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Affaire Norbert Zongo : Robert Ménard apporte « les charges nouvelles »

Publié le samedi 21 octobre 2006 à 10h46min

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Robert Ménard (gauche)

Le 20 octobre de chaque année, et ce depuis 1998, le Centre national de presse Norbert-Zongo (CNP-NZ), célèbre la Journée nationale de la liberté de la presse au Burkina Faso. Cette année, dans la foulée des activités commémoratives de cette journée, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Robert Ménard a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé des charges nouvelles pour la réouverture du dossier Norbert Zongo.

« Le rapport rendu public en 1999 par la commission d’enquête indépendante, suite à ses investigations sur l’assassinat de Norbert Zongo, n’était pas le bon ». C’est la confession faite par Robert Ménard à la presse, le vendredi 20 octobre 2006 au cours de la conférence qu’il a animée.

Selon le secrétaire général de RSF, pour parvenir au consensus au sein de la commission, le vrai rapport a été épuré, édulcoré, voire vidé de sa substance. Cela parce que certains membres étaient hostiles à certains passages quand bien même ceux-ci étaient des témoignages de personnes auditionnées par la commission. Pour contenter tout le monde afin d’avoir la signature de tous dans le rapport, ces passages importants et décisifs avaient donc été passés sous effacile et un devoir de réserve imposait le silence à tous les membres sur cette réalité.

Aujourd’hui, face au non-lieu qu’il considère comme un déni de justice, Robert Ménard, visiblement décontenancé, dit ne plus être tenu par cet engagement. Pour lui, ces informations décisives qui avaient été tues sont aujourd’hui des charges nouvelles qui devraient permettre au juge d’instruction de réouvrir le dossier Norbert Zongo qui, selon le procureur, « pourrait être repris en cas de charges nouvelles ».

Ces charges nouvelles, Reporters sans frontières les a réunies dans un document qu’il a intitulé : « Passages présents dans la version du 26 avril 1999 du rapport de la CEI mais supprimés dans la version publique du 7 mai 1999 ».

Au regard des contradictions qu’il relève dans les témoignages de certaines personnes entendues par la CEI et que ce document met en exergue, Robert Ménard affirme sans ambages que François Compaoré, frère cadet du chef de l’Etat, et Oumarou Kanazoé sont les deux commanditaires de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998. « Des mensonges graves » qu’il relève dans les témoignages de ces deux personnes les « clouent au pilori » dans cette affaire et le non-lieu qui foule aux pieds tant d’indices ne se justifie pas. En décidant de la publication de ces éléments nouveaux, il dit vouloir « mettre la justice burkinabè au pied du mur ».

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire de telles révélations alors que des blocages ont été relevés plusieurs fois dans l’instruction du dossier ? A cette interrogation des journalistes, Ménard évoquera non seulement le devoir de réserve, mais aussi le fait que le non-lieu représente pour lui la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Nous avons peu de qualités, mais sommes d’un entêtement dont le pouvoir n’a pas bien pris la mesure, s’il pensait avoir enterré ainsi le dossier Norbert Zongo, c’est raté... », avertit Ménard qui promet que tout sera mis en œuvre pour que la lumière triomphe.

Ladji BAMA

Sidwaya

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2006 à 13:08 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : Robert Ménard apporte « les charges nouvelles »

    S’il vous plaît, M. MENARD, laissez le Burkina Faso vivre en paix avec son histoire, son pardon, etc... Ce que vous appelez "charges nouvelles" constituent nullement une cause de reprise de l’instance telle que prévu par le code de Procédure Pénale Burkinabè. Et seul, ce code devra s’appliquer pour éventuellement sanctionner vos accusations gratuites à l’encontre de Monsieur François COMPAORE et de El Adj Oumarou KANAZOE qui sont, sans conteste, des personnalités respectables au Burkina Faso. Vous avez déjà traité les militaires de la sécurité présidentielle dans leur ensemble, sans aucun discernement, de "voyous" ; cela vous avait valu une expulsion du territoire burkinabè. Si vous ne prenez garde, ces nouvelles accusations gratuites vous empêcheront définitivement de mettre les pieds au Burkina, sous peine de répondre de ces faits. Votre statut de journaliste ne vous accorde aucune immunité. Ce n’est pas un service que vous rendrez à notre jeune démocratie. Rappelez-vous bien que les français ont "guillotiné" leur propre roi et sont parvenu aujourd’hui à la République, même si cette République n’est pas parfaite.
    Alors, notre peuple burkinabè a aussi son histoire et essaie de construire, lentement et sûrement sa démocratie. J’espère que vous serez clairvoyant à la lumière de mon analyse, dénuée de toute considération partisane. Je n’en ai aucune. Ange TAMPSOBA, France.

