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Fatimata Lègma : ses ambitions pour la région du Centre-nord

Publié le vendredi 29 septembre 2006 à 08h08min

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Fatimata Legma

Dans le cadre de la politique de décentralisation lancée par le gouvernement, le Burkina Faso est organisé en 13 régions avec à la tête de chacune un gouverneur. Fatimata Legma dirige celle du Centre-nord qui a pour chef-lieu Kaya.

Le but visé par la décentralisation est de rapprocher l’administration du citoyen en faisant reculer le rôle très centralisateur de l’Etat, et surtout de faire des citoyens les principaux acteurs et bénéficiaires du développement dans les collectivités locales.

Selon le premier ministre Ernest Paramanga Yonli, « la décentralisation est l’axe essentiel d’impulsion du développement à la base. Elle est un choix politique auquel le gouvernement s’attache résolument, avec la ferme conviction qu’elle constitue une alternative salutaire pour le renforcement de la démocratie, et un instrument d’amplification de la lutte contre la pauvreté ».

Pour réussir cette mission, il a été créé au sein du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, une direction générale du développement des collectivités locales (DGD/L) dotée d’un service des finances locales. Et en janvier 2006, un ministre délégué chargé des Collectivités locales a été nommé en la personne de M. Soungalo Ouattara.

Sans renoncer à ses fonctions régaliennes, l’Etat souhaite désormais impliquer les collectivités locales, la société civile et les partenaires extérieurs dans la réussite de la décentralisation. Pour cela, un gouverneur a été nommé à la tête de chaque région en août 2004 avec la mission de coordonner l’exécution des projets lancés par le gouvernement, d’assurer la sécurité des biens et des personnes, de veiller à l’application des lois et règlements, et surtout de mobiliser les énergies en vu de mettre en valeur toutes les potentialités de sa région.
Zoom sur la région du Centre-nord, « gouvernée » par Mme Fatimata Lègma, une figure bien connue du personnel politique burkinabè depuis une vingtaine d’années.

D’une superficie de 19 508 km2, la région du Centre nord regroupe trois provinces : le Bam, le Sanmatenga et le Namentenga, avec pour chef-lieu Kaya, une ville située à 100 km de la capitale Ouagadougou. Sa population est estimée à 1 127 252 habitants répartie sur trois communes urbaines et 25 communes rurales, faisant d’elle la région la plus peuplée du Burkina derrière celle Centre.
L’agriculture et l’élevage sont les principales activités qui occupent 80% de la population, mais l’artisanat et le commerce tiennent une place importante dans l’économie de la région.

En dehors de la culture de céréales destinées à la consommation, la région du Centre nord produit de l’arachide, du niébé, du sésame, du voandzou et surtout des produits maraîchers comme la tomate, l’oignon, le haricot vert, le chou et la pomme de terre cultivés tout autour des lacs Dem, Bam, Bourzanga et Sian. Mais excepté le haricot vert qui est exporté et bien apprécié en Europe, les autres cultures s’écoulent difficilement à cause de l’enclavement de la région. A titre d’exemple, entre 2002 et 2004, la production de niébé a atteint 57974 tonnes, mais seulement 4638 tonnes ont été commercialisés, l’arachide 17194 tonnes produites et seulement 2188 tonnes vendues.

Consciente de cet handicap qui freine l’essor économique de la région, Fatimata Lègma s’attelle depuis sa nomination à y remédier. C’est ainsi qu’elle a établi en août 2005 des relations de partenariat avec la ville d’Ashanti, au Ghana qui se sont vite révélées fructueuses. Grâce à une forte demande ghanéenne, le panier de tomate qui était vendu au prix de 3 000 F CFA est monté à 12 000 F CFA. Reste à multiplier les barrages et à équiper les producteurs d’outils modernes leur permettant d’augmenter la production.

Autre richesse sous commercialisée : les productions animales. La région du Centre nord produit à titre d’exemples 411 728 bovins par an, soit 5,6% à l’échelle nationale, 741 670 ovins soit 11%, 924 585 caprins soit 9,2%, 3780 équins soit 10,5% ou encore 1760 083 poules, soit 7,2%.

L’essentiel de l’exportation de ces productions était destiné au marché ivoirien, mais la crise politique intervenue dans ce pays depuis septembre 2002 a contraint les éleveurs à se tourner vers d’autres pays, notamment le Nigeria et le Ghana avec lesquels ils font de bonnes affaires en dépit de la barrière de langue et de la monnaie.

