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Ghana : L’Etat indemnise les victimes de violations des droits de l’homme

Publié le lundi 23 octobre 2006 à 07h37min

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Jerry John Rawlings (droite)

Le gouvernement du Président John Kufuor a décidé d’indemniser près 2000 Ghanéens victimes de violations des droits de l’homme commises sous les précédents régimes.
Des indemnisations individuelles ont commencé lundi, et les sommes versées - entre 217 et 3300 dollars américains - sont fonction du préjudice subi, selon le bureau du procureur général.

Les 1,5 millions de dollars dégagés par le gouvernement au titre des indemnisations ont été recommandés par la Commission de réconciliation nationale. Cette institution a été créée en 2001 par le Parlement du Ghana pour dédommager les Ghanéens ayant souffert d’abus et de violations des droits de l’homme infligés par les divers gouvernements depuis l’indépendance du Ghana en 1957.

La plupart de ces abus - détentions arbitraires, confiscation de biens, disparitions, d’exécutions sommaires et torture - se sont produits sous des dictatures militaires, lorsque le Ghana avait la triste réputation d’être un des pays d’Afrique de l’Ouest les plus sujets aux coups d’Etat.

« Les indemnisations ne sont nullement des réparations pour les violations des droits humains, car l’argent, comme toute autre forme de compensation, ne pourra jamais redonner aux victimes ce qu’elles ont perdu » a indiqué Joe Ghartey, le ministre de la Justice.

« En outre, il est impossible de fixer le montant des pertes, du traumatisme physique, émotionnel, mental et psychologique que les victimes et leurs familles ont dû subir », a-t-il déclaré.

Les audiences de la Commission ont surtout porté sur la période correspondant au régime de Jerry Rawlings et de son Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC). Jeune lieutenant de l’armée, Jerry Rawlings avait pris le pouvoir en 1979 avant de se retirer à la faveur de l’élection d’un président civil. En 1981, il revenait au pouvoir avec le Conseil de défense nationale provisoire (PNDC). Sous son régime, deux anciens chefs militaires ont été jugés et exécutés.

Jerry Rawlings s’est ensuite présenté aux élections en tant que civil et a été élu président en 1992 et 1996. En 2000, alternance politique aidant, Kufuor a remporté les élections présidentielles et sous sa présidence le Ghana s’est donné une nouvelle image de prospérité et de stabilité économiques en Afrique de l’Ouest.

Le gouvernement a publié des fiches de réclamation dans les journaux nationaux ainsi que les noms des 250 premières personnes devant être dédommagées afin de faciliter le processus d’indemnisation qui doit prendre fin en décembre.

D’après une étude du Centre pour la gouvernance démocratique (CDD), un groupe de réflexion qui se consacre à la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie au Ghana, certaines victimes s’attendaient à percevoir des indemnisations plus importantes.

« Les victimes estiment que le montant de leurs indemnisations doit être égal à la valeur du préjudice, actualisée au taux bancaire en vigueur. Naturellement, même le plus gros paiement de 30 millions de cedis (3 300 dollars américains) est loin de satisfaire financièrement un homme qui a perdu trois voitures, 2,5 millions de cedis et a été emprisonné pendant huit ans en 1983 », a expliqué Daniel Armah-Attoh, chargé de programme au CDD.

Mais selon Armah-Attoh, l’éducation et la sensibilisation sont nécessaires pour répondre aux attentes déçues.

« Nous devons faire comprendre aux gens qu’il ne s’agit pas d’indemniser totalement tous les abus et les souffrances que les victimes des violations des droits de l’homme ont dû subir. Cette précision est absolument importante », a-t-il déclaré.

« Il est certain que l’attente a été longue et difficile pour les victimes. Mais désormais, elles peuvent au moins prétendre à une réparation qui, tout en étant symbolique, est une façon pour l’Etat de reconnaître les peines et les souffrances que ces personnes ont endurées dans le passé », a déclaré Armah-Attoh.

www.irinnews.org

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