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Entraide internationale : Le parcours de combattant de "Nouvelle planète" au Burkina

Publié le mardi 19 septembre 2006 à 07h22min

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Philippe Randin

Nouvelle planète est une ONG d’entraide internationale ayant son siège à Lausanne en Suisse. Créée en 1986 au Burkina Faso, l’Organisation aura 20 ans en novembre prochain. En deux décennies, nombre de réalisations ont été enregistrées auprès des organisations communautaires du pays des Hommes intègres ; mais que de chemin épineux parcouru !

La fondation Nouvelle planète dont le siège se trouve en Suisse soutient des projets de développement communautaires au bénéfice des minorités ethniques, des collectivités rurales ou des organisations féminines. L’ONG agit en Asie, en Amérique latine, en Inde, dans les Philippines, en Haïti, dans les pays de l’Amazonie et dans plus de 20 pays d’Afrique, en particulier ceux des zones sahéliennes dont le Burkina Faso.

L’Organisation rassemble autour d’elle un réseau d’une cinquantaine de mouvements, de fondations et d’associations dont les “Centres écologiques Albert Schweitzer ” à Ouagadougou, Tananarive et Neuchâtel, le “Secours dentaire international ”, « Femmes sans frontières”, les “Jumelages solidaires” entre communes et entre classes d’école.

Présente au Burkina Faso depuis novembre 1986, Nouvelle planète et ses mouvements « d’Aînés” et “Jeunes sans frontières” appuient, chaque année, selon son directeur national, Joanny Tapsoba, l’effort de développement du pays en organisant des camps chantiers de volontaires Suisses et Burkinabè pour la réalisation de projets d’intérêts communautaires comme des dispensaires, des centres nutritionnels, des écoles, des activités de reboisement, etc.

Des vacances avec un programme chargé

Ainsi, des jeunes Suisses et d’autres nationalités du Nord, regroupés dans l’ONG ayant pour idéal l’entraide internationale s’organisent, mènent des activités lucratives et prennent en charge leurs billets d’avion afin de se rendre au Burkina Faso ou dans d’autres pays où intervient la fondation en vue d’aider la population à la base en vivant leurs réalités quotidiennes.

Pour ces vacances 2006 /2007, sept groupes de jeunes Suisses sont en séjour au Burkina Faso. Chaque groupe, dans une localité déterminée du pays, réalise une activité précise dans le but d’aider à l’amélioration des conditions de vie de la population.

Ainsi, un groupe a été chargé de la mise en place d’une unité de mouture de céréales et de construction d’un hangar multifonctionnel dans le village de Téma dans le Passoré. Un autre a mis ses vacances à profit pour la construction d’un jardin d’enfant et d’une banque de céréales au bénéfice des femmes de l’Association Zoodo pour la promotion de la femme de Ouahigouya.

Deux autres groupes de ces jeunes se sont donné comme mission la construction de trois classes et de leur équipement à Saaba et dans le village de Ouarmini dans la province du Bazèga. Lucie Moreau, chef de l’équipe de Ouarmini, rencontrée sur le terrain a affirmé qu’il s’agit d’échanges directs, de rencontre, de partage, bref, de la solidarité internationale. Ainsi, sans être des spécialistes, ces jeunes, associés à des Burkinabè, se sont transformés, les uns en maçons, les autres en menuisiers, voire en peintres afin de normaliser l’école de Ouarmini dans le but “d’augmenter le taux de scolarisation ”. Lucie Moreau a exprimé sa joie de voir qu’avec très peu de moyens, ils parviennent à abattre du “ bon boulot ”.

Interrogés sur la raison de leur adhésion à cette forme d’aide, ils ont répondu : “Nous n’avons plus confiance à la forme d’aide qui se déroule entre les Etats au sommet. Les aides organisées sous cette forme ne parviennent pas toujours à leurs destinataires ”. C’est la raison pour laquelle ils préfèrent être sur le terrain afin de participer à la réalisation des projets, s’assurer que les fonds vont là où ils doivent aller tout en découvrant de nouveaux horizons.

Atteindre les cibles en investissant directement

La stratégie de Nouvelle planète, selon son directeur basé en Suisse, Philippe Randin, est d’investir directement en évitant de prendre les Etats comme intermédiaires. De cette façon, a-t-il rassuré, l’ONG touche plus la population à la base et participe mieux au changement de ses conditions de vie.

Ainsi, en 20 ans d’existence au Burkina Faso, le directeur national de Nouvelle planète, Joanny Tapsoba a mentionné qu’ils ont financé des activités de plus d’une soixantaine d’associations à Ouagadougou tout comme à l’intérieur du pays. Des associations et groupements à l’image du groupement Naam et l’association Zoodo de Ouahigouya, l’association Kiswensida de Kamboinsé, l’association Relwendé du Bam, le groupement féminin Gedwane-Nyze de Réo, etc., ont bénéficié des financements de Nouvelle planète et sont ses partenaires.

Pour Joanny Tapsoba, il n’est plus question de travailler avec des individus à Nouvelle planète. En effet, s’est-il expliqué, par le passé, l’ONG a financé des individus qui se sont appropriés les réalisations qu’ils ont utilisées à d’autres fins. Dès lors, a-t-il poursuivi, Nouvelle planète ne reçoit que les dossiers des groupements ou organisations qui expriment des besoins réels de la population à la base. Si le dossier est retenu, a souligné M. Tapsoba, l’ONG recherche des financements pour la réalisation des activités sous forme d’aide.

