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Luttes de clans au CDP : "Arrêtons de médiatiser les fantasmes politiques !"

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 08h13min

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Les législatives qui se profilent semblent avoir aiguisé les appétits et réveillé les ambitions au sein du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir). De l’avis de ce citoyen, la lutte de clans au sein du parti a déjà commencé avec, comme acte 1, le "lynchage" médiatique du Premier ministre Ernest Paramanga Yonli.

Pour lui, il faut savoir raison garder, dépasser ses mesquineries et conjuguer plutôt les énergies pour soutenir le chef de l’Etat.

Depuis qu’un certain Paul Emmanuel Ouédraogo, enseignant à Ouahigouya, a révélé la composition de certaines écuries politiques coachées par des éléphants du CDP dans une des parutions de L’Observateur Paalga et du journal le Pays, les amateurs du sensationnel et des scoops se régalent allègrement dans notre cité. Coacher, sponsoriser, parrainer et filleul sont devenus les mots de l’actualité comme pour paraphraser la célèbre émission de RFI animée par Yvan Omar.

Même si un article signé d’un certain Charles Guibo et publié également dans L’Observateur

Paalga a réagi vigoureusement à ce qui s’apparentait à un lynchage médiatique bien ciblé et tenté de recadrer les débats sur les maladresses verbales du Premier ministre, le pilonnage médiatique des positions de Paramanga Yonli s’est poursuivi de plus belles. J’en veux pour preuve, les fracassantes révélations publiées par un organe de la place sur un duplex que le koro Yonli détiendrait à Ouaga 2000 et un soi-disant voyage à la Dénis Sassou N’Guesso qu’il aurait effectué à Paris.

Le chef de l’Etat doit être regardant

A mon humble avis, il faut que le Président Compaoré soit regardant sur cet aspect de la lutte des clans au CDP. La guerre dans les médias ne mène nulle part. Au contraire, elle durcit les tendances qui, quoi que l’on pense, existent au sein du parti et elle peut nuire à l’équilibre politique et social du pays. L’ancien Premier ministre français Jean Pierre Raffarin déclarait récemment dans un organe français de presse : nul ne peut gouverner dans la division. Il a touché du doigt les effets pervers d’une guerre de ce genre. La stabilité, l’apaisement social et le calme apparent au Burkina Faso sont des richesses inestimables tant jalousées par d’autres pays de la sous-région. Il serait dommage de ne pas s’en préoccuper.

La mobilisation des compétences au-delà des clivages idéologiques, ethniques et régionaux est si chère au Président Compaoré. Elle ne saurait échouer pour de banales ambitions personnelles ou collectives. Combien sont-ils les bonzes de notre parti à disposer de duplex à Ouaga 2000 ou à ailleurs dans Simonville ? Combien de fois de hautes personnalités du Burkina ont voyagé avec leurs familles sans que la presse n’en fasse échos ? Arrêtons de médiatiser nos fantasmes politiques.

Dans le fameux article qui semblait faire cette révélation sur les prétendus dossiers sales de Yonli paramanga, un cours d’histoire a été également dispensé sur la cohabitation entre le Président Compaoré et certains de ses anciens proches collaborateurs, tels Arsène Bongnessan Yé et Roch Marc Christian Kaboré. De tels écrits sur des faits qui avaient été à l’origine d’une brouille entre le Président et ces deux hommes sont de nature à raviver les tensions.

Doit-on comprendre en ces rappels historiques, une intention délibérée d’attirer l’attention du Président sur le fait que pour des écarts de langage ou pour avoir cherché à jouer le vrai rôle d’un Premier ministre, Arsène Bongnessan et Roch Kaboré ont été démis de leurs fonctions et que par conséquent, il faut qu’il songe à limoger le docteur Yonli pour frasques verbales, voyage à la Sassou N’Guesso et flagrant délit de possession d’un duplex à Ouaga 2000 ?

Les semeurs de zizanie toujours à l’oeuvre

Tout porte à croire d’ailleurs que ce sont ceux qui avaient semé la zizanie entre le Président Compaoré et son ancien Premier ministre ou son ancien président de l’Assemblée nationale en transportant certains dossiers sensibles de l’Etat dans les pages de certaines presses ou en dramatisant sur les dérapages verbaux de certaines personnalités, qui sont de nouveau à l’origine de ces attaques par presses interposées.

