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Relations Burkina-Taïwan : Le pragmatisme plutôt que le suivisme

Publié le mercredi 11 octobre 2006 à 07h53min

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Le 10 octobre est consacré fête nationale de la République de Chine. A l’occasion de cet heureux événement qui mobilisera le peuple frère de Chine, l’Association burkinabè d’amitié avec Taïwan (ABAT) voudrait manifester sa solidarité et témoigner de l’exemplarité des relations qui unissent les deux peuples.

La République de Chine a été fondée en 1912. Il faut surtout noter que c’est la plus ancienne république constitutionnelle d’Asie. En 1949, un fait important va survenir dans la vie de l’État. Le Parti communiste chinois proclame la République populaire de Chine, ce qui va entraîner le déplacement du gouvernement de la République de Chine à Taïwan, avec une emprise de son autorité sur les îles de Taïwan, du Penghu, de Kinmen, de Matsu et de nombreuses autres petites îles.

Dès lors, deux Chinois vont naître des deux côtés du Détroit de Taïwan et évoluer en développant chacun son identité : la République populaire de Chine et la République de Chine communément appelée Taïwan. Au fil des ans, Taïwan va travailler à devenir une démocratie libre.

En 1987, la loi martiale est levée et des réformes politiques importantes vont être entreprises dont la libéralisation de la création des partis politiques. Aujourd’hui, ils sont plus d’une centaine à animer la vie politique taïwanaise. Un autre fait de taille, c’est l’élection, en 1996, pour la première fois au suffrage universel direct, du président de la République.

De la pauvreté à la prospérité

En 2000, le deuxième scrutin présidentiel va conduire à la victoire de Chen Shui-bian, candidat du Parti démocrate-progressiste, brisant ainsi en douceur, 50 ans de monopole du Kuomintang. En 2004, Chen Shui-bian a été réélu pour un nouveau bail de quatre ans. Le Burkina Faso, qui est en apprentissage démocratique, devrait s’inspirer de la jeune expérience taïwanaise.

L’option économique de Taïwan est l’économie de marché. Ce choix, construit sur la compétitivité et le dynamisme, va conduire la République de Chine à une prospérité sans précédent à tous les niveaux de la société. Membre fondateur de l’Onu, la République de Chine a été contrainte de la quitter en 1971, lorsque son siège fut attribué à la République populaire. Néanmoins, de par le monde, Taïwan entretient des relations diplomatiques avec 25 pays, de nombreuses organisations gouvernementales et ONG. En 2002, Taïwan est admise au sein de l’Organisation mondiale du commerce.

Les indicateurs économiques de ce petit pays (le Burkina est 7 fois et demi plus grand que Taïwan) (voir encadrés) indiquent nettement le niveau de développement et le dynamisme de Taïwan. Si la République de Chine est parvenue à ces performances, elle le doit surtout à son peuple, qui est discipliné et travailleur. C’est dire qu’en allant à l’école chinoise, le Burkina peut aussi devenir prospère.

Le modèle taïwanais, une voie pour le Burkina

Surtout que, en dehors de quelques faibles gisements de charbon, de gaz naturel ou de chaux, la nature n’a pas aussi gâté Taïwan. Renouées depuis 1994, les relations entre le Burkina et Taïwan sont parmi les plus dynamiques et les fruits les plus visibles. En témoignent les réalisations des Engagements nationaux !

La philosophie « apprendre à pêcher plutôt que donner le poisson » est la cheville ouvrière des relations. Une voie certaine de lutte contre la pauvreté et le développement durable. Car, si le Burkina veut suivre les sentiers qui ont ouvert la route du développement des pays occidentaux, inutile de dire que la croissance sera toujours remise aux calendes grecques.

L’agriculture (riz pluvial, mécanisation agricole, retenues d’eau), la santé (assistance technique et lutte contre le Sida), la formation (bourses d’études, coopération universitaire, séminaires à Taïwan, enseignement du mandarin à l’IDIU), la lutte contre la désertification (un village, un bosquet), l’appui au secteur informel et aux activités rémunératrices des femmes (FASI, FAARF, Projet national karité, Centre d’approvisionnement et de distribution des produits de la pêche), sont autant de secteurs qui bénéficient de la manne chinoise.

Ce sont des activités qui relèvent directement le niveau de vie des populations et concourent à la sécurité alimentaire en même temps qu’elles résorbent un tant soit peu l’épineuse question du chômage. Taïwan encourage la promotion des compétences locales plutôt que l’emploi de ses expatriés.

Par exemple, la construction du palais des sports couvert à Ouaga 2000 (une première au Burkina) a utilisé une expertise, des matériaux et une main-d’œuvre uniquement burkinabè. Aucune machine n’est venue de Taïwan, à plus forte raison un fusible. Ce qui n’est pas le cas dans certaines formes de coopération pour renforcer les capacités ou pour un transfert de technologies, de nombreux cadres burkinabè reçoivent une formation à Taïwan.

Dans le domaine de la culture, l’Orchestre national est le bienvenu dans l’univers musical au moment où la tendance est plus aux technologies du son plus qu’aux instruments. Une salle de spectacles couverte, comme le Centre national des arts du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA), est un ouf de soulagement pour les artistes.

Taïwan a bien voulu aider le Burkina à bâtir ces infrastructures. Une forte délégation de l’ABAT est à Taïwan pour l’expo « Taitronic », une exposition sur les Nouvelles technologies de l’information et de la communication.

L’Association burkinabè d’amitié avec Taïwan (ABAT)

Sidwaya

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