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Crise ivoirienne : La rencontre d’Abuja accouche d’une souris

Publié le lundi 9 octobre 2006 à 08h58min

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Onze chefs d’Etat de la Communauté économique des Etat de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont le président du Faso, Blaise Compaoré se sont réunis en sommet extraordinaire le 6 octobre 2006 à Abuja au Nigéria en vue de trouver des solutions à la crise ivoirienne. Mais dix heures de discussions à huis clos n’ont pas permis de lever les blocages politico-militaires dans ce pays.

« Je ne parle pas dehors. Moi, je parle dedans. Il y a des gens qui parlent dehors, mais moi je parle dedans ». Accosté dans les couloirs de l’hôtel Transcorps Hilton par un journaliste à propos du huis clos, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a eu la réaction ci-avant. Venu à Abuja au Nigéria pour défendre bec et ongles, sa position, Laurent Gbagbo, jusqu’à la fin du sommet ne savait pas ce qui lui sera réservé. Selon des sources proches de la rencontre, les positions défendues par la CEDEAO et celle de Laurent Gbagbo étaient antagonistes.

La CEDEAO, face aux blocages dans la mise en ouvre du processus de paix, penchait plus pour une redistribution des cartes du pouvoir en Côte d’Ivoire en renforçant les prérogatives du Premier ministre. Celui-ci aurait, de ce fait, les pleins pouvoirs pour diriger une période de transition et organiser des élections. Laurent Gbagbo deviendrait alors comme la reine d’Angleterre ; il régnera sans pour autant gouverner, une sorte de présidence honorifique.

Face à cette position, celle du président ivoirien semble écartée. Pour lui, il n’est pas question de céder son pouvoir à quelqu’un d’autre : « J’ai été élu démocratiquement par le peuple, » a-t-il soutenu en substance. Aussi, Laurent Gbagbo considère les rebelles comme des putschites. « Ils ont voulu faire un coup d’Etat qui a échoué ». Toute chose inadmissible dans un Etat de droit. Alors, le président ivoirien fixe comme préalable à la pacification de son pays, le désarmement des rebelles. Il a ainsi remis en cause les accords de Marcoussis et tout ce qui a suivi, de nature à légitimer l’action des Forces nouvelles. Du statut d’accusé qu’il a fini par se coller sur mesure à travers ses agissements, Laurent Gbagbo a choisi désormais de charger.

Avant même de se rendre à Abuja, il a annoncé pour les jours à venir, un nouveau gouvernement avec à sa tête, un nouveau Premier ministre : « c’est parce qu’il y a du n’importe quoi dans ce gouvernement, qui n’est pas directement responsable devant moi, que le scandale des déchets toxiques a pu arriver en Côte d’Ivoire, » a-t-il expliqué. Plus ferme, le chef de l’Etat ivoirien s’est dit radicalement opposé à tout changement de médiateur. Si Thabo Mbéki était dessaisi du dossier, Laurent Gbagbo indique qu’il remettrait en cause « l’éligibilité d’office des signataires des accords de Pretoria à l’élection présidentielle ». Un retour à la case départ donc !.

Divergence de positions

Du sommet d’Abuja, les observateurs avertis de la situation en Côte d’Ivoire n’attendaient pas grand-chose. Le clan présidentiel ivoirien avait déployé sa machine diplomatique dans plusieurs capitales de la sous-région. La directrice de cabinet adjoint du président Gbagbo, Mme Sarata Ottro Touré avait parcouru quelques capitales ouest africaines avec dans ses valises une lettre exposant les nouvelles solutions alternatives proposée par son président : le départ de la force française de l’opération Licorne, la suppression de la zone de confiance et le maintien du médiateur Thabo M’Beki.

Aussi, le numéro un du Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo, Affi N’Guessan jouait aux apprentis sorciers en faisant planer des menaces sur les ressortissants des pays membres de la CEDEAO en Côte d’Ivoire au cas où l’institution sous-régionale prendrait des mesures à l’encontre du pouvoir de Gbagbo. D’un autre côté, le représentant spécial de secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, Pierre Schori, à l’issue d’une audience à Ouagadougou avec Blaise Compaoré, avant le Sommet d’Abuja avait fait cette déclaration : « Nous espérons au niveau des Nations unies que les Sommets de la CEDEAO et de l’Union africaine vont donner des recommandations claires au Conseil de sécurité sur comment sortir de la crise ».

Les chefs de l’Etat de la CEDEAO entre la logique de Gbagbo et les attentes de l’ONU se devaient donc d’agir. Le huits clos de 10 heures en dit long sur l’intensité des débats. Toute l’Afrique de l’Ouest redoute que la crise ivoirienne, déclenchée depuis le 19 septembre 2002, ne déstabilise la sous-région. « En dépit des prises de position regrettables de certains acteurs ivoiriens, la paix dans ce pays frère est une affaire qui nous concerne, qui concerne notre sous-région et tout le continent africain », a souligné le président en exercice de la CEDEAO, Mamadou Tandja à l’ouverture des travaux.

