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Solo Jah Gunt à Ouaga

Publié le jeudi 19 octobre 2006 à 08h16min

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Burkinabè par sa grand-mère paternelle, ce jeune Ivoirien, Souleymane Traoré alias Solo Jah Gunt, a révolutionné le reggae ivoirien par son style musical, rub and dud. De passage au Burkina Faso pour la promotion de son nouvel album, il nous a accordé un entretien dans lequel il explique son absence des scènes africaines.

Solo Jah Gunt, ta dernière visite au Burkina Faso remonte à quand ?

• Ma dernière visite au "Pays des hommes intègres" remonte à huit ans.

Qu’est-ce qui t’y amène aujourd’hui ? • J’ai été invité par les organisateurs de l’élection Miss. Cela a coïncidé avec la sortie de mon dernier album. Alors je profite pour présenter cet opus à ma famille. Je considère le Burkina Faso comme ma famille. Je me rappelle de ma tournée en 1992.

Parle-nous davantage de cet album. • C’est mon cinquième album qui s’intitule "Solo Jah Gunt en toute conscience". C’est une œuvre de dix titres avec des thèmes variés : la femme, les orphelins, etc. Pour moi, la femme est source d’espoir, de vie, donc il faut la respecter. L’émancipation de la femme n’est pas quelque chose de nouveau en Afrique. L’Africain a toujours respecté la femme.

Cet album signe ton retour sur la scène musicale ivoirienne voire africaine après un long silence médiatique. Ne penses-tu pas que cette absence des scènes africaines a quelque peu joué sur ta carrière ? • Je ne me suis pas rendu compte de ce silence parce que je n’ai jamais arrêté ma carrière. J’ai toujours chanté, alors ce n’est pas un retour. Je vis de la musique. Peut-être qu’il y a eu un problème de communication. Maintenant je suis venu dire à tous ceux qui m’avaient un peu oublié que j’existe. Néanmoins je reconnais ma part de responsabilité dans ce silence médiatique, voire musical parce que les gens avec qui je travaille en France ne connaissent pas l’Afrique. Je suis en train de remédier à cette situation à travers la promotion de ma nouvelle production.

Vu l’évolution de la musique africaine, en particulier celle ivoirienne, penses-tu que ton style musical a toujours sa place ? • Pour moi, la musique n’est pas une course de vitesse, mais plutôt une course de fond. Par conséquent, ma musique a toujours sa place. On dit que l’homme propose, Dieu dispose. Alors, moi, je propose ma musique et les autres vont faire leur critique.

Tu fais un reggae assez original. Comment appelles-tu ton style ? • C’est le reggae, mais sachez que dans le reggae il y a plusieurs styles. On y trouve par exemple le ragga, le rub and dud. Je fais du rub and dud. Pour cet album, j’ai travaillé avec un grand arrangeur, Georges Kouakou. C’est le claviste de Bearning Spear. Il est à la base des albums à succès d’Alpha Blondy. La musique évolue vite. Avant, on enregistrait dans des studios de huit pistes ; mais aujourd’hui, grâce à la technologie, on peut travailler dans des studios de cent, deux cents voire trois cents pistes.

On t’a connu avec un look particulier : crâne rasé, lance-pierres au cou, canne à la main. Ce look cache-t-il un message ? • A l’époque tout le monde voulait ressembler à quelqu’un. Moi je voulais être original. Mon look traduit le rub and dud qui n’a rien à voir avec les autres styles musicaux en Côte d’Ivoire ni en Afrique. Ma canne symbolise l’espoir, le lance-pierres est le symbole de la non-violence contrairement à ce que pensent certaines personnes. C’est un objet qui est considéré comme un instrument de violence. Je l’utilise pour montrer qu’il peut servir à des causes nobles.

Quel regard jettes-tu sur le reggae ivoirien depuis ton retour ? • Les choses ont évolué. Il y a de bonnes choses comme des mauvaises. Mais je pense qu’il faut encourager la nouvelle génération qui se bat.

Tu as certainement eu vent de la querelle de leadership entre Alpha et Tiken Jah Fakoly. Quel est ton point de vue ? • On ne fait pas le reggae pour l’argent. Il faut sensibiliser, conscientiser les gens. Nous sommes la voix des sans-voix. Nous devons donner l’exemple. Ceux qui se battent pour une histoire de leadership n’ont rien compris dans le reggae. C’est le peuple qui décide.

Quels étaient tes sentiments, dès ton retour, en Côte d’Ivoire, sur la crise qui secoue ton pays ? • J’ai senti beaucoup de déception parce que mes frères ivoiriens n’ont encore rien compris. Pendant que les grandes nations s’unissent, nous sommes en train de nous déchirer. Peut-être que cela fait le bonheur de certaines personnes. La paix est nécessaire pour la Côte d’Ivoire.

Les musiciens ivoiriens ont été sollicités pour la résolution de la crise à travers Alpha Blondy. Que penses-tu de sa désignation comme ambassadeur de la paix dans la crise ivoirienne ? • C’est une bonne chose. Tous les moyens sont bons pour instaurer la paix. Alpha Blondy, c’est une grande référence. S’il peut contribuer à apporter la paix dans n’importe quel coin du monde, c’est tant mieux.

Dans les années 90, tu as chanté ta bien-aimée à travers le titre "Love". Qu’en est-il de ta situation matrimoniale ? • J’ai une petite amie que j’aime beaucoup ; j’attends un instant pour le mariage. On dit que trop presser que la musique, on danse mal. Je laisse le temps faire les choses.

As-tu un mot pour nos lecteurs ? • Je suis très content d’être venu au Burkina Faso. Je souhaite que l’Afrique soit à elle-même. Elle n’a plus le droit de s’autodétruire.

Alassane Kéré Didier Ouédraogo (Stagiaire)

L’Observateur

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