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Lutte contre la pauvreté : Ne pas trop compter sur l’Etat

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 07h26min

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La pauvreté ne frappe pas que les paysans mais aussi les citadins. Il faut que cela change. Les jeunes sont l’avenir de notre pays. Il faut qu’ils deviennent davantage conscients. La jeunesse peut réaliser le changement.

Des réunions dans la lutte contre la pauvreté. Des stratégies pour diminuer la pauvreté. L’aide extérieure contre la pauvreté. Les évêques du Sénégal disent : un Ordre économique mondial injuste, aggravé par le Programme d’ajustement structurel imposé par la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prolonge et entretient l’agonie du monde paysan. Les évêques continuent : Beaucoup de facteurs internes accentuent la pauvreté : ignorance, politiques de désengagement de l’État, corruption, détournements, impunité et autres.

Qu’est-ce qu’on fait contre la pauvreté ? Il n’y a que les grandes infrastructures coûteuses qui profitent surtout aux grandes entreprises, souvent étrangères, et à ceux qui distribuent les marchés publics. Il y a même des ministres qui ont construit de petits châteaux qui dépassent largement les possibilités de leurs salaires.

Les infrastructures sont très importantes. Prenez le barrage de Ziga pour l’eau. Brave Salif Diallo ! Il y a les routes pour transporter les produits. On met l’accent sur l’enseignement et une personne qui a le niveau bac sait certainement mieux réaliser des activités rémunératrices qu’un analphabète. La santé est très importante, tout le monde veut vivre en bonne santé et la santé est le bien le plus précieux dans la vie.

Avoir des bacheliers, c’est important, mais peut-être qu’il y a d’autres priorités. La santé est très précieuse, mais tenir en vie des millions de personnes qui croupissent dans la misère n’est peut-être pas l’option la plus idéale pour notre pays. Construire des routes qui couvrent le pays est une très bonne orientation, mais si les paysans n’ont pas de produits à vendre, cette alternative ne diminuera pas leur pauvreté.

Si un paysan peut faire 3 000 F de bénéfice net après la récolte sur un sac de maïs, il se débrouillera pour transporter sur 50 km trois ou quatre sacs de 100 kilos. Ceux qui transportent le bois sur cette distance touchent, pour une charrette, après 50 km de transport, nettement moins.

Et si le maïs, le sésame ou le mil sont rentables pour le paysan, ce dernier en produira davantage. Pour lutter contre la pauvreté, il faut, selon moi, d’abord et avant tout produire davantage et assurer un bon prix. Mais pour arriver à cela, il faut l’intervention de l’État : protection de nos produits nationaux, ce qu’on appelle la souveraineté alimentaire, la formation et le petit crédit.

Depuis vingt ans, le gouvernement n’a rien fait pour lutter contre la pauvreté d’une manière efficace. Une toute petite expérience personnelle :

Un village à 15 km de Koudougou avait des champs qui produisaient de très mauvaises récoltes malgré une très bonne pluviométrie.

Beaucoup de gens en connaissaient la raison et me disaient : Ces champs manquent de fumier. J’ai réfléchi. Si le service de l’agriculture de Koudougou n’a rien pu faire pour un minimum de développement agricole, qu’est-ce que je pouvais faire ? Le zaï, une technique assez simple : un petit trou de 25 cm de profondeur, 20 cm sur 20 cm, un peu de fumier, semer dans ce trou à la première pluie au temps des semailles. J’ai cherché des volontaires pour apprendre le zaï. Je suis allé au service de l’agriculture pour leur demander d’enseigner le zaï aux volontaires de ce village. Oui, le service de l’agriculture pourrait envoyer quelqu’un au village. J’ai demandé un apprentissage pratique ou chaque volontaire, (une quinzaine), devait faire l’exercice du zaï Naturellement, je devais payer le déplacement des formateurs et verser en plus un perdiem. Ici dans le pays, pour certaines personnes, on veut recevoir un salaire pour le titre de fonctionnaire, mais pour travailler, il faut ajouter un perdiem ou une prime de prestation. J’ai donc négocié et j’ai payé un certain montant.

L’année suivante, j’ai demandé aux volontaires qui avaient pratiqué le zaï et qui étaient tous très enthousiastes de chercher deux ou trois personnes pour leur apprendre le zaï et leur faire pratiquer cette nouvelle technique. Je les ai payés, j’ai offert une petite récompense pour chaque personne à qui ils l’ont appris. Cette année, après trois ans seulement, la plupart des gens pratiquent le zaï et ils sont très contents. Pas de fonctionnaires à payer et avec le montant de quelques mois de salaire d’un encadreur, tout le village pratique le zaï, ce que le service étatique de l’agriculture n’a pas pu réaliser en vingt-cinq ans. L’année prochaine, on va un peu plus loin. Il ne faut pas trop compter sur l’Etat, c’est clair.

Mais, hélas, pour recevoir une rémunération, les paysans ont besoin de l’Etat. Il faut mettre des barrières douanières pour empêcher l’importation de produits étrangers subventionnés. L’Accord de partenariat économique (APE) vise à supprimer ces barrières et cet APE risque de "tuer" nos paysans, enfoncer davantage notre pays dans la misère. Dans quelques années, tout notre maïs sera importé comme c’est le cas de plus en plus au Mexique.

Cela ne semble pas être le souci de notre gouvernement qui a déjà limité les taxes de l’importation à un maximum de 20 % et seulement pour quelques produits. Le développement de notre pays se fait surtout à Ouaga 2000. Tant pis pour les 80% du pays que forme le monde paysan.

Ayons confiance : Le Seigneur est avec nous dans la détresse, il nous délivrera.

Aidons notre pays, consommons des produits burkinabè. La répétition est la mère de la conscientisation.

Bonne nouvelle : on ne donne pas parce qu’on possède, mais parce qu’on aime.

Père Balemans

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 octobre 2006 à 17:29, par Isabelle En réponse à : > Lutte contre la pauvreté : Ne pas trop compter sur l’Etat

    J’aimerais avoir le contact du Pere Balemans SVP : numero de telephone et ou email address pour pouvoir lui communiquer directement. Merci, Isabelle.

  • Le 7 décembre 2006 à 15:26, par Babs En réponse à : > Lutte contre la pauvreté : Ne pas trop compter sur l’Etat

    Pour la technique du zaï, on peut contacter l’AVAPAS à Kamboinsé, Pdt Mr Sylvain Korogo tél 76 47 05 50.......

    Cette association est composée d’anciens élèves de Pierre Rabhi, Terre&Humanisme en France, qui forme les paysans africains à l’agroécologie.

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