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Affaire Norbert : “ Ménard ou la CEI peut être poursuivi”

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 07h48min

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Suite à la conférence de presse animée le vendredi 20 octobre 2006 par le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, le procureur général Abdoulaye Barry et le procureur du Faso, Adama Sagnon ont animé une conférence de presse, le samedi 21 octobre 2006 à Ouagadougou. Il s’agit, selon eux, de “réagir rapidement aux charges nouvelles de Ménard pour éviter toute supputation”.

“Les informations apportées par Robert Ménard ne sont aucunement des charges nouvelles. Tous ses éléments se trouvent déjà dans le dossier d’instruction”. C’est ce qui ressort de la conférence de presse animée par Abdoulaye Barry et Adama Sagnon, respectivement procureur général et procureur du Faso, le samedi 21 octobre 2006.

Cette conférence, faisant suite à celle animée la veille par le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, avait pour objectif, selon le procureur général, d’éviter toute supputation qu’aurait pu engendrer celle-ci. A sa rencontre avec la presse, en effet, le secrétaire général de RSF a affirmé détenir des charges nouvelles qu’il avait transmises au procureur du Faso afin de rouvrir le dossier Norbert Zongo, rangé depuis le mois d’août dernier suite à un non-lieu.

Pour Abdoulaye Barry, les éléments rapportés par Ménard ne sont pas des faits nouveaux dans la mesure où ils sont contenus dans le dossier d’instruction. Aussi, les personnes incrimées (Oumarou Kanazoé, François Compaoré, Marcel Zoungrana,...), ont toutes été entendues par le juge d’instruction. Et Abdoulaye Barry de définir la notion de charges nouvelles “à l’attention de M. Menard” qui, à ses yeux, ne semble pas maîtriser cette notion comme le dispose l’article 189 du code de procédure pénale du Burkina Faso.”Robert Ménard ne connaît pas le dossier Norbert Zongo.

C’est un journaliste qui fait son tapage et son one man show, mais il ne sait absolument rien de ce dossier. J’aurais prêté attention à Me Sankara ou à Me Farama car ils ont suivi l’instruction”..., a déclaré Abdoulaye Barry. Aussi a-t-il déploré l’attitude de Robert Ménard qui, en même temps qu’il transmettait ses “charges nouvelles”, au procureur du Faso, faisait du tapage sur ces mêmes faits au cours d’une conférence de presse. “Le procès verbal de RSF n’a pas une force juridique”, a-t-il indiqué. Quant à l’aveu de Ménard faisant état du faux rapport que la Commission d’enquête indépendante aurait remis en 1999, Abdoulaye Barry, l’a qualifié “d’acte d’extrémement grave”.

“Pour une affaire aussi importante que l’assassinat de Norbert Zongo pour laquelle l’Etat s’est saigné pour mobiliser jusqu’à 120 millions de F CFA pour faire la lumière, qu’une Commission d’enquête indépendante veuille faire plaisir à deux personnalités et décide d’édulcorer son rapport pour remettre un faux, cela est d’une extrême gravité”, enrage le procureur général. Toutefois, se demande-t-il, pourquoi Robert Ménard, qui est aussi engagé pour la cause de Norbert Zongo, a accepté signer un document qu’il savait “édulcoré”.

Le procureur du Faso Adama Sagnon a, lui aussi, déploré l’attitude du secrétaire général de RSF et s’est dit déçu non seulement de sa démarche, mais aussi du contenu des charges nouvelles de celui-ci. Pour lui, ces charges, “si toutefois charges il y a, sont nouvelles pour Ménard et non pour l’instruction du dossier Norbert Zongo”.

Le couperet sur Ménard ou la CEI

“Ménard est susceptible de poursuites judiciaires pour faux et usage de faux. Le parquet se réserve le droit d’engager des poursuites contre lui ou la CEI pour faux et usage de faux en écriture authentique”. Pour le procureur du Faso, c’est soit le document de Ménard qui est faux, soit celui de la CEI qui est faux. “En tous les cas, il y a du faux soit par addition, soit par soustraction quelque part et cela doit être clarifié”, a-t-il conclu.

Se levant contre la contrariété de déclaration relevée par Ménard et que celui-ci considère comme charges nouvelles, Adama Sagnon fait remarquer qu’une contrariété dans une déclaration n’est aucunement une charge nouvelle. Une charge nouvelle, pour lui, est un fait nouveau dont l’instruction n’a pas eu connaissance durant son déroulement.

A ceux qui épiloguent déjà sur des possibilités de recours à des juridictions internationales, les procureurs indiquent que les voies de recours internes au Burkina Faso ne sont pas encore épuisées. Pour cela, aucune juridiction internationale ne peut intervenir dans ce dossier à l’étape actuelle surtout qu’il s’agit d’un crime de droit commun.

Pour eux, le dossier Norbert Zongo n’est pas à confondre avec celui de Thomas Sankara car, il ne s’agit pas de la même nature de crime. S’agissant des injures proférées à magistrat par Robert Ménard durant sa conférence et rapportées par la presse, le procureur Abdoulaye Barry, très remonté, martelé que s’il en avait eu connaissance à temps, le secrétaire général de RSF serait en ce moment à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Comme quoi, Ménard doit son salut au fait qu’il est reparti à temps.

Jolivet Emmaüs
Ladji BAMA

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