La mort du bénévolat chez la population à la base a été évoquée par M.Tapsoba comme l’une des difficultés majeures de Nouvelle planète. Selon lui, de plus en plus, la population à la base refuse de contribuer gratuitement à la réalisation de projets de développement visant leur propre épanouissement. Le directeur de Nouvelle planète du Burkina, Joanny Tapsoba comprend difficilement cette attitude, quand il pense que ces jeunes Suisses abandonnent leur confort, se cotisent et prennent leurs billets d’avion en charge dans le but de venir nous aider et ce, dans le sens de l’entraide et de la solidarité internationales.

Ali TRAORE (Traore_ali2005@yahoo.fr)


Réalisations de Nouvelle planète de 1996 à 2006

*Domaine de l’éducation (46)
- Construction et équipement d’infrastructures scolaires (23)
- Construction et équipement d’infrastructures d’alphabétisation (9)
- Formation technique en milieu scolaire (menuiserie, élevage et jardinage) (8)
- Education environnementale en milieu scolaire (4)
- Appui scolaire (2)

*Domaine de la santé (18)
- Construction d’infrastructures sanitaires (12)
- Sensibilisation et lutte contre l’excision et les maladies (3)
Promotion de la pharmacopée traditionnelle (3)

*Appui aux communautés rurales (77)
- Développement d’activités agropastorales pour la fixation des jeunes dans leurs terroirs (17)
- Développement d’activités économiques au profit des femmes (artisanat, moulins, élevage, maraîchage, etc.) (34)
- Appui des femmes en micro crédit et gestion de petites activités (11)
- Sécurité alimentaire (8)
- Approvisionnement en eau (7)

*Domaine de l’environnement et énergies renouvelables (16)
- Reboisement et lutte anti-érosive (11)
- Promotion des énergies renouvelables (5)

A.T

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 septembre 2006 à 14:24, par N. Ouedraogo En réponse à : > Entraide internationale : Le parcours de combattant de "Nouvelle planète" au Burkina

    Je voudrais savoir si ce Monsieur Tapsoba, si surpris du manque de volonté de bénévolat de la part des populations bénéficiaires, est lui-même bénévole ou s’il est payé par nouvelle planéte ? Cette question est aussi Valable pour M. Randin. Je trouve plutôt que les "bénéficiaires" des projets ne sont pas dupes et savent très bien que ces "projets de développement" sont l’occasion pour beaucoup de s’assurer un revenu. Alors pourquoi pas eux ?!

    Je ne suis pas au courant de toutes les interventions de nouvelle planète mais la seule qui m’ai été donné de connaître est celle d’un camp qui s’est déroulé cet été pour la construction d’un système de captage des eaux de pluies dans une école de Saaba. Le projet a été élaboré en Suisse et avait pour but de mettre en place un périmètre maraîcher micro-irrigué afin d’améliorer la nutrition des élèves de l’école. Dès leur arrivée au Burkina, les jeunes volontaires suisses à l’origine du projet (qui, soit dit en passant, permettra à certains d’avoir quelques crédits nécessaires à l’obtention de leur diplôme) ont remarqué que le dimensionnement de leur réservoir d’eau de pluie ne permettait l’irrigation que pendant 4 à 5 jours suivant le type de culture ce qui limitait l’utilisation d’un tel système à la saison des pluies. Or la saison des pluies est aussi la saison des vacances pour les enfants... Il a donc fallut à la hâte trouver une utilisation à ce système qui a coûté relativement cher (par exemple, pour stocker l’eau en hauteur pour la micro-irrigation, ils ont construit un système digne d’un mini AEP constitué d’un polytank monté sur une structure en fer). Les femmes du quartier ont été approchées mais la durée du camp (3 semaines) n’a pas permis à ces jeunes d’établir de contacts suffisants pour assurer une utilisation de leur système. L’avenir nous dira si ce système sera réellement utilisé à ses fins ou s’il s’agissait simplement pour ces jeunes de réaliser quelque chose dans un délai très court et pour certain d’avoir quelques crédits pour leur diplôme.

    Je ne veux pas généraliser mais il est important de pouvoir disserner les dérives même dans des actions qui semblent à première vue uniquement remplies de bonne volonté. Le développement d’un pays ne peut se faire à la va-vite et sans coordination afin d’uniformiser les actions et de définir les vraies potentialités des fausses solutions. Je ne suis pas sûr que l’approche de nouvelle planète soit réellement faite pour satisfaire au mieux les besoins des populations.

    • Le 7 mai 2007 à 18:39, par salto En réponse à : > Entraide internationale : Le parcours de combattant de "Nouvelle planète" au Burkina

      chers M. mieux vaut entreprendre que rester les bras croisés car celui qui ne fais rien ne risque pas de se tromper ! Donc un peu d’indulgence envers les dirrigeants des differentes parties et surtout : proposez des aides pour mieux graisser ce moteur d entraide qui fait à mon avis plus de bien que de mal à la population locale.

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