En dehors du continent africain, plusieurs communes et villages entretiennent des relations de jumelages avec des villes et villages européens, particulièrement en France : Kaya-Châtellerault, Ouahigouya-Chambéry, Vendôme-Boulsa, le Conseil général de Seine Maritime avec la province du Bam etc.
Le Centre nord a aussi un sous-sol riche en minerai notamment de l’or dans la province du Namentenga avec la mine de Taparko. Les travaux de mise en valeur de ce site ont commencé et sont assurés par la société High River Gold.

Kaya, siège de la région est surtout connu pour son marché de cuir et de peaux. Approvisionnés par les éleveurs peuls, des maroquiniers et des cordonniers fabriquent des chaussures et des sacs qui sont vendus dans tout le pays et dans la sous-région ouest-africaine. « Le seul ennui, relève Fatimata Lègma, c’est que la finition a besoin d’être améliorée. Quelque soit le modèle, les artisans peuvent le reproduire à l’identique, mais ils ont besoin de formation et d’outils appropriés pour bien assurer la finition ».

En plus de la maroquinerie, les habitants pratiquent également le tissage traditionnel, la sculpture sur bois, la teinture, la vannerie et la poterie.
Au plan touristique, la région du Centre nord n’a certes pas de plage, ni de cocotiers, mais les mateurs de tourisme culturel ou spirituel y trouveront leurs comptes.

Des mossé aux peuhls en passant par les rimaïbé, les foulsés et les gourmantchés, on pourra apprécier les danses traditionnelles, les accoutrements et les pratiques rituelles propres à chaque groupe socio-linguitique. En outre, la région abrite l’un des 5 royaumes de l’empire moaga (singulier de mossé), le royaume de Boussouma sur lequel trône le Dima. Les fêtes traditionnelles que ce dernier organise chaque année sont des occasions pour l’étranger de découvrir comment l’être moaga se considère à la fois comme image, modèle et partie intégrante du cosmos.

« Avec, plus de retenues d’eau pour les cultures de contre-saison, de nouvelles voix de communication permettant d’écouler les diverses productions de notre région, des soutiens financiers à des projets bien ciblés, nous pouvons espérer offrir des débouchés à la jeunesse tentée par l’émigration », explique la gouverneur du Centre Nord, Fatimata Lègma, qui nourrit de grandes ambitions pour sa région.

Joachim Vokouma
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2006 à 22:33, par KALMOGO En réponse à : > Fatimata Lègma : ses ambitions pour la région du Centre-nord

    J’ai lu avec un grand interêt les potentialités en ressources humaines et beaucoup de richesses que régorgent notre région qui ne restent qu’à être exploitées. Bon courage à notre infatiguable gouverneur qui ne ménage aucun effort afin que Notre région figure parmis les régions émergentes du Faso. Pour ce faire, en plus de l’exploitation du haricot vert nos braves cultivateurs doivent ajoutent d’autres cultures maraichères telles que l’oignon, l’igname, le maïs et même le riz qui peuvent être une alternative car parfois le non paiement de l’haricot vert (vendu à crédit jusqu’à la fin de la saison) leur cause d’énormes difficultés.
    Parlant de l’agriculture, les nouvelles techinologies de l’agriculture telles que le "Zaï", les fosses fumières et les cultures de contre saison doivent être généralisées.
    Bref, Nous avons un potentiel il ne reste qu’à le mettre en valeur.

    • Le 18 février 2011 à 01:48, par jean-charles Bertrand En réponse à : > Fatimata Lègma : ses ambitions pour la région du Centre-nord

      Bonjour,
      De passage à Kaya, j’ai pu admirer les cultures potagères en aval du barrage de Sian ; malheureusement celles-ci sont menacées, à très court terme, par la vétusté et les trous importants du barrage, qui en provoqueront inévitablement la ruine à la prochaine saison des pluies.
      C’est d’autant plus regrettable que sa réparation, au moins pour ce qui est urgent, ne couterait vraisemblablement que quelques dizaines de mètres cubes de remblai et quelques sacs de ciment : pas une grosse dépense en regard de la production agricole qui en dépend ... et du risque de dégradation des sols.
      Le problème est-il en cours de traitement ? Les populations concernées sont-elles au courant des risques ?
      Merci de diffuser cette information.

      jean-charles.bertrand@iut-nimes.fr
      (Un ingénieur en Génie Civil, qui ne pouvait se taire)

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