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Sommet de la Francophonie : Le casse-tête des services de sécurité

Publié le mercredi 27 septembre 2006 à 07h52min

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Une trentaine de chefs d’Etat, dont le président Blaise Compaoré, arrivent à Bucarest aujourd’hui 27 septembre. Le chef du service chargé de la sécurité des officiels (SPP), Christian Preda, ne lésine pas sur les mots et les moyens : "Chaque centimètre de route qu’ils emprunteront est minutieusement disséqué.

Même les égouts de Bucarest sont sécurisés." Des milliers de policiers et de gendarmes de tout le pays "ont débarqué en renfort » dans la capitale roumaine.

La Roumanie n’entend pas badiner sur le volet sécurité pendant le sommet de la Francophonie. "L’aéroport est surveillé 24 heures sur 24 par le service roumain de renseignement", confie le colonel Adrien Costache. Dans cette optique, le pays s’est rapidement mis à l’heure des hautes technologies en matière de sécurité. Il a reçu une aide logistique d’environ 1,5 milliard de F CFA de la part du gouvernement canadien.

Mais il y a tout de même des problèmes : "Nous avons été obligés de réduire de 60% les services pour les hauts responsables roumains, dont le président Trian Basescu, afin de pouvoir répondre aux besoins de sécurité de chaque délégation. Certains ministres ou secrétaires d’Etats roumains vont même se retrouver sans chauffeur pendant trois jours", déclare le colonel Costache.

L’année dernière, le président roumain, sûr d’engranger de bons points pendant le sommet, avait lancé un mot d’ordre : "Que l’ensemble des moyens sécuritaires soit mis, avant tout, au service des invités étrangers." Plus de 2000 personnes sont attendues à Bucarest entre le 24 et le 29 septembre. Aujourd’hui, on assistera au ballet aérien des chefs d’Etat. Ils devraient être en principe 63, y compris les chefs de gouvernement, à être présents au sommet.

Mais, selon le comité d’organisation, seuls 37 ont confirmé leur arrivée. Parmi eux, le président Blaise Compaoré. A ses côtés, son épouse Chantal Compaoré, le ministre de la Sécurité, Yéro Boly, et bien d’autres personnalités. Le ministre des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo, et celui de la Promotion des droits humains, Monique Ilboudo, sont déjà là. Le secrétaire permanent de la Commission nationale de la Francophonie (CNF), Dramane Konaté, aussi.

La délégation burkinabè au Mariott

Le chef du service chargé de la protection des officiels (SPP) est un peu angoissé : "Le contrôle aurait été plus facile si les invités étaient logés dans une zone plus restreinte". Mais il va falloir gérer des équations souvent complexes. Six hôtels de cinq étoiles accueillent les officiels étrangers. Ce "rendez-vous majeur" engendrera "forcément des tracasseries pour les habitants de Bucarest." Les milliers de résidents des quartiers situés à proximité du palais du Parlement et de l’hôtel Mariott où logera la délégation burkinabè, et qui hébergera la plupart des officiels, ne peuvent accéder à la zone au volant de leur voiture.

Le problème, c’est que, pour obtenir une telle autorisation, "il faudra avoir de sérieuses raisons", affirme, catégorique, l’un des hauts responsables de la sécurité roumaine. "C’est un casse-tête ; ça va sans doute causer des désagréments, mais nous n’avons pas le droit d’échouer", conclut-il. Le président roumain, lui, est formel : "C’est le plus grand événement politique jamais organisé en Roumanie. Notre pays entend prouver sa capacité à accueillir les réunions de taille."

Par Hervé D’AFRICK à Bucarest


LES A-COTES DU SOMMET

« Je n’aime pas le français »

"Do you speak french ?"Cette question a semblé déchirer les tympans d’une dame assise derrière un comptoir pour des opérations de changes. Elle nous a regardé, à la fois surprise et énervée, avant de répondre, avec un air allergique au français : "No, no, no !" La bonne dame a aussitôt ajouté, le visage davantage crispé, qu’elle n’aimait pas le français.

La raison ? "Je vous ai dit que je n’aime pas le français, je ne parle qu’anglais." Souhaitez-vous un jour apprendre le français ? Sa réponse est brusque et fracassante : "Non, pas du tout. Qu’est-ce que je vais faire avec le français ?" Nous lui rassurons que c’est une langue importante. Mais elle est catégorique : "Ce n’est pas vrai", dit-elle, les nerfs à fleur de peau, avant de mettre un terme à la conversation.


La "Gbagbophonie", vous connaissez ?

