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Négociations Gouvernement/Syndicats : un premier pas

Publié le lundi 2 octobre 2006 à 08h09min

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Mahamadou Nama

Mahamadou Nama, Secrétaire général de l’Union des syndicats des travailleurs du Burkina (USTB) a bien voulu nous donner les résultats des négociations entre les Centrales syndicales et le Gouvernement qui ont eu lieu les 28 et 29 septembre 2006. Ce qu’on peut en dire.

Les syndicats ont obtenu que les arriérés de salaires, c’est-à-dire les avancements non perçus par les travailleurs, soient réglés pour moitié. Ceci par la promesse d’une loi rectificative du budget 2006. Ainsi, il est prévu de régler avant le 31 décembre, la première moitié c’est-à-dire 6 milliards fcfa, l’autre moitié devant être versée en mars/avril 2007.

Comme observation, Mr Nama a avancé « qu’il aurait fallu liquider les arriérés en une seule fois » et reproché à l’Etat de n’avoir pas fait un travail scientifique en la matière parce qu’un Etat responsable doit prévoir à tout moment le salaire en entier des travailleurs. Il a parfaitement raison et par ailleurs, si on ne se trompe pas, la mesure était annoncée par le pouvoir avant même les négociations. Il n’ aurait donc fait que s’engager à respecter enfin sa parole.

Le deuxième point concernait l’augmentation de 4,5 % des salaires décidée par le président du Faso en 2004 : l’application de cette mesure va donc permettre de briser la résistance de la part du secteur privé. Les syndicats ont obtenu du gouvernement un relèvement du SMIG de 6 %. A noter que le SMIG était jusque là fixé à 28.811 fcfa. Cette mesure va donc permettre de faire face à la résistance des employeurs du privé à ne pas respecter la décision d’augmentation des salaires. Donc, ce n’est pas l’Etat qui va supporter ce coût mais bien les privés ! Mais bien sûr, on peut dire « tant mieux pour les employés du privé ».

Le troisième point était relatif à la revendication du relèvement des allocations familiales. Le gouvernement avait dit que cela se ferait à compter du 1 er janvier 2007 et les syndicats ont obtenu que cela se fasse de manière rétroactive depuis juillet 2006, gagnant donc un « rab » de 6 mois. C’est déjà ça, diront certains mais enfin ! Notons tout de même que, de 1.000 f, l’allocation passera à 2.000 fcfa, ce qu’on avait fini par savoir depuis quelque temps. Là, même si le montant est toujours dérisoire, on peut dire que c’est au moins du 100 % d’augmentation.

Le quatrième point avait trait au coût des hydrocarbures. Mr Nama a estimé qu’il y avait un motif de satisfaction. Ainsi, le prix de l’essence est passé de 693 f à 606 f, le gasoil de 602 à 586 f ; pour le pétrole, le prix est passé de 490 f à 445 f et pour le mélange, de 700 f à 595 f. Ces mesures seront effectives dès le 1er octobre 2006. Mais la mesure en tant que telle ne coûtera pas la « peau des fesses » au pouvoir puisqu’on sait qu’il engrange dans les 40 % du prix du carburant, ceci sans compter que le prix des hydrocarbures baisse significativement depuis le mois d’août. Mais bravo aux syndicalistes car avec un tel pouvoir, ce n’était pas évident de faire bouger les choses !

Le cinquième point était relatif à la demande d’augmentation de 25 % des salaires. Ca a été un Niet du pouvoir mais le gouvernement, comme d’habitude, a dit que la porte n’est pas fermée pour la négociation, qu’il faut attendre certains indicateurs notamment pluviométriques et économiques. C’était pourtant la mesure-phare que les syndicats et tout le peuple espéraient voir exécuter à l’exemple d’autres pays africains.

Le sixième point s’attachait au marché central. L’Etat et l’Agence Française de Développement ont arrêté qu’en 2009 au plus tard, tous les commerçants de Rood Woko pourront s’y réinstaller. Ca n’étonnera personne puisque la démolition du marché a commencé et que les promesses étaient que la construction serait même achevée sous peu ! Mais bon, il est bien d’avoir une date butoir, même si on peut la trouver manifestement trop lointaine pour des commerçants qui ont tant souffert depuis l’ incendie du marché central !

Pour finir, Mr Nama nous aura fait sourire en faisant ce jeu de mot : il a en effet estimé que pour ce qui concerne le carburant, c’est comme quand on est marié, ça ne veut pas dire forcément qu’on est heureux de sa vie de couple ; ceci pour dire que la question de l’essence va au-delà de la baisse des prix. Ca va même au niveau de la libéralisation du secteur pétrolier et puis de la structure de la fixation des prix. Mais Mr Nama a tout de même précisé qu’ en principe, à partir du 31 décembre 2006, une concurrence sera admise en matière de carburants.
Sur les dénis de justice, on apprendra qu’un comité paritaire a été mis en place pour suivre ces dossiers dans les prochains jours. Bref, il faudra donc continuer à prendre son mal en patience pour des avancées dans ce domaine !

Enfin, pour ce qui concerne l’ affaire Norbert Zongo et l’affaire des casques, le problème a été posé mais le gouvernement a évoqué, pour pouvoir botter en touche qu’elles ne faisaient pas partie des revendications initiales, précisant grand seigneur (ça ne l’engage en rien) qu’il reste toutefois disponible pour les aborder dans les jours à venir. Tout ici dépendra donc de la pugnacité des Centrales et du peuple face à un pouvoir qu’il faut prendre absolument au mot !

Les leçons que Mr Nama a tiré de ces négociations, c’est que le mouvement syndical, pour qu’il réussisse, ne doit pas être sous tutelle. Que ce soit par rapport aux formations politiques ou l’Etat, les syndicats ne doivent être liés que par les revendications sur les conditions de vie des travailleurs et du peuple. Mais Mr Nama a tenu toutefois à préciser que les syndicats restent tout de même disponibles pour un travail que ce soit avec l’Etat, les partis, les mouvements de droits de l’homme tant qu’il y va de l’intérêt du peuple.

Espérons en tout cas que les syndicats reprendront rapidement les négociations notamment sur le dossier capital, celui de Norbert Zongo car, comme le proverbe le dit, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et surtout parce qu’il y va de l’intérêt du peuple puisqu’il s’agit dans ce cas, non seulement de l’obtention de la vérité et de la justice dans une affaire chère au peuple mais surtout de rétablir la justice dans ses droits en tordant le cou à l’impunité !

S. Koné

San Finna

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