Ainsi, durant les 15 prochains jours, les deux concurrents et leurs états-majors respectifs devront parcourir les quelque 2 300 000 km2 de leur immense pays, ravagé par des années de guerre et d’instabilité chronique, pour tenter de rallier à l’une ou l’autre cause la majorité de leurs concitoyens.

Cette consultation, faut-il le rappeler, est la première qualifiée de « libre » depuis plus de 40 ans. Combinée à l’élection des députés provinciaux, elle constitue un élément essentiel du processus de paix et devrait aboutir à une régénération quasi totale du paysage politique congolais. Pourtant, loin de susciter l’espoir, ces élections générales éveillent plutôt l’inquiétude chez plus d’un observateur de l’histoire récente de l’ex-Zaïre.

On se souvient, en effet, du climat d’extrême violence qui avait accompagné en août l’annonce des résultats du premier tour, faisant de nombreuses victimes dans la capitale. Depuis, un calme précaire règne sur le pays ; et malgré la rencontre « réconciliatrice » organisée en septembre dernier entre les deux candidats belligérants, une atmosphère très tendue pèse sur la campagne du second tour. Favori des pronostics, Joseph Kabila, président depuis l’assassinat de son prédécesseur et père, s’engage dans cette dernière ligne droite nanti du soutien de l’octogénaire Antoine Gizenga, leader du Parti lumumbiste unifié (PALU) et du ralliement de Nganza Mobutu, respectivement crédités de 13 et 4,77% au premier tour. Il devancerait ainsi son antagoniste et challenger, Jean-Pierre Bemba, arrivé loin derrière lui avec ses 20% de suffrages.

Pourtant, rien n’est encore joué dans le duel qui, une fois de plus, va opposer les deux hommes. Car, si le président sortant s’appuie sur les récents accords conclus pendant l’intervalle, son adversaire est loin d’avoir courbé l’échine, face à la vaste coalition que constitue, pour l’occasion, « l’Alliance de la majorité présidentielle ». En effet, Jean- Pierre Bemba, malgré la défaveur des pronostics, entend bien renverser la vapeur en ratissant le plus large possible et pourquoi pas, du côté des partisans de l’éternel opposant historique, Etienne Tchissékedi, déclaré « non partant » pour ces consultations.

Mais quelle que soit l’issue de ce scrutin, en faveur de l’un ou de l’autre des deux candidats, on ne peut que s’inquiéter de ce que nous réservera l’après 29 octobre 2006. En effet, au vu du climat délétère qui a régné durant toute la campagne du premier tour et des incidents qui ont marqué la proclamation des résultats provisoires, on peut légitimement se demander si les deux finalistes parviendront à faire taire leur antagonisme. Rien n’est moins sûr quand on sait à quel point, malgré les efforts de la communauté internationale en faveur de ces élections démocratiques, les tensions entre les deux camps demeurent vivaces.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga