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Revendications syndicales : Vie chère et non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo : quel rapport ?

Publié le samedi 23 septembre 2006 à 09h08min

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Après la rentrée gouvernementale au pas de course - au propre comme au figuré - ce sont les syndicats qui annoncent la leur pour ce 27 septembre à coup de grèves et de marches-meetings contre "la vie chère" et le non-lieu en faveur de Marcel Kafando dans l’affaire Norbert Zongo.

Ce n’est pas étonnant que les syndicats, après la médiation du Conseil économique et social aient accepté la reprise du dialogue avec le gouvernement tout en appelant leurs militants à un débrayage. C’est une offensive qui n’est ni plus ni moins qu’une revue des troupes avant le début des négociations.

La stratégie de mettre la pression sur l’Etat et le patronat avant des pourparlers est aussi vieille que le mouvement syndicaliste. Mais cette arme - s’il en est - est un couteau à double tranchant. En effet, une faible mobilisation des travailleurs dans ce débrayage mettrait les syndicats en position de faiblesse avant les négociations.

C’est en cela que le choix de la date du 27 septembre n’est pas fortuit. A une semaine de la rentrée scolaire, ce choix participe à une mise en condition psychologique des mouvements et associations scolaires. On les invite implicitement à se tenir prêts pour se joindre au front syndical si d’aventure les négociations à venir ne lui donnaient pas satisfaction.

Après avoir été "le bras armé du Collectif", les associations scolaires et estudiantines pourraient jouer le même rôle aux côtés du front syndical. De fait, une poignée de scolaires suffit pour perturber les cours dans tous les établissements de Ouagadougou avec en sus, des dérapages préjudiciables à la paix sociale. Nous n’en sommes pas là.

La grande majorité des Burkinabè souhaite qu’on n’en arrive pas là. L’expérience des débrayages actifs du Collectif est traumatisante. Les conflits sociaux peuvent se résoudre autrement que par le vandalisme, les propos haineux, l’intransigeance irrespectueuse des institutions républicaines.

C’est le piège dans lequel le mouvement syndical burkinabè est tombé depuis fort longtemps. On pensait ces dérives reléguées aux oubliettes du gauchisme et du populisme qui ont pendant trop longtemps marqué les mouvements sociaux au Burkina. Mais les dernières "émeutes du casque" ont laissé entrevoir que le potentiel de vandalisme reste présent dans les manifestations de rue.

A ces occasions, c’est tout civisme bu que les marcheurs jouent aux pyromanes au risque de faire ombrages à la pertinence des raisons qui les ont poussés à battre le macadam. Parlant justement des raisons qui poussent les syndicats à la grève ce 27 septembre, on s’étonne de l’évocation du non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo. Le respect des droits de l’Homme, la lutte contre l’impunité, ont-ils un rapport quelconque avec la "vie chère" ? Non.

C’est un amalgame qu’il ne faut pas faire. Si oui, les syndicats burkinabè continueront d’être soupçonnés d’être à la remorque des partis politiques d’opposition. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que comme un effet boomerang leur crédibilité prenne le large et l’esprit militant de leurs adhérents avec. A chacun son rôle et les moutons seront bien gardés.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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