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Le cinéma au Faso : S.O.S salles de ciné

Publié le jeudi 14 septembre 2006 à 07h29min

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C’est le cri que beaucoup de cinéphiles burkinabè ont longtemps lancé à l’endroit des autorités. Appel tout à fait justifié, vu la fermeture de la quasi-totalité des salles de ciné du Burkina.

Mais tout n’est pas encore perdu, c’est du moins ce que l’on espère, avec l’annonce faite par le gouvernement de la réouverture prochaine des cinés Burkina et Sayon, dit-on, avant le prochain FESPACO ; mais espérons ne pas fermer boutique juste après.

La renommée du cinéma burkinabè a transcendé des frontières surtout avec le Festival panafricain de la télévision et du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) qui fait du pays des Hommes intègres le carrefour continental du cinéma. Aussi le FESPACO a permis de ventiler à l’étranger l’écho du cinéma made in Burkina Faso.

Mais ces heures de gloire semblent aujourd’hui être un récit narratif qui pourrait intéresser certains de la nouvelle génération. Pour cause ? Les salles de ciné sont en majorité fermées parce que la nationale qui était en charge de leur gestion a été mise en liquidation par l’Etat.

Résultat, les cinéphiles et les réalisateurs et producteurs en pâtissent. En effet la fermeture des salles de ciné ne fait pas que priver les amoureux des salles obscures de lieux de détente mais prive les professionnels du septième art d’un cadre de diffusion au plan national de leurs œuvres. Par ricochet toute l’industrie du cinéma se trouve grippée au grand dam de ses acteurs.

Autres incidents que pourrait occasionner cette situation : imaginez un FESPACO sans salles de ciné, autant surseoir à organiser cette biennale du cinéma de Ouagadougou. La politique actuelle au niveau du cinéma paraît assez contradictoire, parce que pendant que les salles sont en train de se fermer, on encourage la production des films.

En effet, plusieurs réalisateurs sont sur le point ou ont déjà réalisé des films qui, à cette allure, risquent de ne pas être vus par les cinéphiles burkinabè. Les causes de cette débâcle des salles de cinéma du Burkina semblent avoir plusieurs raisons, mais dans tous les cas toutes ces raisons se focalisent sur le manque de lisibilité politique pour se mettre en phase avec les exigences du moment.

L’une des raisons qui pourrait justifier la déconfiture des gérants de salle de cinés c’est le développement des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ainsi la télévision, l’internet, les DVD/VCD diminuent fortement la fréquentation des salles de ciné.

A cela il faut ajouter la prolifération tout azimut des vidéos clubs qui handicapent fortement ces salles. Mais en fait lorsqu’on analyse le mobile de cette attitude des cinéphiles, cela est tout à fait justifié parce que en tant que consommateur rationnel, le cinéphile préfère visionner une nouveauté entre amis avec son DVD que de se rendre dans une salle de ciné pour voir un film qui date d’une décennie. Surtout que les DVD/VCD se vendent comme de petits pains partout au Burkina et de surcroît à des prix très réduits. Dans ces conditions toutes tentatives de sauvegarde des salles de ciné seront vaines.

Défis et perspectives

Fort heureusement les salles du ciné Burkina à Ouagadougou et du ciné Sayon à Bobo vont renaître de leurs cendres. C’est ce qu’a annoncé la ministre de la Culture des Arts et du Tourisme, Aline KOALA le mercredi 06 septembre 2006, après avoir effectué une visite sur le site du ciné Burkina accompagnée par une délégation composée des membres du gouvernement et d’autres personnalités. La ministre s’est engagée à sauver le patrimoine cinématographique. Ainsi Jérôme BOUGMA, ministre du Travail et de la Sécurité sociale a annoncé le rachat de ces deux salles par la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS).

Ces salles pourront donc rouvrir leurs portes avant la tenue de la prochaine édition du FESPACO qui se tiendra en février 2007. Cette mesure de réouverture des deux salles de ciné a été favorablement accueillie parce que la mesure a été longtemps attendue.

Mais en fait il faut avoir le courage de le dire. Cette réouverture ne vaudra rien si les choses se feront comme par le passé et si en plus elle est faite juste pour le temps d’un FESPACO. Il faut qu’un certain nombre de choses soient faites pour accompagner le projet pour une gestion pérenne des salles. La première des choses c’est de trouver des repreneurs pour les autres salles dont celui du ciné Kadiogo à Ouaga, Houet à Bobo, Yadega à Ouahigouya.
Il faut pour cela créer les conditions réglementaires favorables. A ce niveau un travail en tandem doit être fait entre les différents ministères.

En effet, les DVD/VCD qui inondent le marché sont visiblement des produits trafiqués ou contrefaits, il faudrait alors renforcer les mesures de surveillance à ce niveau pour que les produits ne soient plus vendus à vil prix. Ensuite, il faut, permettre aux gérants des salles de ciné de projeter des films qui répondent aux aspirations des clients au lieu de renforcer les mesures de censure.

Ainsi il ne faut pas laisser de côté les productions nationales, permettre une large diffusion des films du pays. A défaut de pouvoir contrôler l’entrée au Burkina des DVD/VCD pourquoi ne pas permettre aux Burkinabè d’avoir sur DVD/VCD les films produits et réalisés ici. Enfin le cinéma étant un peu de la culture burkinabè et les salles de ciné étant leurs voies d’expression pourquoi ne pas prévoir un statut particulier pour ces derniers.

Les propositions sont, en fait, des pistes de recherche de solutions, un appel est lancé au gouvernement sur la nécessité d’inscrire sur son agenda la question du cinéma en général et des salles en particulier. Il se doit aujourd’hui de relever un double défis : sauvegarder les acquis déjà réalisés et promouvoir un cinéma compétitif qui pourrait maintenir le Burkina au rang de carrefour du cinéma africain.

Par S. Daouda

L’Opinion

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