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Ministère de l’Agriculture : "On a traité mon projet de littérature"

Publié le mardi 10 octobre 2006 à 08h31min

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Les chantiers du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques sont nombreux et multiformes. Pour un pays comme le nôtre, cela est à louer. Mais quand des citoyens volontaires veulent apporer leur contribution au rayonnement de l’agriculture burkinabè et sont bloqués par des cadres dudit ministère, cela devient moins intéressant. C’est ce que Mahamadou Compaoré, auteur de la lettre qui suit, affirme au premier responsable du ministère.

Monsieur le Ministre d’Etat, Je voudrais tout d’abord vous présenter toutes mes excuses pour le biais utilisé pour m’adresser à vous. Je sollicite l’attention de l’homme sociable et de terrain que vous êtes au-delà de l’homme politique.

En effet, je suis un observateur intéressé du secteur agro-sylvo-pastoral et ce, depuis le lancement du Programme d’ajustement sectoriel agricole (PASA) en 1992. Mon intérêt s’est intensifié au moment où vous êtes arrivé à dynamiser et à promouvoir le secteur en tant que ministre de l’Environnement et de l’Eau et ministre coordonnateur des Six (6) engagements.

Mais, je n’ai jamais eu l’occasion et l’immense honneur de vous féliciter pour votre dynamisme, votre pragmatisme et votre dévouement très apprécié par la majorité des Burkinabé, n’en déplaise à vos détracteurs (1).

Au département de l’Environnement et de l’Eau, aussi bien qu’au département de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, vous avez lancé différents projets et programmes dans les secteurs agro-sylvo-pastoral et hydrique. Sans vouloir faire votre apologie et pour ne pas remettre en cause le principe de solidarité ministériel, c’est sous votre houlette que les projets et programmes suivants ont été lancés :

la relance de la production du coton ;
le projet gomme arabique (acacia sénégal) ;
le programme national de gestion des terroirs (PNGT) ;
le projet d’aménagement progressif des grands barrages, des retenues d’eau et des forages ;

le programme Saaga ;
la relance du projet de production du blé au Sourou ;
l’installation des différentes structures : les chambres d’agriculture, la Confédération paysanne du Faso (CFP) et bientôt ;
le lancement du programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) avec l’appui de la Banque mondiale.

Tous ces projets et programmes sont contenus dans les documents de la Stratégie de développement rural à l’horizon 2015 et de la Stratégie de la croissance durable de l’agriculture et de l’élevage, qui, d’ailleurs, s’inscrivaient et s’inscrivent dans une des priorités du septennat et des quinquennats de Son Excellence le Président du Faso, chef de l’Etat avec l’appui des partenaires techniques et financiers dont l’objectif global est la promotion et le développement rural, la production agricole soutenue et durable, la lutte contre la faim et la malnutrition et l’autosuffisance alimentaire.

Monsieur le Ministre d’Etat, La majorité des acteurs du secteur agro-sylvo-pastoral et hydrique reconnaît votre ardeur, votre dynamisme et vos compétences. Vous avez les moyens de la mise en œuvre de votre politique, en d’autres termes, vous savez où et comment aborder les bailleurs de fonds pour obtenir les financements. Pour preuve, les accords de financements du barrage de Samandéni qui est classé comme un ouvrage jamais réalisé au Burkina en termes de coûts et de capacités. Votre dernier séjour aux Etats-Unis (du 30 mai au 02 juin 2006) avec pour résultat le financement de différents programmes par la Banque mondiale.

Certains de vos cadres ne vous épaulent pas

Monsieur le Ministre d’Etat, Par votre dynamisme vous avez organisé, pour la première fois en Afrique francophone, le 9e Forum africain pour l’agriculture, le 19 septembre 2005 à Ouagadougou. Vous présidez également la 31e session du Comité de la sécurité alimentaire tenue à Rome en mai 2005.

Monsieur le Ministre d’Etat, Mon intention n’est pas de faire vos éloges, les faits sur le terrain parlent d’eux-mêmes. C’est l’action, la conviction, la foi d’un homme qui a l’amour de son domaine, auquel Son Excellence Monsieur le Président du Faso a confié une mission.

