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Sommet de la Havane : Pays déroutés ou non alignés ?

Publié le mercredi 13 septembre 2006 à 07h46min

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Cuba fait encore l’actualité. Cette fois, ce n’est pas l’opposition qu’on y accule de nouveau jusque dans ces derniers retranchements ; ce n’est pas non plus la maladie de son célèbre leader maximo, Fidel Castro, qui attire les caméras du monde entier, même si ses opposants, basés pour la plupart en Floride aux Etats-Unis, ont les yeux et les oreilles grandement ouverts, attendant la "bonne nouvelle" de sa mort...

Il s’agit, pour ce coup-ci, d’une manifestation d’envergure internationale : l’organisation d’un sommet des non-alignés, le 14e du genre, qui s’y tient du 11 au 16 septembre 2006.

Cette rencontre se déroule dans un contexte particulier marqué par des tensions régionales (au Proche-Orient), la célébration du 5e anniversaire des attentats spectaculaires du 11 septembre 2001 par les Américains et leur président, Georges W. Bush en tête, qui, depuis, a déclenché une guerre aveugle contre le terrorisme, même si c’est vrai que ces derniers temps, lorsqu’on évoque la vie à Cuba, c’est pour parler de la maladie de Fidel Castro, qui a subi une intervention chirurgicale le 31 juillet dernier, à quelques jours de son 80e anniversaire.

Officiellement, son frère Raul, qui gère momentanément le pouvoir, doit accueillir la cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement participant aux travaux. Le Mouvement des non-alignés (MNA) est-il toujours une réalité ou est-ce un mythe dans le cadre duquel nos dirigeants vont encore s’égosiller en dénonçant en des termes violents les méfaits de la colonisation et le commerce inéquitable, lequel a fini de plomber les ailes de nos fragiles économies ? Un petit rappel historique situe la naissance de ce Mouvement dit des non-alignés après la seconde guerre mondiale :

la formation et la consolidation du camp socialiste suite à la défaite du fascisme à la fin du 2e grand conflit mondial (1939-1945), l’effondrement des empires coloniaux, l’essor d’un monde bipolaire (avec les Etats-Unis d’un côté, l’URSS de l’autre) et l’émergence de deux blocs militaires antagoniques (l’OTAN et le Pacte de Varsovie) ont engendré une nouvelle configuration de l’échiquier international, chose qui a favorisé la création, dans les pays du Sud, de forums de concertation multilatérale.

C’est dans ce contexte que les pays sous-développés, pour la plupart d’Asie et d’Afrique, ont senti la nécessité de coordonner leurs efforts pour défendre leurs intérêts, consolider leur indépendance et assurer leur souveraineté.

En vue de débattre et de mettre au point une stratégie cohérente avec ces objectifs, vingt-neuf chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent à Bandoung, en Indonésie, en avril 1955 dans le cadre de la Conférence afro-asiatique avec, comme objectif, d’identifier et d’évaluer les problèmes mondiaux d’alors et de mettre en place des politiques pour y faire face.

Le président Yougoslave de l’époque, le Maréchal Josip-Broz Tito, avait, à l’occasion, proposé une "troisième voie" aux pays du tiers monde pour leur éviter de s’aligner sur l’Est ou l’Ouest. Mais depuis, la guerre froide a pris fin, l’opposition Est/Ouest n’existe plus, le monde pipolaire est devenu unipolaire avec, comme principal gendarme, l’Oncle Sam, seul maître à bord, qui dicte sa loi, fait et défait les régimes, classe des Etats, qu’il voue aux gémonies, dans "l’axe du mal", ferme les yeux et bénit les injustices des Israéliens au Proche-Orient et nous en oublions. Bref, les Américains régentent le monde au gré de leurs seuls intérêts géo-stratégiques nationaux.

La situation internationale actuelle est de plus en plus préoccupante pour les pays non alignés, car leurs problèmes, loin de s’amoindrir, ne cessent de s’aggraver de manière exponentielle.

L’unipolarité, l’hégémonisme dans les relations internationales et la mondialisation néo-libérale obligent les pays du Sud à resserrer les rangs pour espérer influer sur les événements mondiaux. Aussi, se rencontrer pour parler de non-alignement était eux une question de survie.

Mais à continuer à de participer à ce genre de rencontres, les non-alignés, qui ne semblent plus poursuivre aucun objectif clair, risquent d’être déroutés. Et ce ne serait pas étonnant, car épiloguer sur le sexe des anges, à un moment où le non-alignement n’a plus de sens ni droit de cité, semble être de trop, car, disons-le tout net, présentement, ce mouvement n’a plus de raison d’être et il serait plus qu’impérieux qu’il revoie ses objectifs et ses moyens d’action. De nos jours, ce non-alignement sonne comme une grande foire, dont le folklore le dispute aux actions novatrices pour aller au développement.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur

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