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"Rewmi" patrimoine national au Sénégal : Et "Sopi" alors ?

Publié le lundi 9 octobre 2006 à 08h56min

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En politique, il est une règle quasi immuable qui veut que dès que vous franchissez un palier supérieur, les amitiés s’élargissent, en même temps que les inimitiés, d’autres estimant qu’ils auraient dû être à votre place.

Les éléments de ce dernier camp se retrouvent généralement dans le cercle des amis, et camarades politiques d’hier... et d’aujourd’hui. Ce scénario semble se dérouler dans le microcosme politique sénégalais mettant en scène d’un côté le président-candidat, Abdoulaye Wade et son PDS et de l’autre, Idrissa Seck et "son" REWMI.

On savait que cette sorte de tragédie romaine à la sénégalaise avec César campé par Wade et Brutus joué par Seck, serait inévitable, mais dans le cas d’espèce, la surprise serait absente, si elle s’avérait. En effet, le dernier développement de ce qu’il est appelé "l’affaire Seck" avec le feuilleton REWMI met en lumière le fait que les deux personnalités sont vraiment à couteaux tirés. Finies les amabilités même factices entre le maître et l’élève.

Cependant, il est tout de même surprenant que celui qui a mis 25 ans à conquérir le pouvoir d’Etat veuille user de tous les moyens pour empêcher un prétendant de lui disputer le fauteuil. D’abord, il y a eu ce sulfureux dossier politico-judiciaire "des chantiers de Thiès et d’atteinte à la sûreté de l’Etat", qui a fini en eau de boudin, même si l’on assure côté pouvoir que ce n’est pas terminé... Ensuite, cette polémique autour de l’investiture de Seck par le parti "REWMI".

En effet, depuis que "Idy" a été porté le 2 octobre dernier à la tête de cette formation politique, c’est le branle-bas dans le camp pro-Wade. Il y a eu d’abord le Premier ministre et directeur de campagne de Wade pour la présidentielle de 2007, Macky Sall, qui s’est fendu d’une directive à l’endroit du ministre de l’Administration du territoire, laquelle directive doit empêcher absolument Seck d’obtenir un récépissé. Et ensuite on n’oublie pas l’argumentaire un tantinet simpliste de Wade, qui a parlé au sujet de "REWMI" (mon pays en Wolf) de patrimoine national. Disons-le tout net, c’est un peu fort de café ces prises de position.

Abdoulaye Wade a-t-il oublié dans quel contexte Léopold Sédar Senghor lui a permis en 1979 de porter le PDS sur les fonts baptismaux ? Ne se rappelle-t-il pas que lui aussi, dans une certaine mesure, est une "fabrication" de Senghor et de Diouf, qui lui ont laissé se faire la main dans la jungle politique ? A-t-il des trous de mémoire sur ses rentrées et sorties dans les différents gouvernements. Et "cette collaboration" ne l’a pas empêché de se présenter à plusieurs échéances présidentielles.

Alors, patrimoine national pour patrimoine national, si "REWMI" en est un, que dire alors du "Sopi", qui est l’évidence même du vernaculaire, pardon, de la langue nationale en l’occurrence le Wolf. Wade et ses ouailles gagneraient donc à laisser compétir Seck, cela prouverait que l’alternance n’est pas piégée au Sénégal.

Rabi Mitibkèta,
Observateur Paalga

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