre morte et c’est réparti pour une autre partie de manège où le camp présidentiel dira : désarmement des rebelles d’abord. Ces derniers, à leur tour, exigeront d’autres mesures avant de déposer les armes. Ainsi, le seul aspect demeure le problème du fauteuil présidentiel si comme une fois résolu, tout ira bien.

Pourtant, ce qui a manqué dans la résolution de cette crise, un cas fréquent dans la gestion d’une grande majorité d’ailleurs, est le fait de ne pas associer les vrais « hommes de terrain » à même de mettre à mal la paix sociale. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens, au fort de la crise, se plaisaient à dire que « le pouvoir est dans la rue ». Cela sous-entend que les leaders politiques n’en sont pas vraiment rien et ne maîtrisent pas de fait, les hommes sur le terrain. C’est pourquoi au lieu de menacer d’inculper X ou Y, il aurait fallu associer toutes les couches de la société civile à la résolution de la crise.

Ainsi, Charles Blé Goudé et ses compagnons devaient, eux aussi, parapher des documents où ils s’engageront fermement à respecter les actions pour la paix et ce, en accompagnant le processus.

Au vu de ce qui s’est passé lors des audiences foraines, il faut reconnaître que ces derniers ont un « poids » réel dans la balance, au lieu de croire qu’ils sont de simples groupuscules ou citoyens manipulés. L’ex-compagnon de lutte de Guillaume Soro à la FESCI (le Mouvement étudiant) a aujourd’hui plus de pouvoir de mobilisation que des politiciens en Côte d’Ivoire. Dans le même ordre d’idée, les « petits » partis politiques ainsi que les confessions religieuses... dont l’impact dans la société est significative, mériteraient d’être entendus. C’est un des moyens pour une meilleure consolidation de la paix.

Du reste, la résolution de la crise togolaise à travers ce qu’on a appelé le dialogue intertogolais devrait inspirer les médiateurs et les organisations. Car au-delà des calculs et autres convoitises, toutes les couches sociales se sont exprimées. Cette démarche a eu le mérite de ne pas contenter uniquement ceux qui sont en quête du pouvoir, notamment le fauteuil présidentiel, mais aussi la société civile.

La volonté manifeste à travers un engagement ferme à rechercher la paix, a permis aux politiciens et à la société civile de renforcer la paix sociale. Il y a donc lieu d’interpeller les organisations africaines pour qu’elles essaient de consolider le climat de paix au moment de la résolution des crises. Sinon elles continueront à satisfaire des individus au détriment de la paix sociale.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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