LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Enquête de moralité au sein de l’armée : Une mesure qui vaut son pesant d’or

Publié le mercredi 13 septembre 2006 à 08h07min

PARTAGER :                          

Yéro Boly

"(...) Désormais, à l’appel du contingent, c’est une grande masse de jeunes gens qui déferle sur les centres de recrutement et qui recèle bien souvent en son sein des individus de moralité douteuse dont les motifs sont éloignés du service des armes".

L’amer constat du ministre de la Défense, Yéro Boly, à l’ouverture du CASEM (Conseil d’administration du secteur ministériel) de la Défense, qui avait pour thème "Un recrutement de qualité pour une armée opérationnelle", situe amplement sur la problématique des ressources humaines au sein des Forces armées nationales. Comment corriger les lacunes et insuffisances du mode de sélection en vigueur dans les Forces armées nationales, et définir une stratégie fiable de recrutement ?

Autrement dit, qui peut faire partie de l’Armée, qui n’a pas le droit d’y accéder ? Une question d’autant plus actuelle que son linge sale, quand il a été étalé au grand public, a parfois révélé la sombre image d’une entité ténébreuse, regorgeant de brebis galeuses qui se moquent éperdument de la bonne moralité. Quand ces brebis égarées n’ont pas directement été mêlées à de sales affaires de braquages, leur connivence avec certains bandits a été au moins établie. La volonté affichée de recadrer les choses, c’est-à-dire assainir le secteur, est, de ce fait, à saluer.

Avec un travail de filtrage en amont, on peut espérer aboutir à des résultats de nature à minimiser les dégâts. Une telle mesure, il est vrai, ne constitue pas la panacée absolue. Dans le même souci d’assainissement du secteur, il y a sans doute lieu, pour l’Armée, d’être plus regardante sur les recrutements sur recommandation qui ne lui profitent pas, dans la mesure où ils favorisent l’arrivée de personnes inaptes, aux compétences et à la moralité douteuses.

Assurément, il y a aujourd’hui au sein des Forces armées, comme une nouvelle ère qui s’ouvre. Elle est caractérisée par une ouverture sur le monde extérieur (aux plans national et international) donnant ainsi l’agréable impression que, de plus en plus, l’Armée se débarrasse de l’image de Grande muette énigmatique qui l’a longtemps caractérisée. La trop grande propension à vouloir tout entourer du voile du secret militaire semble désormais appartenir au passé.

Même si l’on admet que certains dossiers doivent relever du secret défense et, par conséquent, ne sont pas à porter sur la place publique. Toujours est-il qu’on sent manifestement une volonté de briser quelque peu les vieux clichés. A travers des formations sur des notions capitales comme la bonne gouvernance, l’Etat de droit, à travers la communication et l’information, mâtinées du souci de transparence, l’Armée est en train de se confectionner une autre image et de se frayer un nouveau chemin. Cela est tout à son honneur.

Reste qu’il y a un aspect pour lequel elle devrait travailler à soigner davantage son image, celui relatif à cette espèce de solidarité dans le mal, manifestée par certains "corps habillés", pour solder leurs comptes à des citoyens avec lesquels un des leurs a parfois eu maille à partir. On est mémoratif de ces descentes musclées dans des quartiers de la capitale pour s’en prendre à des citoyens qui n’avaient que leurs jambes pour s’enfuir.

Peut-être qu’avec la dynamique de modernisation enclenchée par les premiers responsables du département et le nouvel air qui souffle, et dans lequel la formation tient une place de choix, il sera mis fin à ces comportements primaires. Il est clair qu’en intégrant l’Armée dans un processus d’Etat de droit, les chances d’aboutir à une armée véritablement républicaine sont réelles. Cette tendance doit être encouragée et maintenue.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 13 septembre 2006 à 20:51, par Wendlaboumb En réponse à : initiative inquietante sur une préoccupation importante

    Le CASEM du ministère de la défense a placé le recrutement dans sa ligne de mire. Le problème est donc si péoccupant pour mériter cette position. Il faut saluer l’intention. Mais on peut se demander si le problème est bien posé.

    Selon le ministre c’est la crise de l’emploi qui aurait favorisé la proportion inquietante des "cas moraux" dans les rangs. Cette explication est invraissemblable. Tenez ! La BECEAO est une institution tant convoitée par les chercheurs d’emploi que certains cadres de la fonction publique auraient volontiers accepter d’y entrer pour n’importe quel poste. On se bouscule donc aux portes même si les effectifs ne sont pas ceux de l’armée. La crise de l’emploi n’a pourtant pas entrainé une hausse sensible de la proportion des "cas moraux" dans cette institution. Ce qui est en cause c’est manifestement le manque de rigueur dans l’application des règles pourtant éprouvées. L’ambiance nationale clienteliste y est peut-être pour quelque chose. Si on apllique rigoureusement les règles et si chaque responsable hiérarchique s’assume, les "cas moraux" ne peuvent guere tenir trois mois dans les rangs. Comment un officier de gendaremerie (cas de Kaya) peut-il trouver de la marge au sein des FAN pour effectuer des transactions financières avec ses armes sans souci pendant quelques mois ? La gendarmerie est une professionnelle du renseignement et la compétence de ses hommes fait l’unanimité. En d’autres époques dans la même institution, un tel écart de comportement aurait pu être pris en charge avant que la presse ait le temps de s’en saisir.

    Qu’est-ce qui a permis à des actes de ce type d’avoir cette longevité. Si de tels actes ont pu bénéficier d’un silence complice dans l’environnement professionel intime de leurs auteurs comment les mesures d’un CASEM pourraient-elles changer les choses ? N’est-ce pas le sentiment populaire que "ceux qui déconnent ont des couvertures épaisses" qui engendre ce silence coupable ? Ce silence complice dont nous sommes tous responsables n’est-il pas la cause partielle des succès mitigés observés dans la lutte contre l’insécurité ? Le minsitre est sans doute de bonne foi. Sur combien de "camarades de lutte" peut-il compter pour nettoyer la maison avant l’arrivée des futures recrues soumises au "détecteur de cas moraux" envisagé. Sa foi suffira-t-elle à assainir l’armée d’une société où la morale agonisait depuis quelques années ?

    Homme intègre réveille-toi !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique