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Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

Publié le jeudi 19 octobre 2006 à 08h22min

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Que peut réellement Sassou N’Guesso dans le bourbier ivoirien ? Rien, est-on tenté de répondre, au vu des échecs des rencontres successives qui se sont tenues sur la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Alassane Dramane Ouattara, lors du huis-clos du mini-sommet sur la Côte d’Ivoire, le 20 septembre au siège des Nations unies, a dénombré 13 rencontres internationales.

Celles-ci ont coûté 70 millions de dollars par mois, soit 800 millions par an, déboursés par la communauté internationale. La crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis maintenant 4 longues années a provoqué la perte de 2 à 3 milliards de dollars pour le PIB du pays. Les pertes en vies humaines sont difficilement quantifiables, en témoignent les charniers découverts çà et là sur le territoire ivoirien. Après avoir tourné en rond pendant 4 ans, on est revenu à la case départ.

En effet, malgré les mille et un sommets convoqués, octobre 2006 ressemblera à octobre 2005 par l’immobilisme criard de la situation en Côte d’Ivoire. Pire, octobre 2007, loin de symboliser l’espoir d’un quelconque retour de la paix en Côte d’Ivoire, ne présage rien de positif. Du temps a juste été donné à Koudou Laurent Gbagbo pour consolider son règne qui pourrait être sans fin, toujours prolongé en années de reconduite après chaque constat d’échec du processus de paix. La nouvelle transition de 12 mois débutera le 1er novembre, selon les recommandations issues du dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba en Ethiopie. Ces recommandations sont, du reste, la confirmation des propositions élaborées par les chefs d’Etat de la CEDEAO le 6 octobre à Abuja au Nigeria. Ces différentes décisions devraient être entérinées par l’ONU avant le 31 octobre prochain, date qui aurait dû consacrer définitivement la fin du mandat d’un an confié à Laurent Gbagbo par l’ONU, après la fin de son règne constitutionnel en 2005.

L’UA indique que le Premier ministre Charles Konan Banny aura les pleins pouvoirs. Mais de quels pouvoirs s’agit-il ? Quels pouvoirs peut-il exercer concrètement, tant que Gbagbo est président et n’entend pas perdre la moindre parcelle de son autorité ? Assurément, on fait du surplace en Côte d’Ivoire. Tout ce qui est décidé aujourd’hui et qui sera entériné par l’ONU ne constituera aucunement une avancée par rapport à la résolution 1633 de l’ONU sur la Côte d’Ivoire.

Une fois de plus, les faits risquent malheureusement de donner raison au journal "Le Pays", qui a toujours été sceptique quant à l’efficacité des décisions prises lors des sommets sur la crise ivoirienne. Il n’y a pas si longtemps, nous avions disqualifié Thabo M’Beki en tant que médiateur dans la crise ivoirienne. Cela est devenu une réalité, même si l’UA a trouvé une voie honorable pour le mettre sur la touche, le renvoyant à sa course pour devenir membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU.

A Addis-Abeba, les chefs d’Etat africains ont, comme à l’accoutumée, raté le coche dans le processus de résolution de la crise ivoirienne. Ce qui peut tout de même être porté à leur actif, c’est d’avoir pu s’entendre sur le maintien de la force Licorne et des militaires de l’ONUCI en Côte d’Ivoire. Cela évitera sans doute à Gbagbo de mener sa campagne d’extermination d’Ivoiriens qui ne sont pas de son bord.

Une fois de plus, l’argent de Gbagbo a rabattu le caquet à certains dirigeants. D’autres M’Beki sont sans doute nés au sein de la CEDEAO et de l’Afrique, déterminés qu’ils sont à profiter des largesses du boulanger ivoirien contre leur soutien indéfectible à son régime xénophobe. Dans ce climat de compromissions où l’hypocrisie, la traîtrise et la roublardise sont les maîtres-mots, ce sera difficile d’accorder beaucoup de chances de réussite à Denis Sassou N’Guesso, le tout nouveau médiateur et président en exercice de l’Union africaine. Cependant, Sassou, avec l’appui de la France de Jacques Chirac, qui entretient aujourd’hui avec Gbagbo les rapports les plus exécrables qui puissent exister, pourrait obtenir de bons résultats. En cela, sa désignation n’est peut-être pas gratuite. Toutefois, Gbagbo, qui sait jouer avec le temps, est conscient que Jacques Chirac pourrait quitter les affaires avec les élections de 2007. Le président de l’autre moitié de la Côte d’Ivoire caresse probablement le secret espoir que les socialistes reviendront au pouvoir, et alors il pourrait leur servir encore une de ces enfarinades dont il a seul le secret. En véritable stratège, Gbagbo a probablement misé sur le départ de Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU. Le successeur de ce dernier, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, mettra un bout de temps avant de trouver ses marques, ce qui devrait permettre au "fils de Mama" de gagner encore du temps. Tous ces facteurs militent en faveur de Gbagbo qui, tout le monde le sait, constitue le véritable obstacle à la paix en Côte d’Ivoire.

Pour l’avenir de ce pays et la stabilité sous-régionale, il urge de faire preuve de pragmatisme, le cas libérien, comme le suggérait Olusegun Obasanjo, le chef d’Etat nigérian, pouvant faire recette. Pourquoi ne pas mettre la Constitution ivoirienne entre parenthèses au nom de l’intérêt supérieur de la nation qui a, plus que jamais, besoin de la paix pour renouer avec sa prospérité d’antan ? Mieux, il serait sans doute mieux indiqué de mettre la Côte d’Ivoire sous tutelle onusienne, l’expérience ayant fait ses preuves ailleurs, au Liberia et en Sierra Leone notamment. Bien entendu, ce ne sont pas des potions magiques, mais elles ont le mérite de représenter d’autres alternatives.