L’absence du président ivoirien, Laurent Gbagbo, suscite des commentaires à Bucarest. "Il faut que l’OIF le sanctionne", affirme un journaliste. "C’est un absentéiste", renchérit un délégué de l’OIF. Un autre rappelle qu’il avait "boycotté" le sommet de Ouaga en 2004. "C’est de la Gbagbopnonie", ajoute-t-il.

D’ailleurs, un document qui circule au palais du parlement, en fait état : "Au sommet de Ouaga, les participants avaient fermement condamné, dans une résolution, les attaques meurtrières provoquées par les FANCI (forces gouvernementales) au nord de la Côte d’Ivoire, y compris celles contre la force Licorne (force française) agissant sous mandat des Nations unies en faveur de la paix en Côte d’Ivoire."

Le 25 septembre, un journaliste malien a dénoncé, dans une conversation avec certains de ses confrères, l’incapacité de la Francophonie à résoudre la crise en Côte d’Ivoire. "C’est honteux", a-t-il fini par lâcher.


Taximans "escrocs"

A notre arrivée à Bucarest, le 21 septembre, il n’y avait pas de car pour nous transporter à l’hôtel. Un taximan, très futé et ayant apparemment le sens des affaires louches, s’est précipité vers les agents de sécurité, du protocole et des journalistes burkinabè pour leur proposer ses services. "C’est un taxi-compteur, le trajet fait tout juste 25 km ; nous allons arriver tout de suite", a-t-il déclaré. Les journalistes, las d’attendre, ont voulu embarquer.

Mais ils ont été dissuadés par un chauffeur de car. Ils ont alors su qu’un véhicule de l’hôtel faisait la navette. Plus tard, en feuilletant une brochure prise à l’aéroport, ils se sont rendu compte qu’ils auraient pu être "bêtement plumés." Certains taximans facturent dix fois plus que le tarif normal. Et puis, il y avait tellement d’embouteillages ce jour-là...


Chiens errants, mendiants errants

Des chiens dans les couloirs d’un restaurant, prêts à bondir sur le premier os. Des chiens dans certaines rues aussi, sans leur maître. Des mendiants qui errent à la recherche de leur pitance quotidienne. C’est l’autre facette de la capitale roumaine. Comme à Ouaga, on a le Bucarest des riches et le Bucarest des pauvres. "Il faut plutôt parler du Bucarest des très pauvres", rectifie une hôtesse.

Récemment, un chien s’est blotti sous la table à manger de deux journalistes burkinabè dans un Mac Do. Ils ont eu du mal à le faire partir. Quelques minutes plus tard, ils ont été accostés par deux mendiants qui voulaient, coûte que coûte, une pièce d’argent pour ne pas être davantage foudroyés par le spectre de la faim. Sacrée Roumanie !


Le "sexe" dans la rue

Dans certaines places de Bucarest, le « sexe » est en exposition. Les magazines people, il y en a à gogo : « Play boy », « BF », « PC Erotica », « Extraz », « Sex tot », « Seductu », « OK Madam », etc. « Ce sont des magazines très hot », confie un habitant de Bucarest. Et les gens en raffolent. Selon lui, cette ville "sent" de la prostitution. D’ailleurs, dans certains restaurants et autres lieux publics, certaines filles ont "des attitudes très provocatrices", remarque un journaliste.


Haro sur les déchets toxiques à Abidjan !

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace francophone examineront plusieurs dossiers. Voici le projet de résolution portant sur le déversement des déchets toxiques à Abidjan.

"Les chefs d’Etat et de gouvernement ayant le français en partage, réunis à Bucarest les 28 et 29 septembre 2006,

- Rappelant les principes de la convention de Bâle de mars 1986 et les textes en vigueur sur le plan international, qui interdisent formellement d’exporter des déchets vers des pays ne disposant pas d’installations nécessaires ou de site d’élimination appropriés,

- Condamnent le déversement de 581 tonnes de déchets toxiques à divers endroits de la ville d’Abidjan au mois d’août 2006,

- S’indignent du non-respect de la réglementation internationale en matière de transport et de traitement de déchets toxiques,

- Expriment leur préoccupation quant aux conséquences graves sur les populations et l’écosystème de cet acte,

- Expriment leur compassion aux familles éplorées suite aux décès de leurs membres et aux victimes de l’intoxication,

- Recommandent que toutes les mesures soient prises pour écarter les risques sur la santé et l’écosystème,

- Encouragent les autorités ivoiriennes à mener à bonne fin les enquêtes engagées en vue de situer les responsabilités à tous les niveaux,

- Demandent au Secrétaire général de la Francophonie de suivre avec toute l’attention requise ce dossier qui concerne l’ensemble de nos Etats."

Rassemblé par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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