Le cortège, qui a quitté aux environs de 8h 30 mn Ouagadougou, a été accueilli aux environs de 18h à Bounouna (entrée de la ville) où une foule de femmes, de jeunes et d’hommes mobilisés attendaient depuis plusieurs heures. Rites coutumiers dans ce village dont il est originaire avant que l’impressionnant cortège s’ébranle pour Banfora, cette ville qu’il a tant aimée. On ne peut passer sous silence la grande mobilisation de la population tout au long de la RN° 7 sur deux kilomètres et dont la majorité avait effectué le déplacement à pied.

Cette population a exigé d’accompagner "son corps à pied", devant des forces de l’ordre impuissantes. Elle a exigé l’arrêt du moteur de la Toyota de l’état-major de la gendarmerie qui transportait le corps et ainsi, à son rythme, elle a poussé le véhicule jusqu’au domicile du papa du défunt. Les autorités présentes à l’accueil ont dû patienter plus d’une heure pour parcourir les deux kilomètres.

La dépouille a passé la nuit au domicile paternel et a été conduite le matin au domicile du chef du canton de Banfora, Héma Fadouga, pour des rites coutumiers avant d’être amenée à la mairie à 8h 30 mn. Là-bas, le défunt a été décoré à titre posthume par M. Jean de la Croix Poda, inspecteur général des services du MATD, représentant le ministre. Fait médaillé d’honneur des collectivités locales devant de nombreuses personnalités venues lui rendre un dernier hommage, le défunt maire a été conduit à son domicile, où les forces de sécurité ont eu du mal à contenir la foule.

L’AMBF, les chefs coutumiers, son parti, le RDB (avec la présence du premier responsable), le personnel de la mairie, le Rotary club Banfora Cascades, la famille du défunt, le haut-commissaire de la Comoé, se sont succédé lors de l’oraison funèbre pour dire leur "grande considération", leur "grande tristesse", leur "profond regret" et leur "compassion" à la famille du disparu devant une image insupportable d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants en pleurs depuis l’annonce de la triste nouvelle, qui s’est répandue très rapidement comme une traînée de poudre dans l’après-midi du 18 septembre 2006.

"Un géant baobab s’est écroulé" à Banfora, diront certains intervenants. En témoigne en tout cas son cursus, donné par le haut-commissaire : né le 19 octobre 1963 à Bobo, Mamadou Niangouan Koné devait boucler ses 43 ans dans 31 jours. A Bobo, il a successivement fréquenté l’école coranique, puis l’école primaire publique de la localité, où il obtient son CEPE en 1978.

De 1978 à 1980, il fréquente le collège de Tounouma et de 1981 à 1985 le lycée municipal de Banfora pour le second cycle. En 1985, il est titulaire du baccalauréat et il s’inscrit au département de géographie de l’université de Ouaga où il obtient la licence 3 ans plus tard.

De 1990 à 1991, après son SNP, il enseigne au lycée Lompolo Koné de Banfora. Il gérera par la suite le collège Paysan Noir, en qualité de directeur des études, la boulangerie Paysan Noir et l’auto-école Paysan Noir, des biens paternels. Il se lance dans l’agriculture où il exploite 120 ha de terre en créant sa société, la SACO, et sera porté par ses paires président des producteurs semenciers du Burkina en 2005 et participant actif à la création des chambres d’agriculture.

Au plan politique, Mamadou Koné a excellé : on le retrouve secrétaire général adjoint de l’ODMPT Comoé en 1991, puis secrétaire général du CDP en 1997. En 2005, il adhère au Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB) et le 12 février 2006, Niangouan est élu coordonnateur régional du RDB dans les Cascades. A ce titre, il conduit la liste du RDB aux dernières municipalités où il fera briller ce parti en arrachant les mairies de Banfora et de Soubaka des mains du CDP le 23 avril.

Le 26 août 2006, il est élu vice-président du Bureau politique national du RDB. Mamadou Koné a été successivement élu maire de Banfora en 1995, député en 1997 et le 31 mai 2006 comme maire de Banfora où il a été installé officiellement le 24 juin dernier.

Sur le plan culturel et sportif, il a été président du district de Banfora pour la boxe et membre fondateur de l’Union sportive de la Comoé (USCO). Il reste également l’initiateur des Vacances promotions culturelles à travers l’association Jeunesse association pour le développement de la Comoé (JAD-COMOE).

Comme on le voit bien, l’homme a été sur tous les fronts et tous les gens attristés et affectés sont venus accompagner le défunt, qui a été conduit à sa dernière demeure aux environs de 10h 30 mn. Il laisse derrière lui une veuve et une fille inconsolables.

Luc Ouattara

L’Observateur