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SNC 2004 : Ambiance de fête à Sya

Publié le lundi 29 mars 2004 à 07h25min

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Bobo-Dioulasso, la capitale de Sya, est en ébullition depuis le samedi 27 mars 2004, 12e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC) oblige.
L’ouverture officielle de la manifestation, qui a eu lieu au rond-point de Dafra dans l’après-midi, présidée par le premier ministre en présence du parrain, M. Amadou Mathar M’Bow, a mobilisé un grand monde. Pendant une semaine, les artistes venus d’ici et d’ailleurs vont communier dans la fraternité, pour le rayonnement de la culture, de nos cultures.

La ville de Sya était déjà en effervescence pendant les heures qui ont précédé l’ouverture de la SNC 2004. Partout en ville, c’est la culture dans ses multiples facettes qui a droit de cité. Avec la cérémonie officielle d’ouverture, c’est bien parti pour une semaine de rythmes, de sensations chaque fois renouvelés.

Cette cérémonie officielle d’ouverture, qui était très attendue, a été très culturelle avec le grand carnaval au "plus grand rond-point du monde", un carnaval qui a vu défiler plusieurs composantes ethniques de notre société et des sensibilités venues d’ailleurs. Ensemble, elles ont donné le ton et convaincu le grand public que "la culture constitue de nos jours un enjeu majeur des relations internationales".

En rappel, le thème cette année de la SNC est "Terroirs, patrimoines et marché des arts", un thème qui établit un rapport intelligent entre la production des œuvres de l’esprit et la question de leur valeur marchande. La réflexion sera donc menée pour aboutir à de sages conclusions, qui auront l’avantage d’éviter que ce que nous avons de plus cher dans un monde en perpétuelle mutation, notre culture, ne soit réduite à sa seule valeur monétaire.

L’intégration par la culture

La 12e SNC intervient à quelque huit mois d’un autre grand rendez-vous culturel : le Sommet de la Francophonie, qui consacre l’unité, malgré nos différences, autour de la langue française.

A cette 12e édition de la fête de la culture, une porte a, comme par le passé, été ouverte pour laisser entrer les autres cultures africaines, pour mieux exprimer la volonté des gouvernants de réaliser l’intégration des Africains par la culture. Ainsi, des pays frères et amis ont été conviés à la fête. On peut citer le Mali, le Togo, le Bénin, la Guinée (Conakry), le Ghana... qui ont signalé leur présence et leur enthousiasme de fort belle manière au cours du carnaval.

Le choix de la personne de M. Amadou Mathar M’Bow, homme de culture et ancien directeur général de l’UNESCO, participe aussi de cette quête de l’intégration et il n’a pas du tout manqué de mesurer à sa juste valeur la responsabilité qu’on l’a chargé d’incarner.

Bref, dans son discours d’ouverture officielle de la SNC 2004, il a donné l’assurance qu’il s’efforcerait d’assumer de son mieux toutes les obligations qui découlent du choix porté sur lui.

Pour lui, la construction de la Nation-Etat passe nécessairement, à l’étape actuelle de l’évolution du monde, par la reconnaissance de la diversité et par la volonté d’en faire une source essentielle de renforcement et d’enrichissement mutuels. C’est bien ce que les artistes tâcheront, une semaine durant, de démontrer.

La SNC 2004 est donc sur rails et il nous sera donné d’apprécier le travail abattu tant par les organisateurs de l’événement que par les différents autres protagonistes, depuis la dernière édition en 2002.

Depuis Bobo,
D. Evariste Ouédraogo

Amadou Mathar M’Bow "Mon panafricanisme est un humanisme"

Au lendemain de l’ouverture officielle de la Semaine nationale de la culture (SNC) cuvée 2004, le parrain de cette 12e édition, Amadou Mathar M’Bow, a animé une conférence de presse hier dans la matinée au siège de l’institution. Ce fut l’occasion pour l’ancien directeur général de l’UNESCO de redire la satisfaction et l’honneur qui sont siens suite au choix porté sur sa personne pour parrainer cette édition. Il s’est dit prêt à assumer toutes les obligations qui découlent de ce parrainage, pour le présent et pour le futur.

A 83 ans et toujours bon pied bon œil ("Je me sens extrêmement jeune" , a-t-il dit), M. M’Bow a affirmé qu’il a toujours été un panafricaniste convaincu. "Je crois en l’Afrique et à ses capacités. Ce continent surprendra encore le monde, car nous avons une capacité réactive extraordinaire. Nous avons les moyens de changer notre condition humaine" , se convainc-t-il.

Avant d’ajouter, quand on lui demande quelle image il voudrait que ses contemporains gardent de lui : "J’ai toujours été attaché aux principes de justice, de liberté, de paix et d’ouverture, à la nécessité de partager le savoir pour le bien-être de l’humanité. Les potentialités existent dans le monde pour cela et les rapports entre les hommes doivent être fondés sur l’égalité. Il faut savoir respecter les autres quand on veut être respecté soi-même et je crois à la fraternité humaine par-delà toutes nos différences".

Pour l’ancien DG de l’UNESCO, la diversité culturelle est essentielle pour nos Etats-nations et la culture doit être un facteur d’union et non de désunion comme on le voit parfois. On le voit, il rejette toute tendance ethnocentriste et tout repli identitaire.

Mais la SNC, par-delà son côté folklorique, est-elle la meilleure façon de valoriser, d’exporter la culture africaine en général et burkinabè en particulier ? Elle peut y contribuer, répond en substance le conférencier, pour qui ne se rend pas toujours compte, ou de l’intérieur, de l’extraordinaire expansion des produits culturels made in Burkina.

Cependant, déplore-t-il, l’art profite moins aux créateurs qu’aux intermédiaires et il faut trouver les voies et moyens pour remédier à ce problème.

Quant à l’américanisation tous azimuts qui étouffe littéralement les autres cultures, africaines en l’occurrence, Amadou Mathar M’Bow pense que les cultures africaines ont énormément influencé la culture américaine, et pas seulement dans le jazz ou le gospel pour ne citer que les exemples les plus connus. Puis il se lance dans un long développement sur le rap, plutôt étonnant pour quelqu’un de son âge. C’est que son petit-fils de seize ans, confie-t-il, compose souvent pour les rappeurs et il trouve légitime que les jeunes Africains se soient appropriés ce style musical qui est avant tout le leur.

Synthèse Ousséni Ilboudo
L’Observateur

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