Le Burkina Faso, après une longue période marquée par des régimes d’exception, a retrouvé une certaine stabilité grâce à la hauteur d’esprit, la maturité, la tolérance et l’esprit de sacrifice de tous ses fils.

On ne saurait évoquer ces qualités du peuple burkinabè sans faire allusion à la personne qui a su forger ce ciment de l’unité et de la solidarité nationale, j’ai nommé le Président Compaoré. Même quand on n’aime pas son rival, dit un proverbe mossi, il faut reconnaître que son kibaré est très efficace.

Le degré d’intégrité reconnue aux burkinabè demande que toutes les intelligences de notre pays accompagnent le Président Compaoré dans sa quête du bonheur de notre peuple. Il est d’une mission beaucoup plus impérieuse pour les fils de ce pays qui travaillent aux côtés du Président Compaoré d’être plus attentifs à ces valeurs humaines qui font la fierté de tous.

A la question que certains sankaristes se posent de savoir pourquoi Blaise Compaoré at-il été si méchant qu’il a ordonné le 15 octobre 1987, l’élimination de son meilleur ami Thomas Sankara ? Ma réponse est la suivante : ce sont les entourages très proches des deux hommes qui avaient exacerbé les tensions et provoqué cette tragédie. Ce sont eux qui avaient créé les conditions pour que les deux hommes s’épient, se séparent et se haïssent jusqu’à s’en vouloir à mort.

Plutôt que de vociférer dans des colonnes, tous les fils de ce pays qui ont plus ou moins été impliqués dans un tel forfait devraient au moins faire leur propre examen de conscience et prendre en compte la part de leur responsabilité dans ce drame humain. Ils rendraient ainsi service à la conscience collective et feraient preuve d’honnêteté intellectuelle. Blaise Compaoré n’a jamais été un homme méchant, et il ne le sera jamais. La faute revient aux faucons des deux hommes. Le 15 septembre doit servir d’exemple à tous les proches collaborateurs de Blaise Compaoré.

Il n’y a pas de bon chef, mais de bons conseillers

Il est de leur tâche prioritaire et obligatoire de cultiver la paix, la solidarité, la concorde, le renforcement des liens de fraternité et d’amitié. Ils ont la lourde mission d’orienter le

Président Compaoré vers des directions de sagesse, d’équilibre et de rassemblement. La haine, la division, la rancœur et les attitudes de va-t-en guerre sont à bannir dans son entourage. Les Mossi ont coutume de dire qu’il n’y a pas de bon chef, il n’y a que de bons conseillers du chef.

De sources dignes de foi, j’ai appris que ce mitraillage médiatique sur Yonli Paramanga a été savamment orchestré par une grosse pointure du CDP qui nourrit des ambitions. L’intéressé se verrait bien Premier ministre ou président de l’Assemblée nationale. Pour le congrès de novembre 2006, il convoiterait le poste de président du parti avant d’entreprendre la conquête de l’un des deux autres postes après les législatives de juin 2007.

Ces ambitions sont tout à fait légitimes pour tout homme politique qui aspire à la gestion du pouvoir d’Etat. Mais dans le cas de notre pays et plus particulièrement dans le cas du CDP, il faut que cette conquête du pouvoir respecte certaines règles d’équité et de morale politique.

De manière générale, il importe que les cadres du parti fassent confiance au Président Compaoré. Avec l’expérience qu’il a acquise dans la gestion des hommes et de l’Etat, il saura trouver une place pour chaque compétence de notre pays. Qu’à cela ne tienne, ils seront des centaines à prétendre à la chefferie, mais Dieu choisira un seul pour le trône, a dit un autre proverbe mossi. Ayons le courage d’avoir confiance à Blaise Compaoré, comme nous l’avons toujours fait. Les sales dossiers que nous révélerons par-ci et par-là en vue d’assouvir nos agapes politiques ne nous mèneront nulle part, et les influences négatives sur le Président sont loin d’être la panacée. Elles sont plutôt de nature à dérouter l’homme et à lui faire commettre des erreurs regrettables. A moins que ce ne soit l’objectif recherché.

Antoine Kafando
01 BP 15798 Ouagadougou 01
Secteur 12 - Ouagadougou

Le Pays

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