Acceptez de temps en temps qu’on jette des fleurs aussi modestes soient-elles. Mais quels que soient votre bonne volonté, votre esprit d’initiative et de créativité, sans des collaborateurs, des cadres et techniciens de bonne volonté, ayant l’esprit d’initiative, les actions sont vouées à l’échec. Quelques exemples pour étayer mes propos :

au sujet des projets blé et gomme arabique vous disiez (cf. Sidwaya n°5382) : « Malheureusement souvent, quand on engage ce genre d’action, on est confronté à des entraves non seulement budgétaires, mais surtout à la résistance bureaucratique de certains cadres qui ne connaissent que le confort douillet de leurs bureaux » ;
en 1996, j’ai élaboré un projet dans le domaine agro-sylvo-pastoral et dans mes recherches de financement et de partenariat, j’ai été reçu par un cadre supérieur du ministère qui a qualifié mon projet de littérature ;

en 1997, toujours dans la même démarche, un de vos camarades d’université (économiste de formation) a fait une évaluation de mon projet pour arriver à la conclusion que la production n’était pas rentable pour celui qui veut commencer une activité dans le secteur primaire en général et dans le domaine agro-sylvo-pastoral en particulier. Pourtant, j’ai transmis ce projet à la SFI, à la BAD, à la FAO, à la DEG, à la BOAD et j’en passe... tous ont émis un avis favorable.

Certains de vos cadres ne vous épaulent pas dans la réalisation de vos nobles missions qui pourraient sortir le paysannat de l’ignorance et partant du caractère archaïque de l’agriculture en les initiant aux nouvelles techniques culturales. Dieu merci, l’espoir est permis, il y a des producteurs dans l’ombre qui se battent, qui ont la conviction et l’amour du travail.

A travers cette lettre, je dis aux pessimistes qu’ils ont tort. Nous pouvons être de grands producteurs de riz à l’image du Vietnam, qui après une décennie de guerre, est aujourd’hui le 2e producteur et 3e exportateur mondial de riz ; ou de la Chine qui, avec 21% de la population mondiale, 7% des terres arables au niveau mondial, a atteint l’autosuffisance, sans apport extérieur.

Les potentialités existent, les ressources humaines également. Une synergie d’actions nous permettra d’atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD).

Les outils, les ressources humaines existent pour faire tourner la machine Sans entrer dans le volet commercial, avec notamment les subventions des occidentaux à leurs agricultures, j’estime qu’il faut que nous produisions en quantité et en qualité pour la consommation locale. C’est aussi une question de nationalisme. Le problème majeur est l’élite.

Celle-ci doit donner l’exemple en bannissant les actions néfastes de la bourgeoisie qui participe à définir la politique agro-économique aux différents forums et débats. Plus près de nous, le Mali a adopté un texte qui exige aux importateurs un quota de riz local à écouler. Les résultats sont probants.

Les outils, les ressources humaines existent pour faire tourner la machine. Il reste le stimulant, c’est-à-dire l’engagement et la volonté politique, la mise à disposition des moyens de production à ceux qui désirent participer au développement agricole, sylvicole, pastoral et à la promotion du monde rural en général.

Monsieur le Ministre d’Etat, Pour terminer, je m’excuse, une fois de plus, pour le support utilisé pour m’adresser à vous. J’en profite pour rendre hommage à la presse écrite qui est la voix des sans voix.

C’est juste pour exprimer mon ras-le-bol face à certains comportements et vous adresser mes encouragements pour les efforts consentis pour la promotion du monde rural qui est l’un des objectifs du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP). Je rends hommage également à monsieur le ministre délégué chargé de l’Agriculture (monsieur Bounoudaba Dabiré) qui, à la tête du SP/STC-PDES, a fait ses preuves.

Sur ce, je vous souhaite une santé de fer et beaucoup de tonus pour continuer les efforts déjà entrepris pour une agriculture moderne et à même de bouter les crises alimentaires et la famine hors de notre cher Burkina Faso.

Que Dieu vous donne le temps et les moyens nécessaires pour accomplir parfaitement votre mission à la tête de ce département stratégique ! Inch Allah.

Mahamoudou Compaoré (cmahama2000@yahoo.fr)

(1) sondage CGD ; Faso baromètre Ouahigouya

L’Observateur

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