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Crise ivoirienne : Visite mystérieuse de M’Beki et Gbagbo à Blaise Compaoré

Publié le mercredi 27 septembre 2006 à 08h13min

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Thabo M’Beki et Laurent Gbagbo, respectivement chefs d’Etat sud-africain et ivoirien étaient en visite à Ouaga hier 26 septembre dans le cadre de la résolution de la crise ivoirienne. Ils ont été accueillis à l’aéroport par Blaise Compaoré. Le trio s’est retrouvé ensuite à la salle de conférences de Ouaga 2000 pour un tête-à-tête.

Des supputations et des spéculations. C’est ce à quoi ce sont livrés les hommes de presse en cette matinée du mardi 26 septembre à l’aéroport international de Ouagadougou, en attendant l’arrivée de Thabo M’Beki. Effectivement, la South African Air Force s’est posée sur le tarmac vers 10h40. Le successeur de Nelson Mandela descend de son avion et, après les salutations d’usage, a suivi son homologue burkinabè au salon d’honneur.

Les photographes et cameramans sont appelés pour immortaliser ces instants. A leur suite, les journalistes ont été invités à entrer dans le salon présidentiel pour être presqu’aussitôt priés d’en ressortir : pas de déclaration pour l’instant.

Dans la foulée, on annonce l’arrivée de Laurent Koudou Gbagbo. Le "Christ de Mama" devait être dans les bagages de M’Beki, avait annoncé un confrère. Sur place, un des membres du protocole d’Etat a révélé que jusqu’à la dernière minute, il s’attendait également à ce que le locataire du palais de Cocody arrive en même temps que le chef d’Etat sud-africain. Même les officiels ivoiriens qui étaient à l’aéroport le croyaient peut-être, jusqu’au moment où le contraire leur a été signifié à l’atterrissage de l’avion sud-africain. "Il y a trop de mystère dans cette affaire", a avancé, à raison, un confrère de radio.

Un court moment d’attente, et l’avion présidentiel ivoirien, après un petit tour sur la piste, s’immobilise devant le tapis rouge. Laurent Gbagbo est accueilli au bas de la passerelle, une fois de plus, par Blaise Compaoré. Rerituel des salutations. Gbagbo, avant de pénétrer dans le salon d’honneur, a envoyé un de ses classiques "bisous" dû à la dizaine de ses compatriotes qui sont venus lui souhaiter la bienvenue. Une fois de plus, pas de déclaration à la presse.

Les journalistes ont donc accouru pour rien. C’est ce que nous avons raconté à notre conducteur qui s’est empressé de nous demander : "Gbagbo dit quoi ?". Il semblait même en savoir plus que nous, en affirmant : "comme Laurent Gbagbo ne veut pas quitter le pouvoir après le 31 octobre, il est venu à Ouaga pour ça". Le chauffeur n’est pas très loin de la réalité.

En effet, Gbagbo qui ne veut plus entendre parler de la présence des militaires français et des soldats de l’ONUCI sur ses terres, serait venu à Ouaga dans un but bien précis : demander à Blaise Compaoré de faire accepter Thabo M’Beki comme le médiateur dans la crise ivoirienne, aux Forces nouvelles dont il est considéré, d’une certaine façon comme le parrain, et à l’opposition ivoirienne.

Depuis fort longtemps, les observateurs avisés ont déjà noté que la route de la paix en Eburnie passe par Ouaga. Nul n’ignore non plus que Gbagbo et son clan sont dans une logique de guerre à Abidjan. Le Groupe de travail international qui trimait pour dégager des axes de retour de paix est devenu "non grata" en Côte d’Ivoire, et les lieutenants de Gbagbo ont exhorté les "jeunes patriotes" à "être prêts".

Blaise Compaoré suivra-t-il Gbagbo dans sa fronde avec la communauté internationale, notamment avec l’ONU dont le chef d’Etat ivoirien a boycotté la dernière réunion qui se tenait à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’organisation mondiale ? Rien n’est moins sûr. On attend tout de même de voir.


Tête-à-tête à Ouaga 2000

Après plus de quatre heures d’échanges entre les trois chefs d’Etat burkinabè, ivoirien et sud-africain, rien n’a filtré de cette rencontre de Ouagadougou, notamment pour son objet précis. Quand la presse a tenté d’arracher quelques mots au président Gbagbo, il a simplement répondu que son homologue Blaise Compaoré avait tout dit. Voici les mots du chef d’Etat burkinabè.

Peut-on connaître l’objet de vos échanges à huis clos ?

Blaise Compaoré : Je me dois de remercier mes frères Gbagbo et M’Beki pour cette visite de travail et de concertations autour de questions concernant le sous-région en général, et la Côte d’Ivoire en particulier. En ce qui concerne ce pays, au niveau de l’Union africaine et de la CEDEAO, des propositions de sortie de crise sont faites.

Les Forces nouvelles rejetent la médiation du président M’Beki.

Cette question n’était pas à l’ordre du jour de nos échanges. Je vous signale que le président a été désigné par ses pairs de l’Union africaine comme médiateur. Il a abattu un travail de qualité. Nous continuons de lui accorder notre confiance en tant que président du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Les échanges que nous avons eus, nous confortent dans l’idée qu’il est une personnalité importante pour une sortie de crise".

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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