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Prix Nobel de la paix : Yunus, le banquier des pauvres

Publié le mardi 17 octobre 2006 à 07h32min

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Le Bengladais Muhammad Yunus, le créateur de micro-crédit ou encore « le Banquier des pauvres » a reçu le prix Nobel de la paix, le vendredi 13 octobre 2006. C’est parce qu’on prête seulement aux riches qu’il a décidé de prêter aux pauvres. L’humanité a reconnu son mérite et depuis le vendredi 13 octobre 2006, le Bengladais, Muhammad Yunus a reçu le Prix Nobel de la paix.

Cet homme né en 1940 à Chittagong, la seconde ville du Bangladesh a abandonné en 1965 l’usine qu’il avait créée pour préparer une thèse d’économie aux USA où il a ensuite enseigné à l’Université du Colorado.A la suite de l’indépendance de son pays, le Bangladesh en 1971, M. Yunus retourne au bercail. Cinq ans plus tard, une famine gagne le pays et les pauvres souffrent des affres de la faim. Alors M. Yunus mesure le décalage entre les théories économiques qu’il enseigne et la réalité. Ainsi, il décide de créer le micro-crédit. Sa cible ? Les exclus du système bancaire traditionnel.

Pour cause, les pauvres sont marginalisés dans le secteur. M. Yunus, à la suite d’une enquête, remarque que des paysans de son village avaient besoin chacun de 27 dollars pour acheter du bambou et fabriquer des tabourets afin d’assurer les pitances quotidiennes mais aucune banque n’était prête à les financer.

Les banquiers renvoyaient chez les usuriers qui refusaient. Yunus l’a fait. Les 40 paysans créanciers ont produit, récolté des bénéfices et remboursé leur « sauveur » à 100%.

Convaincu, Yunus se met à négocier des prêts garantis par lui auprès d’une banque locale et obtiendra de l’argent de la Banque centrale qu’il emprunte aux pauvres. Les emprunteurs montent des petits commerces et remboursent par la suite leurs dettes. De fil en aiguille, Yunus crée sa propre banque, la Grameen Bank. Aujourd’hui, la banque compte six millions de clients, affiche 5,72 milliards de dollars de prêts distribués depuis sa création à plus de 6,6 millions de personnes et des taux de remboursement à faire pâlir d’envie les banques traditionnelles. Plus de 98% des prêts sont en effet honorés.

La Grameen Bank a aussi créé des emplois. 18 000 personnes travaillent dans les 2 200 agences de l’institution. Fort de cette expérience, des pays ont emboîté le pas à M. Yunus. Le concept de micro-crédit s’est ainsi largement répandu dans les pays en développement. Il commence aussi à être appliqué dans des pays développés.

En France par exemple dans les quartiers difficiles où les banques commerciales classiques hésitent à prêter aux plus pauvres.

Le lien entre la micro-finance et la paix

Y-a-t-il un lien entre les activités de Yunus et la paix ? Bien sûr. La paix ne se limite pas à l’absence de guerre et l’attribution de ce prix démontre clairement que ces jurés ont une clairvoyance et une bonne maîtrise de la notion de paix. Car aujourd’hui, le premier combat des milliards de personnes est la lutte contre la misère. Pour cause, 9 millions de personnes meurent de faim chaque année et 900 millions sont mal nutries. Des chiffres alarmants dont les êtres n’ont pas forcément le remède et le constat est amer.

La faim tue plus que le Sida, la malaria et la tuberculose réunis. C’est donc l’équivalent d’un tsunami toutes les semaines en terme de pertes de vies humaines. C’est pourquoi, il y a lieu de saluer le micro-crédit. C’est un moyen simple et efficace de rendre aux pauvres leur dignité, de les motiver et les aider à prendre en main leur propre destinée et éviter l’assistanat de l’aide au développement. Aussi, n’oublions pas que la misère est à la base de mille et une révolutions au sein des nations. L’exemple de Yunus, « le Banquier des pauvres » est une leçon pour l’humanité.

En guise de reconnaissance, le Prix Nobel de la paix recevra une médaille d’or et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (environ 1,1 million d’euros) le 10 décembre 2006 à Oslo. M. Yunus a déclaré réserver l’argent de cette distinction à de bonnes causes.

Hamadou TOURE (hatoure@yahoo.fr)

Sidwaya

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