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Politique au Burkina : "Il faut sauver l’opposition du naufrage"

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 08h20min

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A travers cette déclaration où comme à l’accoutumée il n’épargne aucune composante de la scène politique, Christian T. Koné, le président du Parti national de la renaissance/Juste Voie (PNR/JV), se demande si l’opposition politique burkinabè va se décider à jouer enfin son rôle.

Les partis politiques de l’opposition au Burkina Faso doivent savoir qu’on ne peut instrumentaliser indéfiniment le peuple. En effet, il y a des faits troublants qui ne devraient laisser personne indifférent : les citoyens patriotes, les intellectuels et notamment "l’opposition politique" qui a perdu tout repère après la raclée électorale quelle a subie aux dernières élections présidentielle de novembre 2005 et municipales d’avril 2006.

Dans tous les cas, l’opposition ne peut s’en prendre qu’à elle-même, car pendant longtemps les dirigeants de cette opposition ont cru en leur popularité. La plupart d’entre eux ont émergé de la crise socio-politique née du drame de Sapouy en 1998, suite à l’assassinat cruel de Norbert Zongo et de ses compagnons. Par leur duplicité ils ont permis la reprise en main du processus démocratique par le CDP qui s’est permis de modifier la loi électorale plus ou moins consensuelle obtenue de haute lutte en 2000 par le mouvement démocratique.

A présent, des enjeux certains se profilent à l’horizon avec les élections législatives de mai 2007. Malheureusement cette opposition, qui devrait être l’espoir du peuple, est engluée dans ses propres contradictions, minée qu’elle est par une grosse taupe et autres opposants de façade et de salon qui torpillent le processus démocratique en cours, retardant dangereusement les échéances.

Mais peut-on attendre quelque chose d’une « élite » fossilisée, qui ne peut pas rebondir avec des scores aussi humiliants (environ 4% pour le premier des derniers opposants et de 2 à 0 % pour les autres). Tel est le vrai visage de la scène politique burkinabè. Le pouvoir quant à lui n’a pas à se réjouir du résultat de son président- candidat. L’analyse approfondie révèle la médiocrité de son score et aussi la défiance du peuple vis-à-vis du système qui nous gouverne : lors des présidentielles, il n’a obtenu que 80% de 3 800 000 électeurs sur un potentiel électorat de 9 000 000. Ce qui est bien maigre, voire dérisoire.

Le Burkina sera la volonté de tous

Pour réhabiliter le processus démocratique et sauver l’opposition du naufrage, depuis déjà bien longtemps, nous appelons à la relecture de la loi électorale tout en dénonçant les pratiques mafieuses du CDP et de ses satellites. Après la sortie pitoyable de la CFD qui a plaidé l’abandon de la CENI, et l’organisation des élections par le MATD, c’est le PARIS qui nous gratifie d’une bêtise monumentale en se prononçant pour la suppression du verrou de la limitation à 2 du nombre de mandats présidentiels prévue par l’article 37 de la Constitution. Nous n’avons même pas encore fini de dénoncer les dérives monarchiques qu’il se trouve des gens qui, au nom de quoi ou de qui, rament en sens contraire de l’histoire des peuples et des nations.

Pour nous les choses sont claires, le Burkina est un pays multiethnique et multiculturel. Si certains peuples à travers leur culture trouvent leur compte dans la féodalisation de la république, il est hors de question pour les autres peuples dit « acéphales » (une injure à notre organisation sociopolitique et culturelle) d’entériner une telle aberration. Alors que les uns et les autres se tiennent pour dit, le Burkina sera la volonté de tous ou ne sera pas. Comment comprendre qu’en ce 21e siècle il se trouve des gens de bas instinct qui manipulent les sentiments d’un clan ou d’une nationalité, dans le seul but de beurrer leur pain sur le dos du peuple en foulant au pied les principes élémentaires de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Les subterfuges ne passeront pas tant que nous serons vigilants pour dénoncer cette catégorie d’intellectuels qui ne disposent d’aucun faisceau de lumière ni d’intelligence pour éclairer la marche de notre peuple vers son émancipation véritable. Seuls les événements révèlent les grands hommes et le Burkina est à la croisée des chemins.

Tout ce qui se passe et se fait aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard ; c’est l’aboutissement d’un système qui a pris corps en 1987 avec la prise du pouvoir par le régime du Front Populaire avec Blaise Compaoré comme précurseur. Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, sont venus aux affaires avec des intentions qui diffèrent profondément de ceux de l’initiateur de la Révolution du 4 août 83. D’où le dénouement sanglant qui a ouvert la voie à la perversion des moeurs de la société. Les constats sont là pour en témoigner :

• introduction et pratique de la corruption à grande échelle ;

• course à l’argent facile et l’abus de biens sociaux ;

• concupiscence, et délinquance en col blanc ;

• la concussion et gangstérisme politique.

Dans cette même logique, s’est développé le clanisme, le clientélisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme, toutes ces attitudes qui entravent le développement harmonieux socioéconomique, politique et culturel du pays. Une telle gestion de notre pays est déséquilibrée, inique, anti-nationale et somme toute antipatriotique.

