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Prix du coton : Le président du Faso interpelle le gouvernement américain

Publié le vendredi 27 octobre 2006 à 09h07min

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Blaise Compaoré

Le 25 octobre 2006, le président Blaise Compaoré est intervenu par vidéo conférence, devant les participants à une conférence organisée sur le coton à Washington, à l’initiative de l’ONG suisse IDEAS.

Très engagée dans le combat des pays africains pour le respect des règles du commerce international, IDEAS avait apporté son concours, lorsque le président Blaise Compaoré s’était rendu au siège de l’Organisation mondiale du commerce à Genève, en juin 2003.

La conférence de Washington regroupe notamment des représentants du gouvernement américain et d’Etats africains, des institutions internationales, des ONG, et des producteurs américains. Avant de répondre aux questions des journalistes américains réunis au National Press Club, le président du Faso a prononcé l’allocution suivante.

Messieurs les Ministres,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les Journalistes,

Je voudrais me réjouir de l’heureuse initiative prise par le centre IDEAS-Genève d’organiser la présente conférence sur le coton, quelques mois après l’échec de la conférence de Hong - Kong. Je saisis cette occasion pour exprimer toute ma reconnaissance à la presse internationale qui s’est mise véritablement aux côtés des pays africains producteurs de coton pour faire un large écho de leurs préoccupations.

Mesdames, Messieurs,

Le coton joue un rôle déterminant dans le dispositif stratégique de lutte contre la pauvreté au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad.

Il représente en moyenne 6,5 % du produit national brut et environ 70 % des recettes d’exportations agricoles. La raison d’être et de vivre de quinze millions de producteurs et celle de leurs familles en dépendent ; en outre, il contribue à l’équilibre socioéconomique de toute une région.

Pour toutes ces raisons, la problématique de la juste rémunération du coton africain demeure ; elle ne peut rester indéfiniment sans réponse.

J’apprécie la disponibilité des pays du Nord d’allouer une aide exceptionnelle, transitoire et ciblée. J’y vois un élément complémentaire à la solution au problème coton. Mais il n’a aucune faculté réparatrice du préjudice subi, et ne saurait se substituer au règlement commercial que j’appelle de toutes mes forces.

Mesdames, Messieurs,

Au Burkina Faso, le coton représente environ 60 % des recettes d’exportation et contribue avec ses externalités (activités d’égrenage, de transport, etc.) pour plus de 25 % à la formation du produit intérieur brut. Si entre 2003 et 2005, l’incidence de la pauvreté a reculé de quatre points, c’est compte tenu des performances globales du secteur agricole, et en l’occurrence, de la dynamique de la filière cotonnière qui procure des revenus et fait vivre près de 20 % de la population burkinabé.

Cette réalité poignante a forgé ma conviction sur la nécessité de privilégier l’approche droit dans la recherche de solution au problème de rémunération des cotonculteurs africains, en rappelant tout simplement les règles et principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

C’est bien dans cet esprit qu’il faut comprendre mon investissement personnel et celui de mon pays, mais aussi l’appui des pays amis : le Bénin, le Mali et le Tchad à travers l’initiative sectorielle.

Je suis bien heureux de constater que mon plaidoyer devant le comité de négociations commerciales de l’OMC en juin 2003 a eu de l’ écho au niveau des différents fora qui se sont tenus en Afrique et en Europe, en prélude à la conférence ministérielle de l’OMC de décembre 2005 à Hong- Kong. Toutefois, c’est bien regrettable que cette conférence ait été celle des espoirs déçus pour les pays africains producteurs de coton.

Mesdames, Messieurs,

En Afrique d’une manière générale et principalement dans nos pays concernés, nous avions cru aux vertus de l’économie libérale où le marché reste la principale institution de régulation des prix et où la concurrence et la compétition sont source d’émulation et d’amélioration des capacités productives.

Toutes nos économies ont été réformées et dans ce cadre, toute forme de subvention aux producteurs leur a été supprimée pour favoriser cette dynamique. Mais hélas, certains pays les plus libéraux ont choisi volontairement de bafouer les règles vertueuses de l’économie de marché, sous le regard impuissant de l’Organisation mondiale du commerce.

Mesdames et Messieurs,

La suspension des négociations commerciales au sein de l’OMC ne favorisera pas la résolution du dossier coton, même si certains éléments liés au traitement spécial et différencié ont été clarifiés et convenus.

Cette situation est de façon évidente préjudiciable à l’initiative sectorielle. Aussi, la présente conférence offre-t-elle une nouvelle occasion pour débattre de façon sereine du dossier coton. Il me semble important d’aboutir au plus vite à des décisions efficaces et rapides afin de sauver des millions de cotonculteurs de la ruine, et de freiner de façon durable le mouvement d’exode de jeunes vers l’Europe notamment ; phénomène qui a défrayé la chronique ces derniers mois.

Dans le cadre du traitement spécial et différencié, j’apprécie l’engagement formel des Etats-Unis sur la suppression des subventions à l’exportation sur le coton, mais aussi cette opportunité qu’ils offrent à nos pays, à travers le Millenium Challenge Account, de réaliser des investissements structurants et de lutter contre la pauvreté. Toutefois , au moment où se discute le renouvellement de la loi d’orientation agricole des Etats-Unis, je veux parler de la Farm Bill, je voudrais interpeller le président des Etats-Unis ainsi que les membres du Congrès sur l’urgence d’examiner de façon minutieuse, les questions liées au coton notamment les soutiens internes accordés aux cotonculteurs américains, en tenant compte des orientations stratégiques de l’Initiative sectorielle sur le coton et des règles de l’OMC.

Les populations africaines ont placé toute leur confiance dans le système commercial multilatéral pour rétablir les règles d’un commerce international juste et équitable du coton. L’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui jette à juste titre des doutes dans leur esprit sur les capacités réelles d’arbitre de l’OMC, notamment dans la résolution des problèmes commerciaux qui se posent aux pays les plus pauvres de la planète.

Aussi, par ma voix les producteurs africains du coton lancent-ils un appel fort pour la reprise des négociations, car la gravité et l’urgence des problèmes auxquels ils sont confrontés sont telles qu’ils ne peuvent pas se permettre d’attendre indéfiniment.

Bien sûr qu’au delà des questions commerciales, il est à noter que la filière coton en Afrique connaît également d’autres difficultés structurelles et organisationnelles qui entravent sa productivité et sa compétitivité.

J’ose donc espérer que le renforcement de la coopération internationale avec les pays africains concernés générera bientôt des programmes intégrés pour faire face à ces contraintes, et aussi lutter de façon efficace et durable contre la pauvreté dans les zones rurales. Finally, I hope that this Conference will have a real impact on negociations resumption and that the American side will further understand the need for both poor countries and rich countries to firmly work towards fair agreements on cotton.

I thank you.

Sidwaya

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