Notre scepticisme demeure grand. Mais, notre plus grand souhait, c’est que l’avenir nous donne, pour une fois, tort, dans nos analyses sur la crise ivoirienne.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 octobre 2006 à 09:22, par Balla Fondio En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

    Il serait plus important pour de vous occuper des mille problèmes du Fasso. C’est triste votre article. La Côte d’Ivoire ne s’est jamais mêler de vos problèmes. Vous aussi !!!

    • Le 19 octobre 2006 à 21:46, par LeChercheur En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

      La solution pour la sortie de crise est toute simple : Il faut que l’un bouffe l’autre !!!

      Eh oui !!!

      - Voyez vous si en septembre 2002, les francais n’etaient pas intervenus ya longtemps que les rebelles aavaient fini avec Gbagbo !!

      - de même quand Gbagbo a eu le temps de bien s’armer, il voulait en finir avec les rebelle : la encore les francais ont dit non !

      Ca fait 4 ans que l’on assiste à des soist disant negociations (Marcoussis, AcrraI, AcraII, etc...)

      Du n’importe quoi ma quelle !

      Le vrai problème c’est que la Cote d’Ivoire n’est pas encore prete pour la democratie !!!

      - Imaginez vous un seul instant Gbagbo organiser des elections presidentielles en CI et les perdre ? Non !

      - Imaginez vous les rebelles desarmer ? Non !! Sinon ils auraient par la meme signer leur arret de mort !!!

      Des deux parties la confiance est la chose la moins partagée !
      Alors que faire ?????????????,
      La solution : Ilfaut que l’un bouffe l’autre !!!

      Certains diront que cette solution releve de l’ineptie, mais c’est oublier que les protagoniste en scene ont perdu la raison.

      Et jusqu’a preuve du contraire, je demeure convaincu que l’ultime solution : C’est que l’un bouffe l’autre !!!

      A vous de me prouver le contraire !!!

      • Le 19 octobre 2006 à 23:05 En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

        Toute l’ambivalence de la politique africaine de la France : prendre la défense de Gbagbo en danger lorsqu’il est supposé être un ami, puis l’empêcher d’agir contre la rébellion du Nord une fois qu’il s’est suffisamment armé lorsqu’il veut se séparer de la France...
        Certes, la France ne sort pas grandie de ces quatre années de crise en CI. Mais sa présence mérite d’éviter que de pauvres gens, dont la réalité de la vie de tous les jours est à cent lieues des intérêts en jeu, ne soient massacrés gratuitement.

        • Le 20 octobre 2006 à 07:42 En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

          Votre constat est le plus positif. Quant aux internautes qui confondent l’analyse d’un journal et le Burkina Faso tout entier, je dirai simplement que c’est ce type de réflexion qui a plongé la Côte d’Ivoire dans ce bourbier politique. Heureusement que la force Licorne et l’ONUCI sont là pour éviter un rwanda bis. Ange, France.

  • Le 19 octobre 2006 à 10:32 En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

    il n’y a aucune solution à ce probléme de la cote d’ivoire .Il faut que la france se retire et laisse les ivoitiens regler leurs problémes.Depuis 4 ans sans la france l’affaire serait réglée depuis long temps.

  • Le 19 octobre 2006 à 11:29 En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

    Les vrais obstcales à la paix en cote d’ivoire c’est bien vous, vous pensez bien vivre dans l’ombre des autres, vous qui avez chosi de mener une vie de clochards intellectuels , vous qui refusez que l’afrique demeure toujours juste comme un fournisseur de matière prémières et n’en devient pas transformateur de matières premières. Mes chers amis, vous vous trompez, le Président LAURENT GBAGBO légitimement élu en octobre 2000, et envié par des sorciers intellectuels dont il ne fait pas de doute de votre appartenance ne peut nullment pas être obstacle à cette crise que vous lui avez imposée....
    Citez moi svp une seule rebellion qui continue encore de sevir comme aux premiers jours, je suis delosé mais la fin de toute rebellion est aujourd’hui connu de tous mm de simple petit citoyen, je vous en dirais pas plus...
    soyez en sur la cote d’ivoire mon pays sortira grandiose de cette crise, et sera un précurseur de la vraie démocratie en AFRIQUE... balleto2001@yahoo.fr...

    • Le 19 octobre 2006 à 12:57, par Bersanny En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

      Bonjour
      Si vous n’avez pas d’autres arguments evitez d’être grossiers et insultants . Sans la CI nous survivrons dans nos pays. C’est la France qui en nous maintenant ensemble à forger nos élites paresseuses qui chantent partout qu’il faut la solidarité entre nos pays. Ici avec peu de moyens nous avons toujours survécu dans la dignité alors epargnez nous de vos basses insultes qui ne font avancer les choses. L’analyse du journal est claire comme l’eau de roche , on fait du surplace en CI parce que Gbagbo ( dit Cissé Le malien ), Affi Pascal ( dit Sawadogo Le mossi ) ,ect..... veulent s’enrichir . Si Vous n’y voyez rien ( y voit rien ) alors taisez vous

  • Le 19 octobre 2006 à 15:27 En réponse à : > Crise ivoirienne : Echec programmé pour octobre 2007

    Ce journal a toujours été réaliste. Rendez - vous pour octobre 2007 pour recommencer l’échec.

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