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La bombinette de Pyongyang : Le summum des défis

Publié le mercredi 11 octobre 2006 à 08h07min

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Jamais comme aujourd’hui, ce qu’on est convenu d’appeler communauté internationale n’a vu son autorité ouvertement défiée.

Premier des défis et pour respecter l’ordre chronologique, l’Iran d’Abim Nejad et son programme nucléaire. Malgré les multiples interventions où la carotte et le bâton furent tour à tour maniés à satiété, le nouveau président iranien continue de dire niet quant à la suspension exigée de sa politique d’enrichissement d’éléments nucléaires.

Malgré les assurances qu’il a pu donner sur le caractère pacifique d’un tel programme, personne ne doute qu’il s’y profile la volonté de doter à terme Téhéran de l’arme fatale qui viendra contrebalancer dans la région la dissuasion nucléaire dont Israël s’est donné les moyens depuis belle lurette.

Bref, les Mollahs et l’anti-sionisme virulent mis à part, Mahmoud Ahmadinejad renoue avec le grand rêve jadis caressé par le Shah :

doter l’ancien empire perse d’une puissance militaire moderne, sinon la plus grande du monde, du moins, la plus performante de la région considérée. Deuxième défi : voici le Soudan d’Oumar El Béchir qui tient, lui aussi, tête à la communauté internationale dans un désir de dépêcher au Darfour des forces onusiennes pour relever celles africaines dont l’U.A., totalement désargentée, n’arrive plus à supporter les coûts.

Transie d’impuissance, l’ONU s’est résolue à prolonger jusqu’à la fin de l’année et aux dépens de l’U.E, la mission militaire africaine. Qu’en sera-t-il après, alors que chaque jour qui passe met en place toutes les pièces d’un génocide annoncé.

Le défi qui n’a pas eu lieu : Laurent Gbagbo, ce professeur d’histoire devenu chef d’Etat en Côte d’Ivoire, jurait, une semaine avant le sommet de la CEDEAO, par tous les dieux bété que c’en était fini de toutes formes de médiation extérieure dans la crise qui mine son pays et que la solution qui ne pouvait qu’être interne, passait par le renvoi des troupes françaises de la Licorne.

Finalement il se sera dégonflé puisqu’il s’est rendu à Abuja, et c’est encore de cette communauté internationale qu’il obtiendra son maintien à la tête du pays pour un an.

Mais la mère des défis, c’est celle que la communauté internationale a enregistrée mardi 10 octobre à 01 h 35 T.U, à 2000 m sous terre, quelque part dans le Nord-Est de la Corée de Kim Jong Il.

Ce jour-là en effet, Pyongyang a procédé à l’explosion de sa bombe atomique, quelque trois mois seulement après le tir déjà condamnable de son missile Tae podong. Même si la nature et la puissance de l’arme faisaient encore objet de conjectures à la date d’hier, le fait en lui-même est suffisamment grave pour la stabilité de la péninsule coréenne et au-delà.

Pensons par exemple au Japon à portée de missiles et pour lequel le simple mot "atomique" réveille toutes les frayeurs, pour les raisons qu’on sait, auprès de la population.

Il est vrai que depuis Hiroshima, ce pays a reconverti résolument son ancienne énergie guerrière dans le développement au point d’être aujourd’hui le N°1 mondial dans presque tous les domaines.

C’est vrai que le nouveau Premier ministre japonnais a affirmé qu’en dépit des provocations de Pyongyang, son pays ne démordra pas de son pacifisme constitutionnel.

Mais on ne saurait oublier qu’au Japon, il existe un courant nationaliste fort qui milite pour le réarmement du pays et auquel la bombinette de Pyongyang ne manquera pas de donner des arguments.

Et que dire de la Corée du Sud qui est elle aussi une grande puissance économique et qui malgré le parapluie américain, ne peut plus dormir tranquille à l’idée qu’au-delà du 38e parallèle plane une arme de destruction.

Croyez-vous que c’est d’un bon œil que Pékin a enregistré cette explosion, elle qui peut s’accommoder difficilement d’une autre puissance nucléaire dans ses flancs immédiats ?

On comprend dès lors pourquoi la Chine populaire, si réservée et si compréhensive vis-à-vis de cette dynastie coréenne, s’est associée cette fois au concert de condamnations et d’indignations, et qui pourrait tout aussi bien se joindre au train de sanctions que le Conseil de sécurité pourrait être amené à prendre. Justement quelles sanctions ?

La dénonciation des fameuses négociations à six ?

On se souvient que dans le cadre de ces négociations, la Chine, la Corée, les USA, le Japon et la Russie demandaient à Pyongyang la suspension de l’aventure nucléaire contre une aide substantielle et multiforme pour son développement.

C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre la création d’une zone économique spéciale par la Corée du Sud chez son voisin du Nord, permettant de créer des emplois et des revenus pour les "enfants" de Kim Jong Il.

Mais si, comme cela est vraisemblable, ce sont les sanctions économiques qui vont être déployées, c’est malheureusement encore les pauvres Coréens du Nord et non le régime qui en feront les frais.

Ce régime qui a scandaleusement mobilisé toutes ses ressources pour centrifuger du matériau nucléaire alors qu’il tend la main pour nourrir ses 24 millions de bouches.

Boureima Diallo

L’Observateur

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