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Affaire des déchets toxiques : L’Afrique une fois de plus déshonorée

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 08h17min

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Au cours de la nuit du 19 au 20 août 2006, un bateau battant pavillon panaméen déversait son contenu sur différents sites dans la capitale ivoirienne. Cette "forfaiture" a suscité une indignation générale et continue d’ailleurs de faire des vagues. L’auteur de l’écrit suivant dénonce avec véhémence "un acte qui ne fait pas honneur à l’Afrique".

S’il y a une affaire qui a choqué et qui choque toujours l’opinion africaine, c’est bien le déversement de 528 tonnes de déchets toxiques à Abidjan dans la nuit du 19 au 20 août 2006.

Cette forfaiture monstrueuse a plongé bien d’Africains dans l’affliction la plus totale.

A l’annonce de la nouvelle, nous fûmes littéralement bouleversés et choqués. Nous avions l’impression que tout notre être éclatait et partait en mille morceaux. Que c’est triste !

L’Afrique, notre continent, regarde le spectacle objectif de ses fils indignes. Le Probo Koala, ce bateau battant pavillon panaméen, dans son odyssée, a fini par mouiller dans les eaux territoriales ivoiriennes et a déversé dans plusieurs sites des déchets toxiques ou déchets de la mort. En contrepartie de cet acte ignoble, des gens et pas des moindres ont certainement empoché des enveloppes épaisses.

Ces gens-là, en prenant l’argent, savaient-ils les conséquences qui pouvaient en découler ? L’ont-ils fait par mépris ? La réponse est oui. Eh bien, ils l’ont fait pour assouvir leur soif exécrable d’argent. Comme l’a dit Charles Baudelaire, le plus irréparable des vices est de faire le mal par bêtise. Les pourceaux d’Epicure, en se ruant vers le plaisir, ne songent qu’à bien vivre et à chercher la luxure, de la vie des autres, ils n’en ont cure.

La soif d’argent rend indigne

En acceptant de recevoir les déchets de la mort moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes, les coupables ne donnent-ils pas raison au chantre de la conquête coloniale française, Jules Ferry, qui clamait que "Le Noir peut vendre sa natte le matin parce qu’il ne pense pas qu’il fera nuit après" ?

Mais ce qui est plus révoltant, c’est que, pendant que des familles pleurent leurs morts, les coupables, eux, sont calfeutrés dans leur tour d’Ivoire en se pourléchant les babines tachées de sang. Ces derniers ne s’inquiètent pas outre mesure. Les tentatives des autorités ivoiriennes de clarifier la situation sont de la poudre aux yeux.

C’est un simulacre qui ne passe pas. En Afrique, pour désamorcer une crise comme celle-là, on sacrifie d’innocents lampistes et on utilise des méthodes dilatoires pour s’en échapper. C’est bien connu de tous qu’avec le temps tout s’en va. En prenant la route vers "les tristes tropiques", les responsables du Probo Koala savaient bien que bon nombre de nos gouvernants ne résistent pas au clinquant de l’argent.

Ne dit-on pas que le meilleur appât pour attraper un homme, c’est de lui promettre ce qu’il désire ? Ceux qui ont donné quitus au désormais tristement célèbre bateau, le Probo Koala, n’ont pas fait honneur à l’Afrique. Ils devraient rester dignes comme les autorités portuaires nigérianes et sénégalaises, qui n’ont pas hésité une seconde à refouler le bateau assassin.

En se comportant comme des Judas, les coupables font tressaillir de honte nos ancêtres dans leurs tombes. Eux au moins, en se sacrifiant en leur temps pour le continent africain, se sont acquittés de leur mission.

Nous pensons particulièrement aux Héréros de la Namibie, aux Kijuyus Mau-Mau du Kenya, aux Temnés de la Sierra Leone, aux Bwabas et Lobis du Burkina, qui se sont révoltés et ont lutté héroïquement pour éviter la souillure de l’Afrique. Nous pensons également à ces habitants de Walo-Walo jadis qui ont préféré le suicide collectif au déshonneur. Et que dire de ceux qui ont repris l’étendard après ? Nous citons, entre autres, Jomo Kenyatta, Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Steve Biko, Amilcar Cabral... Les Judas de la terre d’Eburnie ont ôté leur masque sanglant.

Des responsables ont trahi leurs missions

A quoi bon se bâtir des fortunes diverses en provoquant la désolation chez les autres ? Ce qui est déplorable, c’est que l’argent-roi a pris le pas sur la religion. Mais, cette forfaiture ne restera pas impunie. Que les coupables sachent que "Quand la justice tarde à venir, c’est qu’elle est allée au moins chercher de gros bâtons verts et flexibles pour mieux châtier les coupables".

La rue a sonné déjà la charge le 15 septembre. Elle ne va pas rester en si bon chemin. Les cieux sont justes et le temps renverse l’iniquité. Les coupables, s’ils ne veulent pas être relégués dans la poubelle de l’histoire, s’ils ont encore un supplément d’âme, doivent se comporter comme Pierre Drieu La Rochelle, écrivain et "collaborateur" français qui s’est suicidé à la libération. Avant de se donner la mort, il a laissé cette note : "Oui, je suis un traître. Oui, j’ai été d’intelligence avec l’ennemi. J’ai apporté l’intelligence française à l’ennemi...

... Nous avons joué, j’ai perdu. Je réclame ma mort".

Comme le soulignait l’écrivain martiniquais Frantz Fanon, chaque génération doit découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. Nous sommes en train, inconsciemment, de trahir la nôtre honteusement.

Issa Semdé
Secteur n° 19 Ouaga

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2006 à 11:30 En réponse à : > Affaire des déchets toxiques : L’Afrique une fois de plus déshonorée

    Ah l’Afrique ! est-ce une malédiction ? Les propriétaires des déchets toxiques savaient très bien qu’il y aurait des africains qui n’hésitéront pas à réceptionner ces déchets moyennant des sous. Les africains démontrent ainsi qu’ils sont inconscients, irrationnels, idiots, stupides, sans foi ni morale. Ce n’est pas la pauvreté car certains pays du globe sont aussi pauvres que les africains. Pourquoi ne sont-ils pas aller déverser les déchets là-bas ?
    Je crois que Dieu dans sa bonté devrait songer à trouver un paradis exclusivement pour les africains. Les mettre avec les autres peuples, serait la honte totale.
    Que Dieu sauve l’Afrique (si c’est encore possible).

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