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7 ans après sa naissance : L’Union africaine toujours à la recherche de ses marques

Publié le mardi 12 septembre 2006 à 08h00min

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Blaise Compaoré et Kadhafi

Il a été célébré le 9 septembre 2006 à Syrte le 7e anniversaire de la déclaration sur la naissance de l’Union africaine. La cérémonie commémorative y relative, à laquelle a pris part le président du Faso, Blaise Compaoré, aux côtés d’une quinzaine de ses pairs africains, a été plutôt un mini-sommet sur le conflit soudanais. C’est ce qu’on peut dire vu les discours contradictoires qui l’ont marquée.

Complexe des salles de Ouagadougou. Un grand cadre de rencontres à Syrte (du nom de la capitale burkinabè, en souvenir de la violation de l’embargo imposé à la Libye par l’Occident, décidée à l’issue du sommet de l’OUA de Ouagadougou en 1998). C’est là qu’a été faite le 9 septembre 1999 la déclaration de naissance de l’Union africaine.

Le 9 septembre 2006, cela faisait donc la 7e année, jour pour jour, de l’avènement de cette décision importante qui, prise par 43 chefs d’Etat réunis en sommet extraordinaire à Syrte, sous la houlette du numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, a marqué un nouveau départ pour le continent africain. Une trentaine de pays, dont une quinzaine représentés par leur chef d’Etat, se sont encore retrouvés à Syrte, au bord des eaux méditerranéennes, pour célébrer le 7e anniversaire de la naissance de l’UA.

Devant un gâteau géant en forme du Livre Vert de la révolution libyenne. Pour la circonstance, des fils de leaders panafricanistes, notamment de Julius Nyéréré de la Tanzanie, de Patrice Lumumba de la RDC, de Gamal Abdel Nasser de l’Egypte..., ont été invités. A ceux-là, il faut ajouter une vingtaine de troupe artistique dont quatre pour le Burkina, à savoir Warba de Mogtédo, Nelson Mandela du Yagha, Nikièta du Mouhoun et Guiguia du Houet.

Comme le 9.9.99, c’est le complexe des salles de Ouagadougou qui a servi de cadre aux festivités. Mais, il faut d’emblée dire que cette fête, à en juger par les discours prononcés à l’occasion de la cérémonie commémorative, onze au total, s’est vite transformée en un mini-sommet sur le conflit fratricide du Darfour. En effet, comme il fallait s’y attendre, le président soudanais, Oumar El-Béchir, invité à intervenir, a dit haut et fort son opposition à la suppléation de la mission de maintien de la paix de l’Union africaine par des forces de l’Organisation des Nations unies.

Estimant que les 7000 soldats africains accomplissent pleinement leur mission dans le Darfour, en dépit du manque de moyens, il ne voit pas l’opportunité d’envoi d’un contingent onusien dans son pays. Le président de la Commission africaine de l’UA, Alpha Omar Konaré, lui, ne disconvient pas que l’Afrique doit résoudre elle-même les conflits qui la déchirent.

Toutefois, il pense qu’au lieu de 95% d’appui extérieur pour le soutien des forces africaines de maintien de paix, aussi bien financier que logistique, l’Afrique doit se doter elle-même des ressources nécessaires à la résolution de ses propres problèmes. Il ne faut pas, a-t-il martelé, que l’UA abdique devant ses responsabilités. Si l’UA, a-t-il indiqué, n’est pas capable d’assumer ses responsabilités et qu’il y a des massacres des populations, il ne faut pas se voiler la face, "Les Nations unies ont le droit d’intervenir au Soudan et dans n’importe quel pays confronté à un conflit meurtrier".

Le leader de la Grande Jamahiya libyenne, le colonel Kadhafi, à son tour, comme s’il n’a rien capté du discours d’Alpha Oumar Konaré, n’a fait qu’emboucher la même trompette que l’enturbanné du Soudan. Pour le numéro un libyen, les contingents de l’ONU ont une très mauvaise réputation. Ce sont des mercenaires, a-t-il dit, qui souhaitent qu’il y ait des tensions tous les jours sur notre continent pour pouvoir monter des projets d’exploitation de nos peuples. Pour lui, le Conseil de sécurité n’est ni moins ni plus qu’un conseil de la terreur. De son point de vue, ce sont des larmes de crocodile que cette organisation verse sur le Darfour.

Bref, ce sont des discours contradictoires qui ont marqué la célébration du 7e anniversaire de la déclaration de la naissance de l’Union africaine. Preuve que les leaders africains, malgré l’expression de leur volonté dans les discours, sont encore incapables de trouver un consensus, même sur des problèmes qui coûtent des vies comme celui du Darfour. De toutes les façons, tant que ce ambitieux projet d’Etats-Unis d’Afrique reposera sur les seules épaules de son chantre d’aujourd’hui, Mouammar Kadhafi, il faut reconnaître qu’il demeurera une chimère.

Hamidou Ouédraogo
Ouaga-Syrte-Ouaga

L’Observateur

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