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Basta Diabaté : "Mon homme est beau, gentil et respectueux"

Publié le lundi 9 octobre 2006 à 08h36min

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Elle est l’auteur de la belle chanson mandingue à forte coloration zouk "Ankabè" extraite de son premier opus baptisé "Sabou" que certains mélomanes ont tant aimé et continuent de raffoler. Griotte à la voix suave et d’une beauté naturelle, Basta Diabaté, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est une passionnée de musique.

A la faveur d’un entretien qu’elle nous a accordé avec plaisir le lundi 18 septembre dernier, cette artiste nous parle de sa passion, son côté jardin, ses projets...

Peut-on faire davantage connaissance avec notre interlocutrice ?

• Je m’appelle Aïssata Diabaté à l’état civil. Je suis native de Tougan et je suis griotte. J’ai 37 ans.

Et pourquoi le nom d’artiste Basta Diabaté ?

• En fait, je porte le nom de la grande sœur de ma maman qui s’appelle Aïssata, m’ba Aïssata. Partant de là, j’ai fait une contraction de m’ba et de Aïssata. Ce qui a donné Basta Diabaté au finish.

Après la sortie de ton premier album baptisé "Sabou" en 2003, on ne t’entend plus. Que se passe-t-il ?

• Ce silence est dû au fait que je suis en train de préparer présentement mon second album. Je joue avec le groupe "Diabatéla" qui est un peu connu au plan national. Ce pour parfaire l’album. Le seul problème qui se pose pour la sortie de cet opus, c’est que les moyens financiers me manquent. Sinon chez nous les griots, on n’a même pas besoin de répétition. On peut sortir un album tous les mois si on a les moyens. Si j’ai les moyens qu’il faut, l’album sortira incessamment.

Parlant de ton premier opus, quel bilan en fais-tu ?

• Je peux dire que l’album n’a pas marché comme je le voulais. Etant donné que le titre "Ankabè" semblait plaire aux mélomanes, on se disait que la mayonnaise allait prendre. Je ne m’explique pas cette situation. Peut-être que je n’ai pas eu un bon manager. Mais je ne pense pas que ce soit dû à cela.

Mais pour une qui a été élue meilleure artiste de l’année aux Kundé, c’est étonnant que ton album ne se soit pas bien comporté sur le marché discographique. Est-ce qu’il n’y a pas eu des problèmes à ton niveau ? • Ce n’est pas la faute à nous les artistes. C’est plutôt celle de la population. Les Burkinabè n’aiment pas acheter les cassettes. Il faut tout de même reconnaître que les artistes eux-mêmes y sont pour quelque chose. Il y en a qui préfèrent graver leurs œuvres pour donner aux gens au lieu de les laisser en acheter. Moi particulièrement, dans le cadre de ma promotion, j’ai payé mes propres cassettes pour les offrir à des proches ou connaissances qui m’en demandaient. Pour tout dire, je n’ai pas eu grand chose avec cet album. Le bilan est nul (Rires !!!).

Tu as un message à lancer aux mélomanes concernant ton prochain album ?

• Oui, je leur demande d’acheter mon second album pour vraiment m’encourager. Il n’y aura plus de cassettes offertes gratuitement. (Rires !!!).

On sait que tu es vraiment passionnée de musique ; de quand datent tes premières amours pour cet art ?

• La musique est un don chez nous les griots. J’ai appris à chanter dès l’âge de 7 ans. Ma maman fut une grande cantatrice de la région dafing. C’est elle qui m’a appris à chanter. Je la suivais du temps du président Sangoulé Lamizana quand elle venait à Ouaga pour les meetings ou dans d’autres villes du Burkina. Elle chantait les louanges du président, des ministres, des députés... Et j’étais toute petite en ce moment. Une fois, elle m’a interpellée en public, me disant ceci : "Tu n’as pas vu le président Sangoulé Lamizana, il faut crier son nom". C’est petit à petit avec elle que j’ai appris à chanter. De nos jours, même si tout Ouaga constitue un public devant moi, je ne vais pas me gêner pour prester.

Tu fais de la musique mandingue ; pourquoi ce choix ?

• C’est un genre musical qui me plaît. Il y a aussi le fait que ma langue maternelle c’est le dioula, le dafing. Cependant, je me débrouille actuellement pour comprendre le mooré afin de pouvoir chanter dans cette langue. Surtout que je suis la femme d’un Mossi. Il arrive même que des commerçants me demandent de traduire les paroles de mes chansons en mooré quand je chante leurs éloges. Chose que je ne peux malheureusement pas faire pour l’instant.

Tu l’as dit, tu es la femme d’un Mossi. Comment celui-ci t’a draguée étant donné que tu ne comprends pas sa langue ?

• Il m’a parlé en français. Et, hormis cela, mon mari parle le dioula, le dafing parce qu’il a séjourné à Dédougou.

Et qu’est-ce qu’il fait dans la vie ?

• C’est un électronicien.

Quelles sont les qualités qui te plaisent chez un homme ?

• J’aime les hommes qui travaillent dur ; qui sont très gentils envers les femmes et les respectent.

Et est-il sur le plan physique ?

• J’ai du penchant pour un homme qui est élancé, beau. Un homme qui s’habille bien et sent bon.

Ton homme réunit-il toutes ces qualités ?

• Bien sûr ! Voilà pourquoi je l’aime bien. (Rires !!!).

Est-ce que tu es libre de t’adonner à la musique, ta passion ?