    • Le 23 octobre 2006 à 20:41, par BI.LI.JO En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : Robert Ménard apporte « les charges nouvelles »

      Ce que je viens de lire me choque, j’aurai aimé entendre le discourt de Ange TAPSOBA si c’était son père qui fut brûlé à mort. Pour moi quand elle dit laisser le Burkina vivre sa démocratie c’est se mettre un voile au visage car on peut se demander où elle est cette démocratie. Aussi, si on part du fait que la démocratie prône la liberté d’expression Mr Ménard à le droit de dire ce qu’il pense.
      Si Ange TABSOBA pense qu’avec Mr Ménard le Burkina ne vit pas en paix, moi je pense que même sans lui les hommes du pays ne vivent pas en paix. Il n’y a pas que Ménard qui veut élucider cette histoire de Norbert ZONGO avec ou sans lui il y a des personnes qui oeuvrent à ce que la lumière soit. Ce n’est pas parce que François COMPAORE et El Adj Oumarou KANAZOE sont des personnalités respectables qu’ils ne peuvent pas être coupable et dire que Ménard porte des accusations gratuites c’est avoir la preuve qu’elles sont gratuites si elle ne les a pas, elle fait ce qu’elle reproche à Ménard de faire : « Porter des accusations gratuites ».
      Ange TABSOBA devrait, la prochaine fois faire une analyse réfléchi des textes qu’elle lit afin d’amoindrir voir même supprimer le risque de nous faire lire des points de vu déshydratés en réalisme et en bon sens.

      B.L ( France )

      • Le 24 octobre 2006 à 12:13 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : Robert Ménard apporte « les charges nouvelles »

        Dans la mesure où vous êtes attaché aux textes, il vous suffit de lire l’article 189 du C.P.P. burkinabé. Il n’y a pas de "charges nouvelles" et M. MENARD essaie de tromper la religion, non seulement celle du Procureur Général mais du fameux "collectif".
        Pour répondre à votre personnalisation de ce débat, je vous précise tout de suite que si mon père était concerné par cet acte odieux, j’aurai sacrifié ma souffrance personnelle et collective de ma famille sur l’autel de la réconciliation nationale dans l’espoir, bien apprécié du bien-être paisible de tous les burkinabé, du peuple burkinabé. C’est ça aussi, savoir tirer les conséquences de l’histoire et l’intégrité, dans la dignité. J’espère que vous même n’êtes pas éternel comme le temps. L’opposition actuelle, à défaut de s’unir et de proposer des solutions alternatives au pouvoir de M. COMPAORE ne doit pas se focaliser inutilement d’ailleurs sur ce problème en le politisant à outrance, et ce, au mépris de l’institution judiciaire compétente. Je demeure attentif à vos observations. Ange TAMPSOBA, France.

        • Le 10 décembre 2010 à 16:18 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : Robert Ménard apporte « les charges nouvelles »

          Bonjour,

          Il s’agit bien des charges nouvelles, le Procureur au Burkina fait partie de l’appareil d’Etat alors, ce n’est l’exemple à prendre.
          Pour parler de reconciliation, il faudra d’abord trouver les assassins et les juger.C’est cela la grandeur d’esprit d’un homme.Norbert Zongo lors de sa conférence à Koudougou, une semaine avant sa mort disait ceci sur l’assassinat de David Ouédraogo :"Un homme s’assume ;un homme assume son destin.C’est moi qui ai dit de le tuer ;vous pouvez me pardonner ou pas,mais je vous dis ce que j’ai fait". Et c’est ce qu’on attend du pouvoir.
          Merci.

          Aristide, Cologne

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