Le régime de la IVe République, incarné par le chef de l’Etat, a érigé le chantage, le mensonge, la propagande et l’impunité en méthode de gouvernement. A présent, il faut bien alimenter le monstre pour maintenir le régime aux affaires ; c’est ainsi que s’expliquent des projets fallacieux comme SOPROFA, les affaires douteuses, tels les fameux prêts de la CNSS à des opérateurs économiques et le tout couronné par le laxisme de la justice.

Quand nous dénonçons le mensonge, la fourberie, la propagande et l’arrogance comme méthode de gouvernement, le cas s’applique bien à la ville de Ouaga. Le bourgmestre après avoir restauré l‘hôtel de ville pour plus d’un milliard cinq cent millions (1 500 000 000) de francs CFA, le voilà incapable de réunir les fonds nécessaires à la réhabilitation du marché pour enfin dire que les travaux effectifs ne démarreront qu’en 2009. Voilà qui est dit et bien dit. Enfin, on en vient à la vérité. Celui qui a placardé son effigie sur les bus de la SOTRACO, question de remercier ses électeurs, daigne descendre sur terre pour dire la vérité à ses administrés et cela bien après qu’il a engrangé et capitalisé leurs votes (du cynisme ?).

Les affaires

Non ! Les méthodes doivent changer et nous, de l’opposition devrions être aux côtés du peuple pour dénoncer l’incurie de la classe dirigeante ; nous seuls pouvons disséquer la fourberie des gouvernants et permettre au peuple de comprendre la subtilité des propositions trompeuses qui lui sont faites et réveiller sa conscience. Exemples :

* L’affaire de l’ancien ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation où plus de sept cent cinquante millions (750 000 000) de francs CFA ont été passés en pertes et profits au détriment de l’Etat et du peuple.

* L’affaire de la Route nationale I (axe Boromo-Bobo) financée par l’Union européen pour un montant d’environ 11 milliards où on a assisté à une mauvaise exécution des travaux et la reprise au jour d’aujourd’hui de la réhabilitation de cette voie. Pour la petite histoire, quand on a posé des questions à l’entreprise RAZEL qui a quitté aujourd’hui le Burkina sans être inquiétée, elle a répondu tranquillement : "nous avons fait le travail du montant pour lequel nous avons été payé". En son temps, nous avons demandé que par respect pour le peuple le ministre en charge du département soit démissionné. Il n’en a rien été et, comme pour narguer le peuple, il est maintenu et conforté dans sa position. C’est cela l’indécence.

* Il faut aussi souligner les malversations dans les arrondissements et communes du pays et particulièrement à Ouagadougou où l’expropriation des terres des populations est faite au profit de la SOCOGIB, (société immobilière privatisée en faveur de la famille présidentielle) qui agit sans concurrence car bénéficiant du trafic d’influence.

Qu’on le veuille ou non, le régime Compaoré, malgré les apparences et les fleurs que lui jettent certains partenaires au développement, est en train de spolier l’économie du pays, le transformant en gruyère. Tôt ou tard, les choses se révéleront au grand jour. Le monde pourra constater alors l’ampleur des dégâts dans la gestion de la chose publique.

Nous en voulons encore pour preuve la création de la SOPROFA pour dit-on stimuler la production agricole et assurer la commercialisation des produits. Pour lancer cette entreprise, l’Etat burkinabè a décaissé 18 milliards de nos francs pour sa participation au capital de la société en partenariat avec le groupe Aiglon S.A. Mais 5 ans après, force est de reconnaître que cette affaire, (...) a été un échec car non seulement les objectifs n’ont pas été atteints, mais mieux, SOPROFA est en quasi cessation de paiement. Elle est lourdement endettée auprès des institutions financières avec la caution de l’Etat et elle reste redevable aux producteurs. Nous avons alors les meilleures raisons de croire que l’argent injecté par l’Etat dans cette affaire a été purement et simplement siphonné. Alors nous interpellons les élus afin qu’au cours de la session, qui est la dernière de leur mandat, ils interpellent le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture de l‘Hydraulique et des Ressources halieutiques sur cette affaire afin qu’il rende compte de la situation qui sent le soufre. Si rien n’est fait dans ce sens, le Groupe Aiglon fermera ses bureaux et se retirera sur la pointe des pieds avec nos milliards (le fruit des efforts du peuple) et nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.

Les fameux prêts que la CNSS a consentis à des opérateurs économiques de la place (le Groupe BURKINA MOTO d’Apollinaire Compaoré la Société TAN ALIZ) pour environ 5 milliards de Francs CFA, constituent un scandale des plus grotesques (...).

Ça ne nous étonne pas d’une institution qui s’est toujours illustrée par les pratiques douteuses de ses dirigeants. Souvenons-nous du marché de 5 milliards de francs CFA passé de gré à gré entre la CNSS et une entreprise de BTP de la place pour bâtir son siège et effectuer des travaux de rénovation de son immeuble en face de la gare de chemin de fer (SITARAIL).

