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Présidentielle malgache : Un Pierrot dans le jardin de Marc

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 07h41min

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Ils étaient 18 candidats à la candidature pour la présidentielle malgache du 3 décembre prochain ; au finish, ils sont 14 à être autorisés à se présenter. La Haute cour constitutionnelle (HCC) a rejeté quatre dossiers de candidature, parmi lesquels celui de l’opposant en exil, Pierrot Rajaonarivelo.

Si pour 3 des 4 illustres recalés (Dema Randriamandrosoa, Jaonah Andrianjaka et le général Andrianafidisoa), la raison c’est la non-présentation de la quittance de versement de la caution de 25 millions d’Ariary (environ 6 millions de FCFA), il n’en est pas de même du cas de Rajaonarivelo. Depuis un certain temps, l’on a suivi l’odyssée transatlantique de ce dernier.

L’ancien vice-premier ministre de l’ère Didier Ratsiraka et secrétaire national de l’Action pour la renaissance de Madagascar (Arema), vivant en exil depuis 2002 et condamné à la prison par contumace, avait eu toutes les peines du monde pour rentrer chez lui et déposer son dossier de candidature. Ses tentatives pour rallier Madagascar à partir de l’Ile de la Réunion et de l’Ile Maurice sont toutes restées vaines ; les compagnies aériennes lui ayant fermé les portes.

Si pour une histoire de signature légalisée par un maire à la place d’un préfet ou d’un sous-préfet, une candidature à l’élection présidentielle est invalidée, c’est à ne rien comprendre. La décision de la HCC semble plus politique que légale. A moins que le président sortant, Marc Ravalomanana, candidat à sa propre succession n’ait eu peur de l’opposant Rajaonarivelo, un Ratsirakiste convaincu. Mais avait-il des raisons d’agir de la sorte ? On peut le dire au vu de la tournure des évènements.

Depuis l’ouverture de la succession de Ravalomanana, l’exilé Rajaonarivelo a entrepris de rentrer au pays malgré les peines prononcées à son encontre en mars 2003 et en août 2006. Si la HCC n’était pas mal inspirée ou travaillait sous la dictée d’une quelconque autorité, elle aurait dû laisser la justice malgache poursuivre le prévenu. Surtout que la condamnation de Rajaonarivelo à 15 ans de travaux forcés assortis d’une interdiction d’exercer une quelconque fonction publique, l’excluait de la course au fauteuil présidentiel.

Maintenant, il ne faut pas que l’actuel président de la Grande Ile, Marc Ravalomanana, oublie les circonstances dans lesquelles lui-même est arrivé au pouvoir. Il donne la même impression que ces autres opposants à l’image de Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, Abdoulaye Wade du Sénégal et dans une certaine mesure, Frederik Chiluba de la Zambie. Une fois entrés au palais de la république, ils bétonnent tout. C’est devenu d’ailleurs le propre de tous les opposants africains.

Ils confirment du même coup, la conception africaine qui dit que le pouvoir est ce qu’il est. On est vertueux au dehors et une fois que l’on est dedans, l’on refuse d’ôter ses habits d’opposant. Comme pour dire que le pouvoir corrompt dangereusement. Les opposants sont des Nobel lorsqu’ils sont séquestrés par les régimes en place et qu’ils souffrent le martyr, mais dès qu’ils accèdent au trône, ce sont de véritables fossoyeurs de la liberté publique.

Cela dit, on ne peut pas dire de violer les lois d’un pays, mais bon, Marc Ravalomanana gagnerait à laisser Pierrot Rajaonarivelo se présenter à cette élection. Ce serait au peuple d’en juger et de sanctionner le coupable. Museler un opposant politique ne fait qu’ajouter à sa popularité. A moins que Ravalomanana n’ait pris la candidature de Rajaonarivelo comme une pierre jetée dans son jardin.

Kader Traoré

Observateur Paalga

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