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SIAO 2006/Les chapeaux de Saponé : Une renommée qui masque l’inorganisation des artisans

Publié le mardi 24 octobre 2006 à 07h35min

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La célébrité des chapeaux de Saponé a franchi depuis belle lurette, les frontières du Burkina Faso. La Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football en 1998 en intégrant ce chapeau dans son logo, a fait découvrir au monde entier ce couvre-chef typique de notre pays.

Sidwaya vous entraîne à la découverte de cet art que les chapeliers se transmettent de père en fils depuis la nuit des temps.

A la veille de la 10e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), les fabricants du « Sapon’ Zougpéogo » (chapeau de Saponé en langue nationale mooré) se préparent à conquérir les cœurs et les poches des acheteurs du salon. A Saponé, on a toujours su allier tradition et règles de l’économie libérale.

Comme matières premières, les chapeliers de Saponé, situé à une trentaine de kilomètres, de Ouagadougou, utilisent des fibres provenant de Bobo-Dioulasso,Banfora, Débougou et même du Ghana voisin et de la peau tannée de Pouytenga. Plusieurs personnes interviennent dans la fabrication du chapeau : les femmes et les enfants tressent le chapeau pour lui donner sa forme. Les hommes, eux, s’occupent de la finition et la décoration en utilisant la peau tannée. C’est ainsi que cet art a toujours été transmis de père en fils, de génération en génération.

Manœuvre au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Saponé, Arouna Nikièma ne manque pas de temps pour faire le meilleur travail que lui ont appris ses parents. Après ses heures de service, il se remet au boulot. Objectif : achever la finition de ses « Sapon’ Zoupéégo » qu’il aime tant.

Le souhait de Arouna Nikiéma est de bénéficier d’un accompagnement en matière de formation et de technique commerciale pour une meilleure valorisation de leurs produits. « Ce qui va nous permettre de vivre de notre art. », conclut-il.

Pierre Bélem, agriculteur et membre d’une association de fabricants de chapeaux à Saponé, s’étonne de la popularité de leur travail alors que les chapeliers n’en voient pas les retombées financières. : « Nous les artisans ignorons que notre travail est si connu. Notre association est peu efficace parce qu’il nous manque certaines compétences.

On aimerait aussi bénéficier des appuis de partenaires pour mieux faire valoriser notre travail », plaide le vieil artisan. « Nous voyons à la télévision les autorités remettre des chapeaux de Saponé en guise de cadeaux à des amis du Burkina alors qu’on continue à nous les acheter à bas prix » poursuit Pierre Bélem.

En l’absence d’une organisation solide, c’est individuellement que les artisans se débrouillent pour vendre leurs produits. « Nous avons des projets mais il nous faut des associations fortes pour les mettre en pratique.

Sinon, nous ne pourrons jamais prendre part individuellement aux grandes manifestations comme le SIAO pour montrer nous-mêmes les produits de notre art. Sinon nos chapeaux seront toujours aux manifestations à travers des commerçants qui nous les achètent pour en tirer de meilleurs produits », déplore-t-il.

Mamina SAM

Sidwaya

P.-S.

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SIAO 2006

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