Quoi qu’on en dise et quelle que soit la tournure que les événements ont prise, l’ex-DG ne pouvait agir de son propre chef, il a bel et bien reçu des ordres de quelque part. Tout cela est immoral et il n’est pas concevable dans un pays comme le Burkina où la misère va grandissante, qu’il se trouve des gens pour jouer, voire hypothéquer l’avenir des braves travailleurs (...).

En d’autres circonstances cela aurait été un gros scandale mais sous la IVe République, ce n’est qu’un fait divers. Nous nous souvenons en effet, que sous le CMRPN, une directrice générale de la CNSS a perdu ses plumes pour une somme d’environ 20 millions de Francs CFA. Toutes ces affaires qui traduisent la nature du pouvoir de Blaise Compaoré et l’affairisme qui s’y développe, sont révélatrices des coalitions d’intérêts qu’il y a au sommet de l‘Etat.

Pour le PNR/JV, la CNSS n’est pas une institution de crédit et à ce titre, elle ne devrait pas pouvoir consentir de prêts à des tiers, fussent ils des proches de chef de l’Etat. Nous dénonçons avec la dernière énergie la confusion des genres, le népotisme et le favoritisme et entendons mettre la CNSS à l’épreuve le moment venu sur des questions d’intérêt national.

Les partis de l’opposition se sont fourvoyés

Nous dénonçons la gestion opaque de la chose publique, exigeons que des mesures énergiques soient prises pour mettre un terme à cet affairisme ambiant qui gangrène les rouages de la république. Une différence nette doit être faite entre les affaires de l‘Etat et celles des familles des gouvernants. Jamais au grand jamais nous n’accepterons que certains abusent de leur position dominante parce que délibérément la confusion est faite entre leur statut et leur lien de parenté avec le chef de l’Etat ou le ministre d’Etat, MAHRH et autres potentats.

Les affaires de la républiques ne peuvent être la chose d’un groupe, d’une région, d’une communauté encore moins celle de familles spécifiques. C’est ce à quoi la l’opposition (si elle existe encore) devrait s’atteler. Nous devons dénoncer les dérives que nous connaissons. Malheureusement pour nous, l’opposition se complaît dans la passivité comme si elle était tétanisée par l’impertinence du pouvoir, comme si ce qui se fait actuellement n’était que pure fatalité.

Voici autant de raisons qui nous conduisent à apostropher nos amis de l’opposition. Nous pensons aussi qu’à l’étape actuelle de la vie politique de notre pays, les partis politiques de l’opposition se sont fourvoyés, ils ont raté leur apostolat au point de devenir les complices d’un pouvoir qui s’est éloigné des préoccupation du peuple pour ne s’occuper que de ses propres affaires et non des affaires de la république. De cette opposition le PNR/JV se démarque et par la même, il s’engage à jouer sa partition politique sans complaisance, car face aux intérêts du peuple aucun compromis n’est possible.

Les dirigeants de ce pays ne pensent jamais au peuple, sauf quand ils sentent un deal possible avec de substantiels pots de vin à la clé. Nous invitons le peuple à se réveiller et à élever son niveau de combativité pour ne pas être à la merci d’un régime qui a perdu sa raison d’être et entend faire payer au peuple ses fastes.

Il n’y a pas de sanctuaire inviolable, il n’y a pas de personne sacrée quand on gère mal les affaires du Burkina.

Pour le PNR/JV,

Le Président,
Christian T. Koné

Le Pays

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 24 octobre 2006 à 16:22, par Tikanson Abdoulaye SOMA En réponse à : > Politique au Burkina : "Il faut sauver l’opposition du naufrage"

    Terrible description par un burkinabé de la situation politique et socio-économique de son pays. Moins que l’opposition, c’est le brave peuple burkinabé qui devrait en être horriblement scandalisé. Le peuple a besoin de jouir du développement, des droits de l’homme et de tout ce qui rime avec la stabilité et la prospérité socio-économiques. Considérant que l’opposition et le « pouvoir » tiennent conjointement les responsabilités qu’une conception démocratique des rapports sociaux impose aux acteurs politiques quand au sort des sujets, je répugne la « guerre au sommet » au détriment des intérêts de la respectable masse populaire burkinabé. Je suis partisan de la confiance au peuple et de l’analyse qui tend à dire que l’assainissement de l’organisation et de la gestion politiques de la république est le point de départ de l’émancipation développementale du pays des hommes intègres et des Homme intègres eux-mêmes. A cet effet, il faut que le Faso statue sérieusement sur sa constellation politique actuelle et la compréhension à donner au « multipartisme démocratique » de sorte à éradiquer les partis politiques de complaisance et non représentatifs et à constituer deux ou trois blocs politiques idéologiquement distincts et nationalement solides. Il faut savoir que le sentiment d’un équilibre des forces politiques nationales est un des éléments constitutifs préalablement indispensables à une gestion politique consciencieuse et scrupuleuse de la chose publique.Tikanson, Genève

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