LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Togo : L’UFC doit revoir sa copie

Publié le mercredi 20 septembre 2006 à 08h07min

PARTAGER :                          

Gilchrist Olympio

Un vent nouveau, celui de la paix, est en train de souffler sur le Togo. Après des périodes troubles liées à la mésentente des politiciens, l’heure semble aujourd’hui être à la réconciliation.

La preuve magistrale de cette disposition d’esprit a été administrée par les accords de paix intertogolais négociés à Ouaga sous la médiation du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, et signés à Lomé, le 20 août 2006.

Malheureusement, l’odeur de l’encens de paix qui embaume présentement l’ancienne Suisse de l’Afrique risque d’être polluée par une autre, pas très bonne, émanant de l’Union des forces du changement (UFC).

En effet, et pratiquement contre toute attente, Gilchrist Olympio, leader de ce parti, et les siens ont refusé de changer en rejetant toute idée de participation au gouvernement du nouveau Premier ministre, Me Yaouvi Agboyibo, nommé le 16 septembre dernier. Raison invoquée : la nomination au poste de Premier ministre d’une personne n’appartenant pas à l’UFC. Toute chose qui, aux yeux du fils du premier président du Togo et opposant historique, confirme que l’autre fils du défunt président, Faure Gnassingbé, continue la politique de son père.

Fort heureusement, l’UFC ne va pas jusqu’au boycott total car si, pour le moment, le parti boude le gouvernement, il ne remet pas en cause les accords issus du dialogue intertogolais. Toutefois, sans renier à ce parti le droit d’agir à sa guise, l’on peut tout de même se demander si cette attitude est la bonne au moment où tout le monde est engagé dans le processus. On ne le répétera jamais assez : la politique de la chaise vide est très rarement payante. Les politiciens africains l’ont beaucoup utilisée sur le continent, surtout au début des années 1990, avant de l’abandonner après s’être rendu compte de son inefficacité.

Mieux vaut toujours être présent pour donner son point de vue et au besoin peser sur les décisions que d’être absent. Comme on le dit si bien, les absents ont toujours tort. Apparemment, l’UFC semble n’avoir pas tiré les leçons nécessaires. Il y a lieu de craindre que ce parti ne finisse par perdre sa crédibilité, se faire marginaliser pour si peu (la revendication du poste de Premier ministre), serait-on tenté de dire.

Un poste qui n’est pas une fin en soi, surtout que, son occupant y sera pour un bout de temps à savoir jusqu’à l’organisation dans un bref délai, des élections législatives anticipées. Y a-t-il vraiment lieu de se battre pour un poste de transition et claquer la porte pour ne l’avoir pas obtenu ? Gilchrist et les siens ne devraient-ils pas plutôt se réjouir que le président Faure Gnassingbé ait respecté à la lettre les accords en nommant un opposant ? Ce serait faire preuve de nombrilisme que d’adopter cette attitude qui consiste à dire "moi ou rien".

Les profonds changements qui sont en train d’être opérés au Togo sous la houlette du jeune président, doivent être mis à profit par les radicaux pour mettre de l’eau dans leur vin. Beaucoup de choses se passent actuellement et traduisent la rupture d’avec le passé. C’est le cas, il n’y a pas longtemps, avec le dialogue intertogolais qui a réuni tous les protagonistes.

A une certaine époque, cela serait inimaginable de voir, feu Eyadema et Gilchrist autour d’une table, discutant sereinement. La preuve, c’est l’échec des différentes tentatives de médiation dans le temps dont celle du Burkina. On imaginerait également mal une offre de participation au gouvernement faite par le pouvoir à l’UFC ou à tout autre parti de l’opposition. Celle-ci a toutes les chances d’être jugée suspecte et, tout naturellement, rejetée.

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas . Changement d’époque, changement d’hommes, donc fin des rancoeurs et table rase du passé. C’est un tournant important comme celui intervenu avant les années 2000 au Maroc avec la succession du jeune roi Mohamed VI à son défunt père Hassan II. Un tournant que tout un chacun doit savoir négocier pour ne pas paraître comme celui qui refuse le changement et, d’épouser son temps.

A l’exemple des boycotts du début de la démocratisation en Afrique dont Gilchrist Olympio et les siens devraient tirer les leçons , ils doivent également ne pas perdre de vue l’attitude d’un autre opposant historique, Etienne Tshisekedi, en République démocratique du Congo. De boycott en boycott , cet opposant de longue date à feu Maréchal Mobutu a fini par se faire marginaliser à cause de son intransigeance devenue agaçante. Si l’UFC ne veut pas se marginaliser, elle a intérêt à revoir sa copie.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 septembre 2006 à 11:22 En réponse à : > Togo : L’UFC doit revoir sa copie

    Demandez plutôt au nouveau PM si il n’a pas pas oublié la tournure de la première conférence nationale.

    Demandez lui ce qu’il s’est passé en 1993.

    Demandez lui plutôt pourquoi BBGnass l’a choisit au lieu de prendre un PM au sien de l’UFC

    Posez-vous la question de savoir comment un soit disant président de la république choisit un PM qui ne représente même pas 5% de l’électorat togolais.

    Demandez encore à ces ignorants qui sont au pouvoir pourquoi Bongo a t-il été consulté or il me semble que le médiateur se trouve être Campaoré.

    Et maintenant, vous demandez à l’UFC de revoir sa copie...je pense plutôt que c’est à vous Messieurs de revoir votre copie car elle n’a rien de démocratique et ne reflète certainement pas la volonté du Peuple Togolais qui est la suivante :

    1. Rupture totale avec le régime de la famille Eyadema,
    2. Organisation d’élections présidentielle et législative transparentes et libres.

    Le jour où nos dirigeants et leur parrain Chirac voudront bien accepter la volonté du peuple, vous vous rendrez compte du véritable paysage de l’électorat togolais.

    Pour l’instant, ce n’est qu’une nouvelle mascarade avec un nouveau PM au bord de l’agonie, près à ramasser des miètes de pain pour assouvir sa soif de pouvoir. Je ne lui souhaite pas bonne chance pour sa pauvre et courte vision de l’avenir politique de notre pays. Et votre infos ou plutôt intox me désole...

    PA

  • Le 20 septembre 2006 à 14:57, par Ngnon En réponse à : > Togo : L’UFC doit revoir sa copie

    L’Ufc est en effet en train de se marginaliser et de s’exclure du débat politique Togolais. Les Togolais en ont assez de cette vendetta déguisée en combat politique. L’Ufc peut revendiquer la présidence de la République en tant que parti principal de l’opposition pour ce scrutin. Pour la Primature, c’est Agboyibo. Il a eu 34 députés en 1994 alors que l’Ufc n’a jamais participé à aucune élection législative, et ne peut prétendre au poste de PM. Que l’Ufc prenne ses responsabilités. C’est un parti du Boycott ;
    nous sommes habitués.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique