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Déchets toxiques en Côte d’Ivoire : A qui profite le chaos ?

Publié le mardi 19 septembre 2006 à 08h00min

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Avec l’affaire dite des déchets toxiques, il apparaît que des politiciens véreux font tout pour maintenir un climat malsain en Côte d’Ivoire. Après les exécutants,il faut maintenant épingler les commanditairesde cette fameuse affaire.

Les quatre millions d’Abidjanais, les habitants de la capitale économique ivoirienne sont confrontés à un autre problème. En plus du climat d’insécurité dû à la guerre, ils doivent désormais tout faire pour ne pas être intoxiqués par les odeurs de plus de 500 tonnes de déchets toxiques déversés au bord de la lagune par un bateau. Selon Greenpeace, ce navire, parti d’Espagne, aurait longtemps navigué le long des côtes africaines avant d’accoster le 19 août au port d’Abidjan. Le navire russe, le Proba Koala, battant pavillon panaméen, exploité par une compagnie grecque et affrété par une société hollandaise (Altrafigura Beheer) s’est débarrassé d’un liquide très nuisible à la santé. Il s’agit des boues issues de raffinage pétrolier riches en matière organiques et en hydrogène sulfuré.

Les déchets toxiques déversés sur neuf sites dans plusieurs quartiers de la capitale ont déjà fait selon certaines sources sept morts et 40 000 intoxiqués. Mais le président Laurent Gbagbo pense plutôt que le nombre d’intoxiqués est de 14 000 personnes. Actuellement, la pêche dans les eaux de la lagune Ebrié est interdite. C’est donc entre armes et odeur que les Ivoiriens doivent lutter pour assurer leur pitance quotidienne. Face à cette enième situation de crise, les politiques n’ont eu pour solution qu’une véritable mise en scène.

Le Premier ministre Banny a remis sa démission sans jamais vouloir partir puis a procédé à un « petit » remaniement ministériel. Seuls deux ministres, Anaky Kobenan des Transports et Jacques Andoh de l’Environnement ont été éjectés de leur fauteuil. Le Premier ministre a également suspendu de leurs fonctions les directeurs des douanes du Port autonome d’Abidjan et celui des Affaires maritimes du ministère des Transports.

Depuis, les autorités ivoiriennes tentent de sortir la tête de l’eau. Sollicité par Banny, un groupe français spécialisé dans le traitement des déchets a besoin de deux mois pour ramasser les déchets et les traiter. Où va-t-il les amener et comment compte -t-il s’y prendre ? Deux questions sans réponse démontrant ainsi que les Abidjanais risquent d’avoir pour longtemps avec leur « cadeau empoisonné ».

Aussi les autorités ivoiriennes demandent réparation alors que lesdits déchets ne rentrent pas, semble-t-il, dans la convention de Bâle interdisant le transfert des déchets dangereux entre pays qu’ils soient membres de l’OCDE ou pas.
En réalité, réparation ou non, les souffrances des populations restent intactes et cette situation préoccupante suscite des interrogations. Comment le bateau a-t-il quitté le port d’Abidjan sans être inquiété ? La société ivoirienne Tomi en charge des déchets n’a-t-elle pas le minimum de connaissance pour identifier des produits toxiques ? D’ailleurs, pourquoi déverser de tels produits dans des quartiers plutôt que de les mettre sur un seul et même site ? Les nombreux camions utilisés pour le transport des déchets à l’intérieur de la ville dont certains ont encore les déchets toxiques dans leurs citernes, démontrent clairement qu’il s’agit d’un « crime » bien orchestré. Si cela se passait en zone rebelle, on pourrait parler de territoire incontrôlé, mais que cela se passe en zone loyaliste, c’est tout de même curieux.

Apparemment des politiciens véreux veulent maintenir le pays dans le chaos en détournant le débat politique. Malheureusement, ils ont décidé de le faire en sacrifiant la santé de leurs électeurs. Mais les problèmes ivoiriens sont bel et bien sur la table. Il faut des élections libres et transparentes.

L’unification du territoire en dépend. Les Ivoiriens ne font que tourner en rond. Lomé I, II..., Marcousis... On assiste à un ballet de chefs d’Etat à Abidjan : Thabo M’Beki, Olesegun Obasandjo, Sassou N’Guesso... Et lorsque ce ne sont pas des voyous qui empêchent les audiences foraines, c’est la stratégie des déchets toxiques qui est adoptée. Après les exécutants, il faut une enquête plus poussée pour épingler les commanditaires. Ce que les machiavéliques doivent comprendre, c’est que leurs stratégies de la mort ne font qu’envenimer la situation et ils finiront par être pris dans leur propre piège.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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