Après dix heure d’horloge marquées par d’âpres discussions, des recommandations ont été prises. Le communiqué final n’a pas rendu publiques ces recommandations.Elles seront soumises au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au cours de sa prochaine session les 16 et 17 octobre 2006 à Addis-Abeba. Toutefois, il ressort des conclusions du Sommet que « la mise en ouvre effective, pleine et entière des dispositions de la résolution 1633 des Nations unies constitue pour la CEDEAO, le cadre de règlement idéal de cette crise ». Ce qui, en clair, signifie que les chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont pas suivi le président Laurent Gbagbo. Le Sommet d’Abuja a été marqué également par le départ de certains chefs d’Etat avant la fin des travaux. Olusegun Obasanjo, Abdoulaye Wade, Blaise Compaoré...

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)


Les décisions du Sommet

Après avoir été largement informés sur la situation en Côte d’Ivoire, les chefs d’Etat et du gouvernement de la CEDEAO ont exprimé leurs profondes préoccupations face aux nombreux blocages identifiés par le GTI et qui entravent la mise en ouvre des décisions de Yamoussoukro et de la feuille de route élaborée au terme de la Décision 1633 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Saluant les efforts déployés par le gouvernement ivoirien visant à accélérer la mise en ouvre de la feuille de route, ils ont toutefois déploré les nombreux obstacles et atermoiements qui ont rendu impossible l’organisation des élections à la date du 30 octobre 2006. Par ailleurs, ils ont noté que la persistance de la crise ivoirienne est à terme, porteuse de graves menaces sur la paix et la sécurité de la région. Ainsi, ils ont réaffirmé que la mise en ouvre effective, pleine et entière des dispositions de la Résolution 1633 des Nations unies constitue pour la CEDEAO, le cadre règlement idéal de cette crise.

A cet égard, ils ont fermement condamné toutes formes de blocage à la mise en ouvre de cette disposition et recommandé au Conseil de sécurité de prendre à cet effet les mesures appropriées. Les chefs d’Etat et du gouvernement ont exprimé leur satisfaction au GTI pour la qualité du travail accompli dans le suivi de la mise en ouvre de la feuille de route en Côte d’Ivoire. Ils ont également manifesté leur soutien aux Forces de l’ONUCI ainsi qu’aux Forces françaises pour leur contribution au retour de la stabilité en Côte d’Ivoire.

Ils ont également adressé leurs vifs remerciements au Premier ministre et aux représentants des Nations unies pour les efforts inlassables qu’ils déploient en vue de restaurer la paix et la sécurité en RCI. Les chefs d’Etat et du gouvernement ont décidé de soumettre leurs recommandations au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au cours de sa prochaine session. Enfin, ils ont exprimé leur profonde gratitude au président Olusegun Obasanjo et au peuple de la République fédérale du Nigeria pour l’hospitalité généreuse et authentiquement africaine qui leur a été réservé.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2006 à 07:58, par alice aux pays des merveille En réponse à : > Crise ivoirienne : La rencontre d’Abuja accouche d’une souris

    c est incroyable qu en meme qu en afrique, un président qui a éte élu democratiquement ne soit pas respecté.et que la soit disante union d afrique s accorde a en discuter pendant 10 heures. ou les haut dirigeants apprendront ils que nous sommes en 2006 et que, c est le pleuple qui vote et non une dictature.depuis quand voyez vous au pouvoir des rebelles avident de sang partager le pouvoir avec le président .il ya des regles fondamentale dans la démocrasie le respect d un vote fait par un peuple livre. je ne suis pas ivoirienne je suis africaine et trouve vraiment dommage que les gouvernement africains soit aussi bete,ils n aiment ni l afrique ni meme le peuple africain.vous voulez etre comme les blancs hélas vous ne faites pas le poids. dans les pays de blancs, il ya des routes ,des hopitaux,des écoles, des bibliotheques, jen passe. au lieux de vous tirer dessus et prendre l argents pour le déposer dans les pays riches , consertez vous pour donner le minimun au peuple surtout aux enfants qui meurent tous les jours du sida,de faim,j ai rencontré ces imbéciles a geneve qui sortait des liasse de billets pour les belles blanche venu de l est.alors que nos enfants en afrique se meurt . meme la chine qui avait des années de retard est prospere au jourd huit dieu nous a donné un tres beau continent hélas il a oublié de donner , la réflection, la sagesse, l humilité et le courage aux politiciens africains.

    • Le 10 octobre 2006 à 21:30 En réponse à : > Crise ivoirienne : La rencontre d’Abuja accouche d’une souris

      Alice au pays des merveilles semble oublier que l’arrivée de GBagbo en RCI n’a pas du tout été merveilleuse puisqu’elle s’est effectuée dans un bain de sang, et que depuis, le sang a continué à couler pour defendre ce pouvoir.De quelle légétimité démocratique dispose encore un homme qui a recours à des escadrons de la mort pour éliminer ses opposants, qui entretient des milices semant la terreur (une sorte de bras armé en dehors des forces de police et de gendarmerie) ?le fait d’être démocratiquement élu n’est pas un bouclier nous garantissant une sorte d’impunité même si l’on dévie:la preuve est que différentes constitutions ont prévu le droit à la désobéissance civile. Cela dit, j’adhère à votre analyse en ce qui concerne le comportement des dirigeants africains en général. Sanwé !

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