• Mon mari me comprend. Il savait que je suis griotte avant de me choisir. Je n’ai pas de problèmes avec lui sur ce plan.

Peux-tu nous dire comment s’est passée votre première rencontre ?

• Il a un ami qui habitait la même cour que mon frère. C’est ainsi qu’entre temps, son ami en question a voyagé et il venait rendre visite à la fiancée de celui-ci. C’est là qu’il m’a vue et a juré de tout faire pour m’avoir à ses côtés (Rires !!!).

La tâche a été apparemment facile pour lui...

• Pas du tout ! (Rires !!!). Au quartier Ouidi où nous habitons, ça n’a pas été facile car il y avait pas mal de filles qui lui couraient après. Comme il est beau, ç’a été un vrai championnat. (Rires !!!).

Dis-nous alors comment tu t’y es prise pour tirer ton épingle du jeu...

• (Rire !!!). (ndlr : Elle baisse la tête en ce moment et rigole fort). Je crois que c’est dû au fait que j’ai vraiment tapé dans son œil. Il était déterminé à faire de moi sa moitié. (Rires !!!).

Est-ce que tu es officiellement mariée ? As-tu des enfants ?

• Oui ! je suis mariée et j’ai trois enfants. Deux filles et un garçon. L’aînée a 23 ans.

Que font tes enfants ?

• La benjamine fait la classe de 6e et le garçon fait la 5e. (ndlr : Elle s’arrête un moment et refuse de parler de l’aînée).

A quel âge tu as eu l’aînée ?

• Pas de réponse ! C’est ma vie privée...

Comment tu t’es sentie le jour que tu as reçu ton Kundé ?

• J’étais très émue dans la mesure où je venais de faire sortir mon album. J’étais très contente. Je dois cette distinction au couple Adama et Mounaïssa Diallo, des parents qui m’ont vraiment aidée et encouragée. Surtout qu’au regard du manque de moyens financiers, je n’étais pas prête pour faire sortir un album. J’ai accueilli ce Kundé avec beaucoup d’enthousiasme et de joie.

Tu évolues aux côtés d’autres artistes femmes. Quels sont tes rapports avec celles-ci ? • Ça va. Je n’ai pas de problèmes avec elles. On s’entend bien. Ce d’autant plus qu’on doit se donner la main pour travailler à l’avancée de la musique burkinabè.

Est-ce que tu as particulièrement des affinités avec l’une d’entre elles ?

• Pas vraiment. Il y a Bintou Dembélé que je côtoie de temps en temps dans le cadre des djandjobas.

Et qu’est-ce que vous vous racontez à chaque rencontre ?

• L’ambiance est toujours bon enfant. On parle de musique. On se dit qu’il faut qu’on se donne la main pour faire avancer la musique burkinabè.

Tu fais de la musique mandingue ; est-ce qu’il y a des artistes qui te servent de références en la matière ?

• Absolument ! Il y a Adja Soumano, Babani Koné, Salif Keïta....

As-tu eu l’occasion de rencontrer ces artistes-là ?

• J’ai rencontré Babani Koné deux ou trois fois ici au Burkina. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à un baptême. Dans une moindre mesure, j’ai rencontré aussi Adja Soumano lors de la récente campagne présidentielle.

Basta a-t-elle d’autres activités en dehors de la musique ?

• Non ! C’est avant que je faisais du commerce de pagnes bazin. Une activité que j’ai vite abandonnée car n’étant pas rentable.

Côté caractère, comment peut-on te qualifier ?

• Je ne suis pas nerveuse. Je suis très affective, bosseuse et patiente.

Qu’est-ce qui peut te mettre hors de toi dans la vie ?

• Je n’aime pas qu’on me minimise. Autrement dit qu’on me manque de respect.

Ton plus grand rêve...

• C’est d’être une artiste internationale.

Revenons à ton second album en préparation ; où en es-tu ?

• Il faut dire que je ne suis pas encore rentrée en studio, faute de moyens financiers. Sinon je suis prête et je peux même faire des albums chaque mois si j’ai un soutien conséquent.

On ne te voit pas très souvent sur scène ; comment tu expliques cela ?

• Moi même je ne sais pas. Ce n’est pourtant pas que je n’ai pas de relations.

Ou bien les promoteurs de spectacles ne te contactent pas ?

• Oui ! Ils ne me contactent pas.

Ne disposes-tu pas de staff technique ?

• En fait j’avais un manager mais je n’en ai plus.

Pourquoi ? • (Ndlr : Elle refuse toute explication).

Et comment comptes-tu te débrouiller ?

• Je vais travailler avec mon beau frère parce qu’il est gentil.

A-t-il les qualités pour manager ta carrière ou bien c’est parce qu’il est gentil ?

• Il est gentil et peut manager ma carrière.

Pendant que nous y sommes, quelle appréciation fais-tu de la musique burkinabè ?

• J’apprécie la musique burkinabè, car les artistes font vraiment des efforts. C’est une musique qui est en plein essor et c’est tout à notre bonheur.

Tes projets ?

• J’aimerais aller à l’extérieur, surtout en Afrique pour travailler avec d’autres artistes afin de bien me former. Je pense déjà au Mali.

Un mot de la fin...

• Je remercie tous mes fans et leur dis de ne pas m’oublier car je suis là et de tout cœur avec eux.

Cyr Payim Ouédraogo (Cyrpayim@hotmail.com)
Kader Patrick Karantao (stkaderonline@yahoo.fr)

Observateur Paalga

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