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Ministère de la Santé : Des techniciens de laboratoire crient à l’injustice

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 07h26min

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A travers cette correspondance qu’ils adressent au ministre de la Santé, des techniciens de laboratoire disent être "indignés et horrifiés" par les textes d’organisation des emplois spécifiques (TOES) du ministère de la Santé. Ils demandent au premier responsable de ce département d’entendre leur cri du coeur.

Le Conseil des ministres, à sa séance du 26 juillet 2006, adoptait les TOES du ministère de la Santé. A l’écoute dudit Conseil des ministres, nous avions poussé un ouf de soulagement, avec la ferme conviction que la descente aux enfers et le mépris à l’égard des techniciens de laboratoire allaient enfin s’estomper.

Le Conseil des ministres, à sa séance du 4 octobre 2006, adoptait un projet de décret portant adoption d’un document cadre de politique nationale en matière d’analyse de biologie médicale. La conviction ayant sous-tendu l’adoption d’une telle politique était la mise en exergue du rôle combien essentiel du laboratoire de diagnostic médical considéré comme un système essentiel dans le diagnostic des maladies émergentes et réémergentes telles la tuberculose, le VIH/SIDA, le paludisme, la méningite, etc. A l’écoute de ce second Conseil des ministres, pour nous, c’était enfin le bout du tunnel pour le métier de technicien de laboratoire, un métier resté bloqué dans son évolution près d’une vingtaine d’années.

Malheureusement, nous fûmes doublement décus par le contenu du décret N° 2006-463/PRES/PM/MFPRE/MS/MFP du 25 septembre 2006 portant organisation des emplois spécifiques du ministère de la Santé. L’application d’un tel décret sera quasiment paradoxale avec votre semblant de volonté de donner au laboratoire la place qui est sienne au sein du système de santé. Nous sommes de la promotion 2000-2003 des techniciens de laboratoire recrutés sur la base du BEPC + attestation de la classe de terminale, et ayant subi une formation de trois ans à l’Ecole nationale de Santé publique (ENSP) de Ouagadougou.

Le baccalauréat exigé

Après maintes initiatives entreprises depuis trois ans auprès de votre ministère à travers la Direction des ressources humaines (DRH) et le secrétariat général en vue d’obtenir une réparation du préjudice moral et financier dont nous avons été victimes depuis notre engagement (positionnement en catégorie 2C (B3), en témoigne la décision n°2003-06 860/MFPRE/SG/DGFP/DPE), nous nous attendions à la régularisation de notre situation, à savoir notre classification en 2A (B1) depuis notre engagement avec l’adoption des TOES.

En effet : - vu l’arrêt n°2001-1032/MFPDI/SG/DGFP/DR du 28/08/01 portant admission et mise en position de stage des candidats au concours direct de recrutement de vingt-cinq techniciens de laboratoire session 2000, nous estimons avoir droit à la catégorie 2A (B1) à l’instar des infirmiers diplômés d’Etat de la même promotion recrutés sur les mêmes bases que nous, et qui, contrairement à nous, sont effectivement en catégorie 2A (B1) depuis leur engagement, en témoigne la décision n°2004-07382/MFPFR/SG/DGFP/DPE portant engagement des intéressés.

M. le ministre, la place des ressources humaines dans une administration est d’une importance capitale et vitale pour une marche efficiente du travail. Nous attendions les fameux TOES, ils sont enfin là, mais nos préoccupations ne sont pas prises en compte.

Dans le décret n°2000-463/PRES/PM/MFPRE/MS/MFB du 25/09/2006, il est stipulé en son article 62 : l’emploi de technicien de laboratoire médical est mis en voie d’extinction.

Pour compter de la date d’entrée en vigueur du présent décret, il ne sera plus procédé au recrutement de techniciens de laboratoire médical. A son article 76, le baccalauréat est exigé aux techniciens de laboratoire pour accéder à l’emploi de technologiste biomédical, et cela par l’ouverture d’un concours professionnel d’une durée de formation de neuf mois.

Emploi mis en voie d’extinction

Dès lors qu’un emploi est mis en voie d’extinction, nous estimons que le recrutement des anciens dans le nouvel emploi est automatique et ne doit souffrir d’aucune tergiversation. En outre, que comptez-vous faire des techniciens de laboratoire qui ont près d’une vingtaine d’années de service et qui n’ont pas le bac mais qui oeuvrent inlassablement à l’amélioration de la santé de milliers de Burkinabè par le travail de diagnostic de certitude qu’ils font ? De surcroît, qu’entendez-vous par concours professionnel ?

M. le ministre, nous savons lire entre les lignes et nous osons rejeter l’exigence du baccalauréat dans l’organisation de concours professionnels pour l’accès des techniciens de laboratoire à l’emploi de technologiste biomédical. Nous osons demander le reclassement des techniciens de laboratoire en catégorie 1C (A3) sans condition aucune au regard de cette brimade l’emploi de technicien de laboratoire de près de deux décennies durant. Sinon, nous ne comprenons pas la mise en évidence notoire d’une telle discrimination à l’égard des techniciens de laboratoire. Nous sommes tous fils du Burkina Faso, et chaque jour que Dieu fait, c’est avec abnégation, détermination et zèle que nous donnons le meilleur de nous-mêmes au bénéficie de la santé des braves populations.

Imaginez le désespoir et l’atteinte profonde de l’état psychologique des pauvres techniciens de laboratoire devant exécuter des actes capitaux pour la vie quand ils savent que vous avez foulé aux pieds leur carrière et sapé de façon abyssale leur moral !

Aidez-nous à encourager et à former les jeunes Burkinabè qui s’engagent chaque année dans l’emploi de technicien de laboratoire. Si rien n’est fait ipso facto, l’emploi de techniciens de laboratoire s’éteindra à petit feu, et, au-delà le laboratoire, maillon important au sein du système de Santé publique, sera enterré au cimetière de Taabtenga. Nous refusons de vous suivre dans cette dynamique. Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin. L’histoire retiendra que c’est lors de votre passage au ministère de la Santé que les funérailles du laboratoire ont été célébrées.

A travers cette plume, nous lançons un cri du coeur et crions notre ras-le-bol pour cette injustice inqualifiable exercée à l’endroit des techniciens de laboratoire.

Pauvres techniciens de laboratoire, qu’avons-nous fait pour mériter un traitement pareil, digne des traitements moyenâgeux.

M. le ministre de la Santé, les techniciens de laboratoire remettent leur vie entre vos mains.

Dans l’espoir qu’une suite favorable sera donnée à notre requête, nous vous prions de bien vouloir recevoir, M. le ministre, l’expression de notre haute considération.

Affaire à suivre.

Ont signé :

Promotion 2000-2003 des techniciens de laboratoire recrutés sur la base du BEPC + attestation de la classe de terminale, formés à l’ENSP et classés injustement en 2C (B3) au lieu de 2A (B1)

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